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True Detective, saison 1 – critique

posté le 25/03/2014

En 8 épisodes, True Detective, la série policière de HBO a secoué le genre autant que les téléspectateurs. Retour sur une première saison qui a tenu toutes ses promesses.

Le concept n’est pas nouveau. Deux flics enquêtent sur un meurtre particulièrement macabre dans une Louisiane encore traumatisée. Et pourtant, avec ce format d’anthologie (chaque courte saison aura sa propre histoire et ses propres personnages), l’auteur Nic Pizzolatto et le réalisateur Cary Joji Fukunaga (Sin Nombre) nous plongent comme rarement il a été donné de le faire, dans une affaire glauque, passionnante, aux accents mystiques, qui surprend à chaque instant, à la fois par son ambiance, sa narration et ses personnages.

Le  premier épisode impose ainsi d’emblée une ambiance poisseuse et un certain malaise dans ce qu’entretiennent les personnages. Ainsi, si il nous sont présentés comme n’importe quel duo de flics, on comprend d’emblée que, non seulement ils ne seront pas là pour rire, mais en plus leur caractère et leurs actes font qu’il devront se taper dessus à un certain moment.
De manière audacieuse, la série navigue également dès le départ sur une double temporalité, la première se déroulant de nos jours alors que les inspecteurs sont interrogés séparément par la police, la seconde racontant leur enquête dans les années 90. Le second épisode permettra quand à lui d’approfondir les deux personnages interprétés de manière magistrale par Matthew McConaughey (qui produit également le show confirme encore une fois sa renaissance artistique dans le rôle du perturbé Rust Cohle) et Woody Harrelson. Alors la relation entre les deux risque bien à un moment de faire des étincelles et l’on se dit que cette enquête pourra être fatale.

Après cette mise en place, le rythme commence alors à prendre, les fausses pistes menant à d’autres indices toujours plus glauques et perturbants pour la santé mentale de Rust. Jusqu’au grand tournant qu’est l’haletant 4e épisode dont le plan-séquence final est déjà entré dans toutes les mémoires. Alors de simple enquête, la série bouscule carrément le genre avec une mise en scène qui se révèle fusionnelle avec le récit. Elle commence d’ailleurs à mêler les différents sous-genres du policier, abordant autant l’enquête sur un meurtre aux allures cabalistique que l’infiltration dans un trafic de drogue. Et cet épisode central sera suivi d’un autre qui nous permettra de douter de l’un des personnages.

Et les surprises ne vont pas s’arrêter là car pour conclure cette enquête, le mode de narration va évoluer pour faire éclater la vérité, mais surtout pour faire éclater les personnages qui vont se révéler ambigus. Car c’est là qu’est le cÅ“ur de True Detective. L’enquête à beau être parfois obscure, confuse, c’est avant tout aux deux flics que l’on s’intéresse, à leur passé, à leur relation, à leurs rapports avec les autres et avec l’autorité ou même avec une certaine morale pour arriver aux confrontations que l’on attendait. On s’attache à eux autant qu’on peut les détester pour leur comportement parfois exécrable.

C’est donc aux côtés de ces personnages que nous arriverons jusqu’au bout de l’intrigue. Elle ne boucle pas certains aspects de l’enquête mais qui apporte bien une conclusion finale à l’évolution finale des personnages. Car si la fin coule de source dans les deux derniers épisodes, donnant l’impression que tout ce qui nous a retourné la tête avant était finalement plutôt simple, elle se révèle intense (avec cette confrontation finale) et mystique (lors du dernier échange), donnant finalement une unité aux 8 heures de programme. 8 heures pendant lesquelles nous avons mis les pieds dans une région reculée et repliée sur ses propres démons, à l’image de ses personnages enquêtant sur l’Amérique profonde  et qui doivent en affronter toute la noirceur.

Mêlant donc à la fois simplicité globale et complexité de la narration, de l’ambiance et des personnages, voyant bien plus large qu’une simple enquête policière autour d’un meurtre rituel, True Detective n’a pas révolutionné le genre mais lui a filé un coup de pied tel qu’il sera difficile pour toute autre série de passer derrière, d’autant plus que McConaughey et Harrelson ont également élevé le niveau d’intensité de manière percutante. Sera-t-il possible pour la future seconde saison de faire aussi bien ? C’est un pari que l’on demande à voir.

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