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Culte du dimanche : l’Impasse

posté le 04/05/2014

Ce dimanche, retour aux gangster pour Brian De Palma et Al Pacino pour l’un des sommets de leurs carrières : l’Impasse.

Alors qu’il était arrivé au sommet du succès public avec les Incorruptibles en 1987, Brian De Palma s’engouffre dans des films politiques (Outrages) et plus confidentiels malgré le soutien de ses castings de stars (le Bucher des Vanités). Des films qui n’ont pas le succès escompté et qui obligent alors le réalisateur à prendre un projet de commande. C’est alors que lui est proposé le scénario écrit par David Koepp (qui écrit en même temps l’adaptation de Jurassic Park) d’après les romans d’Edwin Torres racontant la vie du gangster Carlito Brigante.

D’abord réticent à l’idée de s’embarquer dans une nouvelle histoire de gangster latino, en lisant le scénario s’intéressant de plus près à la vie du brigand après sa sortie de prison, à la recherche d’une impossible rédemption, De Palma accepte finalement avec un enthousiasme particulier. C’est donc parti pour une reconstitution de l’East Harlem des années 70. Pour l’occasion, le réalisateur retrouve Al Pacino. Dès lors, impossible de voir dans cette nouvelle histoire, une suite thématique à Scarface.

En effet, l’Impasse peut se voir d’une certaine manière comme un film-miroir, une antithèse parfaite du film de gangster fou réalisé en 83. Ainsi, là où Scarface était exubérant avec une violence débridée et un tempérament explosif, Carlito’s Way se montre beaucoup plus posé avec un héros plus réfléchit, sage, nostalgique et mélancolique. Les 2 films se répondent parfaitement. Et devant de le destin inéluctable de son nouveau héros qui parcourt une ville et un milieu qu’il ne reconnait plus, tel un fantôme faisant face à son passé, on pourrait même se dire que le réalisateur est en train de réaliser son propre Il était une fois en Amérique.

Il faut dire que De Palma bénéficie d’un scénario passionnant avec ce qu’il faut de rebondissements et de suspense mais aussi de personnages fascinants parfaitement campés par des acteurs brillants. Si Sean Penn est surprenant en avocat corrompu, c’est bien évidemment Al Pacino, plus magnétique que jamais, qui portera le film. L’acteur saisit toute la complexité de Carlito Brigante et nous entraine, dans l’ombre de sa barbe et de son manteau noir, dans son chemin vers la rédemption que nous savons perdu d’avance, malgré tout notre attachement pour lui.

Brian de Palma est de son côté toujours aussi virtuose avec la caméra et nous offre un grand film de cinéma où la mise en scène a toute son importance. Moins démonstratif que certains de ses films des années 80, L’Impasse porte tout de même sa marque, que ce soit par l’ouverture nous racontant déjà la fin, un plan subjectif pour découvrir une boite de nuit, une partie de billard tournant au carnage ou une scène d’amour sur You’re so Beautiful de Joe Cocker à tomber.
Mais le grand morceau de bravoure sera sans conteste la poursuite finale de Carlito à travers le métro et la gare de Grand Central, alternant un suspense haletant avec un plan séquence toujours efficace avant de déboucher sur une fusillade dans les escalator rappelant inévitablement les Incorruptible, c’est assurément un grand moment réalisé avec une parfaite maîtrise de chaque seconde.

L’impasse fonctionne ainsi également comme le meilleur de ce que peut faire De Palma (on pense à Scarface, aux Incorruptibles, à Blow Out …) au service de son histoire et de ses personnages les plus intéressants, un sommet artistique de sa carrière. Hélas, les critiques apprécieront le film avec modération et le public ne sera pas présent. Il faudra du temps avec que les professionnels ne se ravisent et voient toute la portée de L’Impasse, son importance dans les carrières de De Palma et de Pacino. Quand au public, il répondra à nouveau présent au cinéaste pour sa commande suivante, l’adaptation de Mission : Impossible.

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