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Gone Girl, critique

posté le 06/10/2014

Nouvelle adaptation pour David Fincher qui nous offre avec Gone Girl un thriller psychologique aux retournements de situation inattendus pour se transformer en diabolique jeu subversif sur l’Ă©chec du couple, la prĂ©pondĂ©rance des apparences et l’image des mĂ©dias. Immanquable.

On doit le dire, au milieu d’une filmographie sans faux pas, David Fincher nous avait un peu déçu sur son adaptation de Millenium, le thriller, un exercice trop facile pour lui. Et c’est avec une nouvelle adaptation de best seller qu’il s’attaque au livre de Gillian Flynn, les Apparences, qui va d’ailleurs Ă©galement en rĂ©diger le diabolique scĂ©nario. Pourtant, comme dans de nombreux thrillers, le pitch est simple. A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Mais très vite, devant de multiples rĂ©vĂ©lation, on ne se pose plus qu’une seule question : a-t-il tuĂ© sa femme ?

Ainsi, le film dĂ©bute sur une simple enquĂŞte, mai il Ă©volue rapidement pour laisser la place Ă  tout autre chose. Car l’histoire sera remplie de rebondissement, un vĂ©ritable jeu psychologique orchestrĂ© de manière Ă  ce qu’il soit quasiment impossible d’en deviner l’horrible issue et que nous Ă©viterons donc de dĂ©voiler un peu plus. Ce que l’on peut dire c’est que Fincher ne s’Ă©tait sans doute jamais autant amusĂ© avec une intrigue depuis la manipulation de the Game. Il convoque ici le meilleur du thriller (Ă  savoir Hitchcock, DePalma, Lynch) pour nous intriguer pendant près de 2h30 sans temps mort.

Se situant presque exclusivement dans une rĂ©sidence typique de banlieue amĂ©ricaine, le film va, au travers de flashbacks, jeux de pistes et de rĂ©vĂ©lations, lever le voile sur l’idĂ©al du couple amĂ©ricain et en dĂ©voiler les scandaleux dessous. Car sous ses airs innocents, Nick Dunne n’est pas un mari irrĂ©prochable, tout comme les notes laissĂ©es par Amy sont peut-ĂŞtre trompeuses. A l’image d’un long Ă©pisode de Desperate Housewives transcendĂ© par un Fincher qui n’a jamais Ă©tĂ© aussi maĂ®tre du suspense et de l’humour noir, Gone Girl dĂ©moli petit Ă  petit l’image que l’on pourrait se faire du couple amĂ©ricain idĂ©al. Ici, les secrets et jeux de manipulation perverse craquellent aisĂ©ment ce qu’ils pouvaient sembler avoir construit au quotidien.

Et le couple n’est pas la seule valeur qui va voler en Ă©clat. Car Fincher y invite Ă©galement une critique acerbe des mĂ©dias et de l’opinion publique qui peuvent eux-aussi ĂŞtre aisĂ©ment manipulĂ©s, retourner leur veste Ă  la moindre occasion, tandis que les forces de l’ordre sont tout simplement incapable de faire quoi que ce soit. C’est clair, Fincher n’a rien perdu de sa verve et de sa noirceur Ă  l’encontre de notre sociĂ©tĂ© et ça fait plaisir de voir qu’il aborde maintenant son discours de manière encore inattendue et avec l’expĂ©rience qu’il a maintenant acquis, appuyĂ© par la photo toujours magnifique de Jeff Cronenweth qui fait ressortir toute l’Ă©trangetĂ© de cette banlieue ou la BO encore une fois orchestrĂ©e par Atticus Ross et Trent Reznor qui nous plongent discrètement dans une ambiance oppressante oĂą tout peut arriver.

A cotĂ© de cette maĂ®trise narrative et technique de Fincher, il faut aussi Ă©videmment saluer le travail des comĂ©diens. De Ben Affleck bien sĂ»r, formidablement subtil dans le rĂ´le de cet amĂ©ricain moyen don le moindre sourire forcĂ© ou regard de travers pourrait ĂŞtre traĂ®tre et nous induire en erreur. Mais c’est certainement Rosamund Pike, femme disparue et blessĂ©e, blonde hitchockienne poussĂ©e Ă  l’extrĂŞme noirceur, qui restera dans les esprits. L’actrice risque en effet d’avoir fait d’Amy l’un des personnages fĂ©minins les plus marquants de ces dernières annĂ©es et mĂ©riterai bien une petite nomination aux oscars !

Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu un jeu du chat et de la souris aussi bien orchestrĂ© au cinĂ©ma, et il fallait bien tout le talent de David Fincher pour nous plonger dans le mystère manipulateur et diabolique de Gone Girl. C’est tellement bon de se faire retourner le cerveau de cette manière qu’on en redemande ! AssurĂ©ment l’un des thrillers psychologiques les plus fĂ©roces de ces dernières annĂ©es.

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