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Pax Romana, critique

posté le 20/03/2014

Jonathan Hickman remonte le temps et Ă©tudie la politique qui a fait Ă©voluer l’humanitĂ©. A la fois au rĂ©cit et aux dessins, il nous offre avec Pax Romana une Ĺ“uvre foisonnante et passionnante !

Si Jonathan Hickman est aujourd’hui l’un des auteurs les plus talentueux de l’univers Marvel, ayant rĂ©ussi Ă  redonner aux Avengers une dimension globale après le (trop long) run de Brian Bendis et ayant rĂ©ussi Ă  redorer le blason des Fantastic Four (aujourd’hui repartis dans la routine Ă  cause de Matt Fraction), il a aussi le mĂ©rite d’Ă©crire d’autres comics de manière indĂ©pendante. Ainsi on avait pu dĂ©couvrir les dĂ©buts de ses Ă©tonnants Projets Manhattan. Mais si il est arrivĂ© chez Marvel c’est parce que dĂ©jĂ  avant il faisait preuve d’une ambition certaine dans ses rĂ©cits. Ainsi, tous ses thèmes fĂ©tiches se retrouvent dĂ©jĂ  dans Pax Romana Ă©crit en 2007/2008.

Dans cet Ă©tonnant rĂ©cit, nous apprenons que dans le futur, l’Islam et les religions polythĂ©istes ont pris le dessus sur le christianisme. Alors le Pape va envoyer un commando dans le passĂ©, Ă  l’apogĂ©e de l’Empire Romain, pour consolider la position de la religion. Évidemment, une fois dans le passĂ©, tout va dĂ©raper.

Adepte des rĂ©cits Ă  grande Ă©chelle, Hickman nous invite ici dans une vĂ©ritable uchronie, nous faisant rĂ©flĂ©chir Ă  ce qu’il se passerait si des personnes de notre Ă©poque se retrouvaient dans le passĂ© pour le changer, pour influencer la personne la plus importante de l’Ă©poque. Alors toute l’Ă©volution de l’humanitĂ© s’en trouverai chamboulĂ©e. Plus qu’un comics, c’est Ă  une vĂ©ritable rĂ©flexion que nous invite l’auteur et il se retrouve ici tĂ©moin des dĂ©cisions qui ont abouti Ă  ces changements et qui accĂ©lère notre Ă©volution.

Dès les premières pages, il prend deux partis pris audacieux. Le premier est le plus frappant puisqu’il s’agit d’une vĂ©ritable audace graphique. L’auteur est ici aussi Ă  l’œuvre sur le dessin et celui-ci servira surtout de vague illustration du rĂ©cit, histoire de placer ses dialogues. Fait d’aplats blancs sur des fonds de couleurs et de silhouettes, il donne Ă  son ouvrage une dimension historique, comme si ces dessins Ă©taient des traces de l’histoire.
Le second parti pris innovant concerne la narration de l’auteur. Non seulement il alterne les flashback et les scènes en temps rĂ©el mais en plus il n’hĂ©site pas Ă  placer rĂ©gulièrement des pages de retranscriptions de rĂ©unions dĂ©cisives des protagonistes. Très loin de montrer des scènes d’action Ă©pique, il choisit ici de nous entrainer dans les coulisses des prises de dĂ©cision qui vont chambouler l’histoire humaine et accĂ©lĂ©rer son dĂ©veloppement tout en faisant Ă©tat de ce qu’a Ă©tĂ© l’Ă©volution de la politique humaine depuis l’ère de l’Empire Romain, tout cela visant au final Ă  instaurer un rĂ©gime de paix qui ne peut ĂŞtre que temporaire.

Ainsi l’auteur nous offre Ă  travers des scènes de dialogue feutrĂ©es une rĂ©flexion d’envergure sur notre histoire, notre Ă©volution, parlant autant de politique que de la religion, de la science, de la guerre, de la sociĂ©tĂ© ou de la nature humaine. Le seul reproche que l’on pourrait alors faire sur le rĂ©cit est d’ĂŞtre trop court car nous aurions bien aimĂ© voir les Ă©vĂ©nements ensuite Ă©voquĂ©s dans la chronologie qui conclue l’ouvrage ! Mais cela contribue aussi Ă  l’aspect unique et passionnant de Pax Romana.

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