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Bates Motel, saison 1

posté le 14/06/2013

Zappant tous les prĂ©jugĂ©s que l’on pouvait avoir sur l’idĂ©e de faire une sĂ©rie sur Norman Bates, la nouvelle sĂ©rie Bates Motel se rĂ©vèle ĂŞtre une bonne surprise menĂ©e par ses deux interprètes  : Vera Farmiga et Freddie Highmore.

Après le chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock, l’univers de Psychose n’a pas vraiment connu d’extension digne de ce nom. Entre des suites assez dispensables sur Norman Bates et un remake plan par plan profondĂ©ment inutile par Gus Van Sant, nous n’avons pas Ă©tĂ© gâtĂ©s. Aussi, quand le projet d’une sĂ©rie tĂ©lĂ© servant de prĂ©quel Ă  Psychose a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, nous avons Ă©tĂ© plus que mĂ©fiants. CrĂ©Ă©e par Anthony Cipriano et produite par Cartlon Cuse (Lost) pour la petite chaĂ®ne câblĂ©e A&E, Bates Motel revient donc sur les annĂ©es de jeunesse de Norman Bates et sur sa relation houleuse avec sa mère alors qu’ils s’installent dans leur nouvelle maison pour reprendre le cĂ©lèbre motel.

Cependant, tout de suite quelque chose cloche. Car la sĂ©rie se dĂ©roule de nos jours. Les personnages ont des portables, Ă©coutent du Radiohead ou BRMC, …. et en mĂŞme temps, ils ont des styles vestimentaires passĂ©s, regardent la tĂ©lĂ© en noir et blanc, possèdent de vieilles voitures. Il y a donc un anachronisme permanent qui nous Ă©loigne du film original et qui, paradoxalement, aide Ă  recrĂ©er son ambiance Ă©trange, Ă  retrouver cette atmosphère de petite ville isolĂ©e aux habitants peu engageants. Du coup, on passe allègrement sur les Ă©lĂ©ments modernes pour plonger dans l’ambiance.

On y plonge d’autant plus volontiers qu’on se laisse happer dès les premières minutes de la sĂ©rie par le personnage de Norman Bates et de sa mère Norma. CampĂ©s par Vera Farmiga (Source Code, In the Air) et Freddie Highmore (Arthur, Neverland), leur relation est d’emblĂ©e passionnante. Un amour maternel trop protecteur, un complexe d’œdipe passionnant autour de pulsions meurtrières qui se sont transmises et crĂ©ent un lien inaltĂ©rable entre la mère et le fils, peu importe les Ă©preuves et les mauvaises frĂ©quentations que chacun aura. Vera Farmiga entretient parfaitement son personnage de mère possessive pour qui la folie n’est pas loin alors que Freddie Highmore montre une face sombre de son jeu qui pourrait bien nous amener Ă  vraiment avoir peur de lui Ă  l’avenir. Le jeune acteur rĂŞvait d’interprĂ©ter un mĂ©chant, et il se rĂ©vèle pleinement capable d’assumer le rĂ´le avec toute la subtilitĂ© qu’il demande. Sans doute le meilleur hĂ©ritage d’Anthony Perkins.

Du cĂ´tĂ© de l’intrigue, on a beau savoir comment tout cela va se terminer grâce aux Ă©vĂ©nements de Psychose, on ne peut que s’interroger pour savoir quand les personnages passeront Ă  chaque fois un nouveau cap qui nous y mènera. En ce sens, les scĂ©naristes font un bon boulot pour nous maintenir dans l’attente et sèment habilement les graines de la folie de Norman. Par contre, on dĂ©plorera plus le peu d’originalitĂ© concernant l’un des fils rouges de la sĂ©rie, Ă  savoir une affaire de trafic de jeunes files. Cet aspect assez artificiel sent vraiment le rĂ©chauffĂ©, prĂ©sent seulement pour nous occuper en attendant de dĂ©velopper le malaise des personnages. Artificiel, c’est aussi ce que l’on peut penser de la prĂ©sence du demi-frère de Norman. Alors qu’il reprĂ©sentait une menace intrigante Ă  son apparition, il se rĂ©concilie bien trop vite avec sa famille.

Toutefois,  les crĂ©ateurs de la sĂ©rie ne se sont pas contentĂ©s de faire une sĂ©rie autour de Norman Bates avec Ă  chaque Ă©pisode « le client bizarre de la semaine » en surfant sur le nom de Bates mais offrent une vĂ©ritable intrigue Ă  suivre sur la longueur qui a droit Ă  sa conclusion en fin de saison et qui permet aussi Ă  la sĂ©rie d’avoir ses instants forts. Des instants violents que l’on voit peu Ă  la tĂ©lĂ© (meurtre malsain,viol), qui contrastent avec la poĂ©sie avec laquelle est abordĂ©e l’adolescence et l’Ă©veil aux sentiments de Norman.

Au final, ce Bates Motel est, grâce Ă  son ambiance et Ă  ses deux acteurs principaux, une très bonne surprise que l’on prend vĂ©ritablement plaisir Ă  regarder. On espère alors que l’intrigue va devenir plus palpitante et en mĂŞme temps plus mystĂ©rieuse et malsaine pour nous maintenir sous tension sans trop tarder non plus Ă  arriver au but qu’elle s’est fixĂ©e. Le risque est en effet de tourner en rond avant d’arriver aux Ă©vĂ©nements que nous connaissons dĂ©jĂ .

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