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Crimson Peak, critique

posté le 10/10/2015

Après le blockbuster Pacific Rim, Guillermo Del Toro revient à l’horreur plus intime avec Crimson Peak. Un véritable chef d’oeuvre de romantisme gothique et horrifique nourri par le réalisateur et ses influences. Magnifique.

Il aura fallu attendre longtemps pour Guillermo Del Toro avant de voir ce Crimson Peak se concrétiser. Alors qu’il tient son histoire depuis la fin du Labyrinthe de Pan, il a repoussé le film pour se consacrer à Hellboy II puis la production tumultueuse du Hobbit. Mais une fois Pacific Rim terminé, ses producteurs lui demandent quel film il souhaiterai ensuite mettre en scène. C’est alors que cette histoire d’horreur resurgit. On a l’habitude de diviser l’oeuvre de Del Toro en 2 parties distinctes avec d’un côté ses films d’horreur intimistes hispaniques (comme l’Échine du Diable ou le Labyrinthe Pan) et de l’autre les blockbusters hollywoodiens (Blade II, Hellboy ou Pacific Rim) mais finalement rien n’est plus faux tant tous ses films possèdent une patte d’auteur affirmé et de metteur en scène talentueux et efficace et Crimson Peak va bien le prouver.

Pour l’occasion il plonge dans le contexte de la fin du XIXe siècle. L’Amérique connait son essor alors que l’Angleterre s’essouffle. Une jeune romancière américaine tombe justement amoureuse d’un jeune aristocrate anglais et part vivre avec lui dans sa vieille bâtisse familiale tenue par sa sÅ“ur en pleine campagne, mais rapidement la situation se dégrade car la demeure va commencer à révéler ses secrets.

Reprenant les codes des grands films romanesques avec leurs héroïnes à grandes robes et en demande d’amour et leurs histoire de familles et de mariages arrangés pour les affaires. Il les mélange habilement avec les codes des films d’horreur gothiques à l’ancienne pour aboutir à un film à la fois influencé et en même temps unique, portant formidablement la patte de son auteur. Car chez Guillermo Del Toro, si au fond la trame peut sembler prévisible, elle n’en reste pas moins fascinante et mise en scène avec une sincérité et une efficacité folle.

Ainsi, comme dans tous les films de Del Toro, si fantômes effrayants il y a, ils ne sont pas le cÅ“ur du récit mais l’un des éléments permettant à l’héroïne d’avancer et de se révéler (comme l’auteur le dit au début du film, ce n’est pas une histoire de fantôme mais une histoire avec des fantômes). Plus proche en cela de l’esprit de l’Échine du Diable, Del Toro nous offre des esprits torturés qui vont surtout mettre en lumière le mal présent dans cette maison à travers la relation ambiguë qu’entretienne le frère et la sÅ“ur Sharpe. L’auteur parle ici de l’amour sous toutes ses formes et des autre sentiments qu’il engendre avec des personnages complexes et torturés magnifiquement campés par les comédiens. Si Mia Wasikowska prête ainsi son apparence innocente à la frêle Edith Cushing qui se révélera dans la dernière partie, Tom Hiddleston est parfait en amoureux torturé alors que Jessica Chastain est formidable de morbide ambiguïté. Le film se construit ainsi très fortement sur ses personnages humains avec leurs failles et leurs moments d’héroïsme et même les plus sombres d’entre eux se révèlent finalement émouvants.

Del Toro profite de son histoire et de ses personnages fascinants pour nous plonger encore une fois dans un univers graphique parfaitement maîtrisé et très abouti dont le centre est cette fameuse maison bâtie sur une carrière d’argile rouge qui viendra faire saigner la neige en plein hiver. Un décor unique qui est sans conteste un personnage à part entière de l’histoire. La maison et ses habitants forment un tout presque indissociable. Ce formidable décor permet à Del Toro de nous offrir quelques séquences angoissantes avec notre héroïne parcourant les couloirs peuplés d’esprits mais aussi de magnifiques tableaux mélancoliques lorsque les feuille de l’automne tombent au milieu du hall en décrépitude. Le film développe ainsi une imagerie fantastique tout simplement sublime appuyée par la formidable partition romanesque du compositeur Fernando Velasquez.

Aussi magnifique que magnétique avec son sublime décor (l’un des plus beaux que l’on ai vu au cinéma ces dernières années) et ses personnages complexe et son imagerie romanesque angoissante, Crimson Peak est donc un très grand film de Guillermo Del Toro, un véritable chef d’oeuvre gothique parlant d’amours contrariées et assurément l’un des plus grands films de l’année.

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