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Love & Mercy, critique

posté le 21/07/2015

L’Ă©tĂ© et la plage, les conditions idĂ©ales pour redĂ©couvrir deux pĂ©riodes de la vie du leader des Beach Boys, Brian Wilson dans Love & Mercy. Un biopic dĂ©sĂ©quilibrĂ© et qui aurait pu aller plus loin mais se rĂ©vèle dĂ©jĂ  très intĂ©ressant sur la crĂ©ation artistique et les problèmes psychologiques.

Si la guerre qui opposait les Beatles et les Rolling Stones dĂ©frayait rĂ©gulièrement la chronique, on oubliait parfois qu’un autre groupe, de l’autre cĂ´tĂ© des USA, s’Ă©tait engagĂ© dans la course Ă  la crĂ©ativitĂ© pop et Ă©tait lui aussi source d’inspiration autant qu’inspirĂ© par ces compères : les Beach Boys et surtout leur leader Brian Wilson. Avec la sortie de Pet Sounds très largement supervisĂ© par Wilson, ils Ă©taient entrĂ©s d’un seul coup dans la court des grands (c’est après tout l’album qui a influencĂ© les Beatles pour Sergent Pepper). Il Ă©tait donc bien naturel de voir enfin un biopic dĂ©barquer au cinĂ©ma et c’est maintenant chose faite avec Love & Mercy qui s’intĂ©reresse Ă  2 pĂ©riodes marquantes de la vie de Brian Wilson.

Car habituellement, dans un biopic, le chemin est tout tracĂ©. Trauma de l’enfance, volontĂ© farouche, dĂ©buts en fanfare ou laborieux, gloire, dĂ©chĂ©ance et come-back, voilĂ  les Ă©tapes de toute carrière racontĂ©e plus ou moins brillamment au cinĂ©ma ou en tĂ©lĂ©film (dans le genre, les meilleurs restant Walk the Line et Cloclo). Mais parfois certains s’Ă©loigne de ce schĂ©ma pour s’intĂ©resser Ă  un aspect particulier de la vie de la star, Ă  une pĂ©riode normalement passionnante reprĂ©sentant tout l’esprit de la personne. Toutefois, cette approche se rĂ©vèle souvent sans grand intĂ©rĂŞt, restant très anecdotique (My Week with Marilyn par exemple). Et enfin, il y a les concept plus audacieux qui sortent complètement des sentiers battus comme le I’m not there de Todd Haynes sur Bob Dylan. Pour son biopic sur Brian Wilson, Bill Pohlad (producteur de Brockeback Moutain, Into the Wild ou 12 Years a Slave passant directement derrière la camĂ©ra), choisit une voie entre ces 2 dernière en s’intĂ©ressant Ă  deux pĂ©riodes particulières de la vie de Brian Wilson avec 2 acteurs pour l’incarner.

La première pĂ©riode choisie est celle de la crĂ©ation de Pet Sounds ou Paul Dano s’empare du rĂ´le et explore toute la thĂ©matique de la crĂ©ativitĂ©, du besoin de faire ressortir toutes ses Ă©motions Ă  travers la musique. Toutes les anecdotes sont lĂ , de ses brouilles avec son cousin qui n’Ă©tait pas d’accord avec certaines paroles jusqu’au succès de Good Vibrations, sans oublier le dĂ©but de l’usage des drogues et les problèmes relationnels avec le père. Il s’agit d’une partie assez dense et remplie d’informations et d’une vision passionnante sur ce besoin de crĂ©ation. Dans la seconde partie, se dĂ©roulant des annĂ©es plus tard, c’est John Cusack qui reprend le rĂ´le de Brian Wilson psychologiquement affaiblit et sous l’emprise de son mĂ©decin alors qu’il tombe amoureux de la douce Melinda Ledbetter. Ici  il sera alors plus question d’amour et de problèmes psychologiques.

SĂ©parĂ©ment, les 2 parties sont très intĂ©ressantes et montrent bien tous les aspects de la vie difficile de ce leader Ă  la crĂ©ativitĂ© maladive. Cependant, avec leur montage en parallèle, elles perdent un peu de leur puissance et c’est bien dommage car elle donnent alors la sensation d’un dĂ©sĂ©quilibre et que le film hĂ©site sur ce qu’il cherche avant tout Ă  raconter. Alors que tout est parfaitement documentĂ© et que les acteurs sont impeccables, on se dit qu’il manque un petit quelque chose pour que cela se tienne complètement.

Il faut aussi dire que la rĂ©alisation très propre et sobre ne va pas faire beaucoup  d’Ă©clats. Alors que l’on parle de crĂ©ativitĂ©, de drogue (c’est sous-entendu et on ne le voit pas vraiment de manière très explicite) et de prise de mĂ©dicaments qui altèrent la perception de Wilson, le film manque peut-ĂŞtre justement de ce cĂ´tĂ© psychĂ©dĂ©lique de l’Ă©poque qui aurait justement pu lier les deux histoires et en mĂŞme temps apporter du rythme et de la personnalitĂ©, de l’originalitĂ© au film et qui aurait tout Ă  fait pu rendre hommage au formidable enregistrement de Pet Sounds (assurĂ©ment le moment le plus passionnant du film).

Il n’en reste pas moins que ce Love & Mercy est un bel hommage Ă  la personnalitĂ© et Ă  la crĂ©ativitĂ© de Brian Wilson qui a grandement influencĂ© la musique pop et un film très intĂ©ressant Ă  explorer dont on ressort avec la simple envie de rĂ©Ă©couter Pet Sounds en boucle.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 28/07/2015 Ă  18:46 | #1

    Un beau et bon film, ça manque juste d’un peu plus de « Beach Boys »