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Culte du dimanche : Soleil Vert de Richard Fleischer

posté le 25/01/2015

Avec une ressortie en version restaurée mercredi, il était bien temps de se pencher sur l’un des films de SF les plus pessimistes du cinéma américain, le fameux Soleil Vert.

La décennie 65-75 a vu apparaître au cinéma de nombreux films de science-fiction ou d’anticipation, reflet d’une société en plein changement. C’est au début de cette période que sort le roman Make Room! Make Room! de Harry Harrison décrivant une société futuriste surpeuplée, affamée. C’est donc naturellement qu’Hollywood va s’en emparer pour en sortir un film 10 ans plus tard, mis en scène par Richard Fleischer, réalisateur prolifique et éclectique (il s’était notamment illustré sur l’excellent film noir l’Étrangleur de Boston, mais aussi sur le film de guerre avec Tora! Tora! Tora! ou déjà dans la SF avec le Voyage Fantastique).

Le film prend alors place en 2022 dans un New-York surpeuplé. Les personnes y sont presque parquée et vivent de rations produites de manière totalement artificielle par la société Soylent (Soleil en vf) puisqu’il n’y a pas suffisamment de nourriture et d’eau pour tous et la nature n’a plus sa place. Evidemment, il y a dans cette société une classe plus aisée, vivant dans des appartements de luxe où même les femmes sont traitées comme du mobilier. Une vision donc assez noire de l’évolution de notre société au moment où les questions de surpopulation, libération de la société et des mÅ“urs et d’écologie commencent à voir le jour dans les débats politiques des années 70.

C’est dans ce contexte que l’un des responsable de Soylent est retrouvé assassiné dans son appartement. Alors le policier Thorn va enquêter pour retrouver le responsable, mais il pourrait bien découvrir l’un des secrets les plus horribles que l’on ait pu voir. Un secret  dont la révélation dans la dernière partie du film en fait l’un des retournements de situation les plus choquants de la science-fiction.

Devant la noirceur du film, Richard Fleischer ne va pas chercher à faire d’esbroufe du côté de la réalisation. Il se contente de mettre sa caméra au service de l’histoire, de l’enquête de Thorn de manière naturelle pour faire ressortir le contexte difficile et la brutalité de ce monde futur particulièrement sombre et violent où des personnes peuvent être repoussées par des tractopelles. Il nous fait alors ressentir l’oppression de la population et en profite pour critiquer la société de ce moment là, que ce soit par les préoccupations écologiques mais aussi par exemple la place (ici assez choquante) des femmes. Et il montre jusqu’où certains pourraient aller pour sauvegarder l’espèce humaine, prête à dévorer ses semblables sans le savoir.

Au milieu de tout cela, il y a également le personnage de Thorn campé par un Charlton Heston qui n’en finit pas d’incarner des rôles importants dans le cinéma de science-fiction visionnaire (il sort notamment de la Planète des Singes et de Le Survivant). Son enquête permet à ce personnage de comprendre petit à petit toutes les failles de ce système et de prendre conscience de tout le mal qui est fait à cette humanité. Il est un point d’entrée facile pour le spectateur puisque nous apprenons tout ce qu’il se passe en même temps que lui.

Le film, choquant et dont la révélation reste dans toutes les mémoires et sera régulièrement citée dans d’autres films de SF à l’avenir (notamment Cloud Atlas), est alors un véritable succès en salles qui se montre encore aujourd’hui assez visionnaire. Son discours est toujours aussi violent vis-à-vis de l’humanité et , si nous n’en sommes pas encore arrivés à ce point, on espère bien que cela n’arrivera jamais.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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