Accueil > Cinéma, Critiques ciné > Imitation Game, critique

Imitation Game, critique

posté le 22/01/2015

Un sujet historique et secret, un acteur impliquĂ© dans un rĂ´le difficile, il n’en faut pas plus pour parler d’Imitation Game pour les Oscars et ce, malgrĂ© son grand manque de personnalitĂ© et son formatage pour la cĂ©rĂ©monie … les Weinstein ne s’y sont pas trompĂ©s et s’occupent de la sortie du film aux USA.

Après le triomphe aux Oscars du Discours d’un Roi en 2011, les Weinstein ont trouvĂ© leur nouveau poulain pour obtenir une statuette dorĂ©e en fĂ©vrier. On replonge en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale pour s’intĂ©resser Ă  un personnage mĂ©connu qui a pourtant changer le cours de l’histoire. Et en plus ce personnage Ă  quelques problèmes personnels. Ajoutez Ă  cela un rĂ©alisateur tout entier au service de son histoire (comprenez par lĂ  qu’il est complètement transparent et lisse) mais qui vient du grand Nord (Morten Tyldum qui avait rĂ©alisĂ© le caustique Head Hunters) et une plĂ©iade d’acteurs hype dans les premiers et seconds rĂ´les et vous avez bien tous les ingrĂ©dients du produit formatĂ© pour les rĂ©compenses … mais maintenant la mĂ©thode se voit quand mĂŞme beaucoup.

Pour l’histoire, nous nous intĂ©ressons donc Ă  Alan Turing, mathĂ©maticien, cryptologue qui a rĂ©ussi Ă  dĂ©crypter la fameuse machine Enigma qui permettait aux allemands de communiquer pendant la seconde guerre mondiale. Un fait restĂ© secret afin de pouvoir gagner la guerre mais qui a permis Ă©galement d’incroyables avancĂ©es dans le domaine de l’informatique. Bref, nous avons lĂ  un portrait d’un homme brillant bien que connaissant quelques problèmes psychologiques et identitaires (Ă  la limite de l’autisme, homosexualitĂ©) qui connaĂ®tra un destin tragique sur lequel toute la vĂ©ritĂ© ne sera faite que lors de lorsque la reine Elizabeth II le graciera Ă  titre posthume en 2013.

Le contexte historique est passionnant, les sujets (dĂ©cryptage d’Enigma, l’homosexualitĂ© pendant cette pĂ©riode, l’espionnage) fascinants. Mais malheureusement cela ne suffira pas pour alimenter un scĂ©nario qui aurait un peu de relief. Car si Imitation Game dĂ©bute sur une tirade nous invitant Ă  bien prĂŞter attention Ă  tous les Ă©lĂ©ments qui vont ĂŞtre racontĂ©, il n’y a en fait pas besoin de beaucoup rĂ©flĂ©chir tant tout est expliquĂ© de manière très pĂ©dagogique pour que tout le monde puisse tout comprendre (avec des sauts dans le temps avec un interrogatoire qui sont particulièrement inutiles). Ce qui incitait donc Ă  l’attention totale se rĂ©vèle donc très vite inutile et dessert mĂŞme le film car si on pensait alors s’embarquer dans un jeu d’Ă©nigmes ou un thriller d’espionnage, on en sera très loin.

D’autant plus que l’histoire se rĂ©vèle particulièrement lisse en sans grandes embĂ»ches. Avec la rĂ©alisation plus que transparente (qui nous rappelle Ă  travers de courtes sĂ©quences assez laide que le film se passe pendant la guerre et qu’il y a des morts … des fois qu’on ai oubliĂ©) de Tyldum. Et finalement, le sujet qui aurait Ă©tĂ© le plus intĂ©ressant, Ă  la fois Ă©motionnellement et politiquement, n’est Ă©voquĂ© qu’Ă  travers une scène touchante et un carton juste avant le gĂ©nĂ©rique de fin alors que l’on attendait justement d’en savoir plus sur sa condamnation. Aucune polĂ©mique ou atteinte au gouvernement, on restera en permanence très en surface afin de glorifier tout le monde et ne froisser personne, restant le plus consensuel possible afin d’avoir une statuette.

Qu’y a-t-il donc Ă  tirer de cet Imitation Game sans grande folie ? Et bien il faut tout de mĂŞme accorder au film son sujet qui reste intĂ©ressant et 2h qui passent plutĂ´t vite. Mais surtout, le film ne serait rien sans un Benedict Cumberbatch comme souvent brillant, tirant le film vers le haut Ă  lui tout seul mĂŞme si parfois cela peut sembler clichĂ©. Et on peut ĂŞtre sĂ»r que si le film a du succès, c’est bien parce que le talentueux comĂ©dien est en pleine hype. Il fera d’ailleurs mĂŞme de l’ombre aux seconds rĂ´les dispensables jouĂ©s par Keira Knightley, Mark Strong, Matthew Goode ou Charles Dance.

Imitation Game est donc effectivement un film qui imite certains de ses prĂ©dĂ©cesseurs pour accĂ©der aux cĂ©rĂ©monies de rĂ©compenses, quitte Ă  n’avoir aucune personnalitĂ© dans son rapport Ă  l’histoire, au personnage et Ă  la rĂ©alisation. Il en ressort alors un petit drame plaisant mais trop consensuel pour y attacher vraiment de l’importance.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. Pas encore de commentaire