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Tel Père, tel Fils, critique

posté le 12/12/2013

Après son Prix du Jury à Cannes des mains de Steven Spielberg, Tel Père, Tel Fils de Hirokazu Kore-eda sort pile pour Noël. Une date idéale pour un film qui parle de la famille avec une infinie tendresse.

En 2012, on avait eu un véritable coup de cÅ“ur pour I Wish et sa sincérité désarmante en parlant de l’enfance et de la famille éclatée d’aujourd’hui. C’est donc tout naturellement que l’on attendait beaucoup du nouveau film de Hirokazu Kore-eda, toujours sur ce même thème et récompensé à Cannes par un réalisateur tout aussi sensible à ce thème depuis bien longtemps.

Ainsi, Tel Père, Tel Fils raconte l’histoire difficile de deux couples qui apprennent que leurs enfants ont été échangés à la naissance et qu’ils élèvent donc depuis 6 ans le fils de l’autre. Que faut-il faire ? Échanger à nouveau les enfants qu’ils ont commencé à élever comme le leur et vu grandir depuis tout ce temps sous le prétexte du lien du sang ? Ou privilégier le lien sentimental ? Une question sur laquelle il est difficile de trancher pour le bien des enfants.

Loin de s’engager dans la comédie loufoque qu’aurait pu provoquer un tel échange ou, au contraire du grand drame social et larmoyant, Hirokazu Kore-Eda prend son sujet avec une véritable délicatesse, dressant d’abord les portrait de ces familles, l’une aisée mais au père occupé par son travail et l’autre plus modeste et au père se comportant comme un grand enfant. Une vision cliché ? Certes, mais l’auteur dépasse vite ce stade pour s’intéresser aux personnages derrière ces stéréotypes et nous attacher à ces parents qui doutent de l’amour qu’ils ont porté à leur enfant « adoptif » ou de l’amour qu’ils pourraient apporter à ce fils de sang qu’ils n’ont pas élevé.

Et si le titre du film porte sur la présence du père dans chaque famille, pour mieux illustrer les liens du sang à l’ancienne, il n’en oublie pas non plus le ressenti de la mère, toujours plus portée sur l’amour et le fait d’avoir élevé un enfant. Le réalisateur met donc en lumière certaines difficultés du Japon à dépasser cette image ancestrale de la filiation par le sang plutôt que l’adoption et n’hésite alors pas à bousculer la famille.

Du côté de la réalisation, Hirokazu Kore-Eda ne cherche pas à en mettre plein les yeux et reste dans une certaine sobriété pour se rapprocher du vécu et des sentiments posés de ses personnages. Il se situe autant à l’échelle des parents que des enfants, ne laissant ainsi échapper aucun point de vue sur l’histoire et laissant le spectateur s’interroger en permanence sur cette situation qui ne peut pas se résoudre.

Mais plus que des mots, c’est surtout le ressenti devant la situation que rencontrent ces deux familles qui prime. Sans voyeurisme, sans violons larmoyants, mais seulement en nous embarquant avec légereté sans oublier sa profondeur,  la manière touchante avec laquelle la question de la parentalité est traitée dans Tel Père Tel Fils ne peut que nous atteindre et provoquer un coup de cÅ“ur.

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