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Culte du dimanche : Chinatown

posté le 27/04/2014

Ambiance « film noir » dans le culte du dimanche avec l’une des plus belles rĂ©ussites de Roman Polanski : Chinatown

Après le grand succès de Rosemary’s Baby, Roman Polanski entre dans une pĂ©riode de crise Ă  la fois personnelle (sa femme Sharon Tate a Ă©tĂ© assassinĂ©e par « la famille » de Charles Manson ») et ses films suivants sont des Ă©checs au box office. Il ne lui reste alors plus d’autre choix que de rĂ©aliser un projet de commande pour se remettre en selle. Ce projet, c’est Jack Nicholson qui le lui apporte avec le scĂ©nario de Chinatown Ă©crit par Robert Towne. D’abord rĂ©ticent Ă  l’idĂ©e de venir tourner Ă  Los Angeles oĂą sa femme a disparu, il va tout de mĂŞme accepter l’offre et faire de ce film il Ĺ“uvre plus personnelle.

Chinatown plonge ainsi dans le L.A. des annĂ©es 30 en pleine sĂ©cheresse oĂą le dĂ©tective privĂ© Jake Gittes enquĂŞte sur un ingĂ©nieur des eaux que sa femme soupçonne d’adultère. Mais rapidement cet homme sera retrouvĂ© mort et celle qui disait ĂŞtre sa femme ne l’Ă©tait pas. Il va alors plonger dans une affaire bien plus complexe que prĂ©vu, mĂŞlant histoires de familles et lutte pour le pouvoir Ă©conomique et politique de la ville.

Avec un rythme qui prend son temps, Polanski dĂ©veloppe petit Ă  petit une atmosphère mystĂ©rieuse autour de cette intrigue de manipulation des eaux des Los Angeles. Il rend ainsi hommage au film noir autant qu’il s’imprègne de ses codes pour le mettre Ă  la sauce du cinĂ©ma des 70. Ainsi on retrouve la femme fatale et veuve, le dĂ©tective intègre,  quelques mafieux menaçant et le complot qui règne avec son lot de personnages pouvant jouer double jeu. Avec une mise en scène posĂ©e, sans fioritures, le rĂ©alisateur nous laisse nous immerger et nous interroger sur cette intrigue tortueuse.

Mais au delĂ  de l’intrigue, ce sont surtout les personnages qui vont nous passionner. D’un cĂ´tĂ© nous avons donc Jake Gittes campĂ© par un Jack Nicholson plus en retenue que sur les rĂ´les pour lesquels on le connait. Ici il porte son personnage de dĂ©tective avec une certaine dĂ©sinvolture qui se dĂ©marque lĂ©gèrement du genre tout en lui apportant une aspĂ©ritĂ©. Ici, son passĂ© Ă  Chinatown n’est qu’Ă©voquĂ© et va nous interroger pendant tout le film. En face, Faye Dunaway est-elle aussi remplie de mystère et sa plastique Ă©trange ne fait que l’accentuer Ă  mesure que les rĂ©vĂ©lations arrivent. La relation entre ces deux personnages est particulièrement bien Ă©crite et prend de l’ampleur sans ĂŞtre profondĂ©ment romantique, juste sèche et parfois injuste comme peut l’ĂŞtre l’affaire dans laquelle ils sont impliquĂ©s.

A cĂ´tĂ© du couple principal dont le destin ne sera finalement pas des plus heureux (Chinatown est un film noir jusqu’au bout, il ne faut donc pas s’attendre Ă  un happy-end classique, surtout chez le Polanski de l’Ă©poque), il y a aussi quelques personnages secondaires hauts en couleurs dont le rĂ©alisateur John Huston qui campe ici le dangereux et imprĂ©visible père de Faye Dunaway, manipulateur de première classe, mais aussi Polanski lui-mĂŞme qui s’octroie le « plaisir » de couper le nez de Jack Nicholson dans une petite scène qui a marquĂ© les esprits.

Bref, Chinatown est l’un des polars Ă  l’ancienne les plus apprĂ©ciĂ©s du cinĂ©ma amĂ©ricain qui obtiendra d’ailleurs 11 nominations aux Oscars (l’AcadĂ©mie lui prĂ©fèrera la suite du Parrain) mais aussi 3 Golden Globes (rĂ©alisateur, acteur et scĂ©nario). Encore aujourd’hui, Chinatown est sans doute l’un des films de Roman Polanski les plus apprĂ©ciĂ©s des critiques et chacun de ses retours au genre y fait irrĂ©mĂ©diablement penser (Ă  l’instar de the Ghost Writer). Comme le dit la dernière rĂ©plique du film, « laisse tomber Jack, c’est Chinatown ».

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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