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Macbeth, critique

posté le 17/11/2015

Après une présentation qui a divisé à Cannes, la nouvelle adaptation de Macbeth arrive dans les salles. L’occasion de replonger dans l’oeuvre de Shakespeare, toujours aussi tragique et fascinante menée par deux acteurs impressionnants.

Shakespeare au cinéma, c’est presque une histoire d’amour. Directement ou indirectement, son influence s’est fait sentir sur de nombreuses Å“uvres et, à ce titre, Macbeth reste bien l’une des plus grandes tragédies de tous les temps qui, par ses thèmes et sa violence, reste toujours d’actualité. Et si l’on se rappelle bien de l’adaptation de l’oeuvre par Orson Welles, cette nouvelle version par le réalisateur australien Justin Kurzel (à qui l’on doit déjà le très difficile les Crimes de Snowtown) ne démérite pas, bien au contraire.

L’histoire de Macbeth, même inconsciemment, tout le monde la connait, celle d’un homme qui tue pour devenir roi et va continuer pour rester sur son trône, jusqu’à la folie alors que sa femme, au départ attirée par le pouvoir sera envahie par la culpabilité. Des thèmes et personnages qui restent toujours emprunts de modernité malgré les 400 ans de la pièce. Reprenant directement les dialogues intouchables de Shakespeare que l’on ne pourra critiquer tant ils sont toujours passionnants à lire et relire, trouvant toujours de nouvelles significations et une nouvelle intensité, c’est donc du côté de la mise en scène et des acteurs que l’on se penchera.

Et côté mise en scène, Kurzel impose sa patte dès le début du film avec des images impressionnantes et d’une intensité folle, osant à la fois le minimalisme et la puissance des images. Minimalisme par des décors où rien n’est ajouté sinon le strict nécessaire et la puissance avec un choix de cadre et d’insistance sur les images fortes. Ainsi la bataille ouvrant le film dans la brume nous plonge d’emblée dans le bain puis nous verrons donc les personnages imposer leur charisme à l’écran à chaque image. A la fois épique et intimiste, le réalisateur arrive à évoquer toute la dramaturgie tellurique de Shakespeare.

Ici, la divination des sorcières semble bien venir de forces antiques et la malédiction parcoure tout le film dans une ambiance mystique qui nous rappelle bien le Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn, jusqu’au grand duel final sur fond de brume rougeoyante. Les images sont brutes, sublimes et prenantes, au risque de perdre certains spectateurs dans une certaine pose et un rythme différent de tout film classique.

Mais le réalisateur arrive également à sublimer des comédiens au plus au niveau d’intensité et à la hauteur des dialogues et personnages complexes de Shakespeare qui pourraient être ridicule si il étaient interprétés par des acteurs sans talent. Michael Fassbender est ainsi impressionnant dans le rôle titre, en prise avec une folie progressive, une paranoïa et une soif de pouvoir qui ne font que s’amplifier. Face à lui, si la fin de Lady Macbeth n’est pas forcément celle attendue (ce qui pourra nous déconcerter), Marion Cotillard campe à merveille l’ambition et la fragilité de cette femme rongée à mort par la culpabilité.

Cette nouvelle adaptation radicale de Macbeth pourra donc déconcerter mais elle reste une oeuvre puissante qui sublime l’imaginaire et les dialogues uniques et dramatiques de Shakespeare avec talent et une véritable intensité.

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