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Avril et le Monde Truqué, critique

posté le 30/10/2015

En France aussi on fait de bons films d’animation originaux et Avril et le Monde Truqué en est une belle preuve. Petit coup de coeur steampunk à l’ancienne qui fait bien plaisir à voir.

L’univers de Tardi ne cesse d’inspirer les créateurs, que ce soit dans la bande-dessinée ou l’animation. C’est en pensant à lui que Benjamin Legrand a commencé à développer l’histoire d’Avril et le Monde Truqué, une uchronie qui nous envoie dans les année 40 dans lesquelles Napoléon V dirige l’empire français d’une main de fer et où des savant ont été kidnappés par une mystérieuse organisation, laissant le monde au stade de la machine à vapeur. L’auteur, avec l’appui du célèbre créateur mai aussi les réalisateurs Franck Ekinci et Christian Desmares va alors nous remarquer dans une aventure originale entre Adèle Blanc-Sec, Blake et Mortimer et le Maître du Haut Château avec nombre de références et blagues qui raviront les adultes tout en étant très intelligemment accessible aux enfants.

Le film commence d’emblée en nous décrivant comme le monde a dérivé d’un seul coup pour devenir un monde steampunk où 2 Tour Eiffel ont été construites, où une statue de Napoleon V domine Paris et où les trajets Paris-Berlin se font en téléphérique géant à vapeur. C’est bien étonnant de voir cet univers prendre vie dans un film français et même temps cela nous rappelle que la littérature fantastique française était faite de cela depuis Jules Verne et appartient donc clairement à notre culture. Il n’est donc que justice que des animateurs français y reviennent enfin pour le grand écran.

Avec un univers aussi riche et intéressant parfaitement adapté à la ligne claire de Tardi, il faut évidemment une histoire et des personnages. Et de ce côté, c’est aussi réussi. On s’attache rapidement à la jeune Avril orpheline et à son chat qui parle, poursuivis par une étrange organisation suite à l’invention d’un sérum très précieux. Alors bien entendu, certains événements dans cette poursuite pourront parfois être prévisibles, mais l’ensemble est terriblement attachant, d’autant plus que les thèmes qui y sont développés (la course à la technologie, l’écologie, la lutte des peuples, ..) sont assez riches sans être trop appuyés, conférant alors au récit une véritable profondeur, amplifiée par les sentiments des différents personnages.

Mais Avril et le Monde Truqué, avec son monde assez sombre et ses thèmes parfois complexes n’oublie pas de parler à tous les publics, notamment grâce  son chat qui parle pour les enfants, sa petite histoire d’amour contrariée adolescentes et ses répliques et références (Dr Who, le Château Ambulant, …) qui raviront les adultes, le tout s’articulant parfaitement, sans jamais être trop léger ou trop lourd.

Alors bien entendu, à l’heure où beaucoup de films d’animation sont développés en images de synthèse, il faudra s’adapter au style de dessin d’Avril et le Monde Truqué, très respectueux de la ligne de Tardi, mais force est de reconnaître que cela correspondant parfaitement à l’univers et au ton développé par le film, à la fois dans la tradition mais avec cette touche contemporaine qui ancre tout de même le film dans notre actualité.

Avril et le Monde Truqué est ainsi une petite réussite française en animation steampunk qui vaut bien le coup d’être découverte au cinéma et le festival d’Annecy ne s’y est pas trompé en lui donnant la récompense suprême cette année, tout à fait justifiée.

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