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Godzilla, critique

posté le 20/05/2014

Godzilla, le roi des monstres géants est de retour sur grand écran avec Gareth Edwards aux commandes pour un film catastrophe à échelle humaine mais au scénario au ras des pâquerettes.

En 1998, Roland Emmerich importait Godzilla aux Etats-Unis dans un blockbuster dĂ©cĂ©rĂ©brĂ© devenu au fil du temps un vĂ©ritable nanar sans substance dont on retient un lĂ©zard gĂ©ant, des bĂ©bĂ©s ressemblant Ă  des raptors sortis de Jurassic Park, Matthew Broderick paumĂ© et Jean RĂ©no plus over ze top que jamais. 16 ans plus tard, ce sont les producteurs de Legendary Pictures (Ă  l’origine des reboot de Dark Knight, Man of Steel mais aussi de Pacific Rim) qui ont rĂ©ussi Ă  nĂ©gocier avec la Toho qui a inventĂ© le monstre il y a 60 ans l’opportunitĂ© de rĂ©aliser un nouveau film avec le roi des monstres. L’approche du studio est radicalement de celle d’Emmerich et le choix du rĂ©alisateur dĂ©montre bien l’intention qui est la leur.

Car Gareth Edwards a Ă©tĂ© repĂ©rĂ© avec le petit film Monsters qui, malgrĂ© le rythme lent, montrait un bon attachement aux humains, une certaine poĂ©sie, une proximitĂ© avec la nature et surtout, des monstres dont l’apparition Ă©tait courte mais dont l’approche rĂ©aliste Ă©tait touchante. Le mettre aux commandes d’un blockbuster aussi Ă©norme que cette nouvelle vision de Godzilla est donc un dĂ©fi pour lui mais cela prend tout son sens pour redonner au monstre ses lettres de noblesse.

Ainsi, le scĂ©nario de ce Godzilla nouveau rĂ©uni bien les Ă©lĂ©ments qui ont Ă©tĂ© installĂ© dans le mythe japonnais Ă  savoir l’idĂ©e que la nature aura toujours le dessus sur l’homme, remettant en avant la menace du nuclĂ©aire (qui prend encore plus de sens aujourd’hui après le dĂ©sastre le Fukushima, lĂ  oĂą le Godzilla original rĂ©sultait des retombĂ©es d’Hiroshima). Le film choisit de mettre en avant une histoire humaine, celle d’une relation père-fils difficile après une première menace du monstre. En ce sens, la première partie du film bĂ©nĂ©ficie d’une excellente mise en place avec des personnages fouillĂ©s et des enjeux passionnants.

HĂ©las, la seconde partie sera un vĂ©ritable ventre mou dans lequel le scĂ©nario se rĂ©vèlera finalement particulièrement plat, oĂą les personnages seront finalement ballottĂ©s comme des pantins dans une action qu’ils ne comprennent pas, au milieu de monstres qui vivent leur vie toujours hors Ă©cran. Et si l’atmosphère apocalyptique et pesante est particulièrement rĂ©ussie, elle ne masque pas ses soucis scĂ©naristiques flagrants avec de grosses facilitĂ©s et incohĂ©rences (comme un monstre qui vole tout les dĂ©chets nuclĂ©aires planquĂ©s dans une montagne sous protection militaire sans que personne ne s’en rende compte). La prĂ©sence de Godzilla se fait alors attendre.

Heureusement, arrive enfin le dernier tiers qui, mĂŞme si il souffre de problème de scĂ©nario trop simpliste, arrive enfin Ă  imposer Godzilla comme un monstre de charisme. Avec une rĂ©alisation Ă  hauteur d’homme qui n’est pas sans rappeler la Guerre des Mondes de Spielberg (ce n’est d’ailleurs pas le seul Ă©lĂ©ment que le rĂ©alisateur reprend de Spielberg) et qui nous entraine alors dans un spectacle de destruction impressionnant mais aussi avec une dimension tragique, avec des idĂ©es aussi brillantes que ce parachutage de soldats vers l’enfer brumeux du combat, Edwards nous plonge dans un conflit visuellement bluffant mais trop court pour ĂŞtre apprĂ©ciĂ© ĂŞtre apprĂ©ciĂ© Ă  sa juste valeur. Car si il a bien rĂ©ussi Ă  restituer cette aura de dieu gĂ©ant, destructeur et sauveur, qu’est Godzilla, celui-ci s’en va aussi vite qu’il est apparu, sans beaucoup d’explications.

Ce retour de Godzilla navigue donc entre deux eaux, celles du respect du mythe et du spectacle impressionnant Ă  la rĂ©alisation travaillĂ©e d’un cĂ´tĂ©, et celles du scĂ©nario sans grand intĂ©rĂŞt de film catastrophe lisse qui gâche un peu l’ambition qui se cachait pourtant derrière. Mais malgrĂ© cette gène, on prĂ©fĂ©rera alors en retenir les qualitĂ©s pour espĂ©rer revoir et profiter du monstre plus longtemps la prochaine fois.

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