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Rush, critique

posté le 17/09/2013

Pied au plancher, Ron Howard donne le meilleur de lui-mĂȘme et livre avec Rush l’un des meilleurs films sur le sport automobile ! Accrochez-vous !

Depuis le Da Vinci Code, on pensait Ron Howard un peu perdu, et mĂȘme si Frost/Nixon Ă©tait intĂ©ressant, Anges & DĂ©mons et la comĂ©die potache le Dilemme ont tĂŽt fait de le renvoyer dans l’oubli. Avant qu’il ne s’attaque Ă  une troisiĂšme aventure de Robert Langdon, le rĂ©alisateur a choisi de plonger dans le milieu de la F1 des annĂ©es 70 en parlant de la rivalitĂ© qui rĂ©gnait entre l’anglais James Hunt et l’autrichien Niki Lauda. Un sujet en or mais avec lequel le rĂ©alisateur n’avait pas le droit Ă  l’erreur pour rendre enfin justice au sport automobile qui n’a pas retrouvĂ© de place honorable sur le grand Ă©cran depuis longtemps.

C’est avec le scĂ©nariste Peter Morgan (qui a largement fait ses preuves avec le Dernier Roi d’Écosse, the Queen, Skyfall ou justement Frost/Nixon) qu’il va creuser ce milieu sportif extrĂȘme mais surtout la personnalitĂ© de ces deux pilotes hors normes. Car avant de s’attaquer au sport (non, Rush n’est pas une accumulation de courses spectaculaires), le film va surtout parler de ces deux hommes, de leur rivalitĂ© et leur respect mutuel, donnant alors une vĂ©ritable consistance et une humanitĂ© au film. Alors que l’on aime dĂ©tester Niki Lauda Ă  cause de sa droiture exagĂ©rĂ©e et de ses manigances, on dĂ©teste aimer James Hunt pour sa dĂ©contraction mĂȘme dans les moments les plus difficiles. Il n’y a pas de parti pris pour l’un ou l’autre et si tous les deux n’ont pas Ă©normĂ©ment de scĂšnes ensemble mais on sent bien la complexitĂ© de ce qui les lie : une adversitĂ© qui les pousse Ă  se dĂ©passer l’un l’autre.

Avec un scĂ©nario bien Ă©crit, qui ne joue pas de trop sur les ressorts habituels du film sportif menant tout droit Ă  la victoire, le rĂ©alisateur s’intĂ©resse Ă  travers ces deux personnes au sport automobile et le comprend parfaitement. Ici ce n’est pas un jeu et il peut y avoir des morts. A ce titre, l’accident de Lauda et ce qu’il va endurer par la suite, ainsi que le courage dont il fait preuve en reprenant le volant, sont particuliĂšrement bien traitĂ©s. Mais si Ron Howard a bien compris une chose, c’est que la F1 est aussi une histoire de regards, sur la piste, sur les adversaires, sur la vie qui peut dĂ©filer… Tout passe donc souvent par les yeux dans Rush et l’une des scĂšnes les plus fortes du film est sans conteste cet Ă©change de regard entre Hunt et Lauda, rempli de dĂ©fiance et de respect mutuel et lourd de sens.

TranscendĂ© par son sujet, Ron Howard a donc rĂ©ussi Ă  livrer un film qui comprend parfaitement l’essence du sport et des pilotes mais nous offre Ă©galement un rĂ©cit parfaitement rythmĂ© qui ne fait que monter en pression jusqu’Ă  la fin sans jamais tomber dans le pathos auquel il a pu nous habituer par le passĂ©. C’est bien simple, on ne voit pas les deux heures de film passer, et encore mieux, on en redemande pour en savoir plus sur la relation entre Hunt et Lauda. Parfaitement Ă©quilibrĂ© entre scĂšnes intimistes et sĂ©quences de courses pendant lesquelles on s’accroche Ă  notre fauteuil, on se prend facilement au jeu, mĂȘme si la F1 n’est pas notre intĂ©rĂȘt premier. Avec une image parfois usĂ©e, il retranscrit bien l’ambiance des stands dans annĂ©es 70 pendant lesquelles ce sport bĂ©nĂ©ficiait encore d’une certaine passion pour la vitesse et le plaisir du sport sans oublier le professionnalisme qu’il requiĂšre.

Si l’on sent que le rĂ©alisateur s’implique vraiment dans son film, c’est aussi le cas des comĂ©diens qu’il entraine dans son sillage et qui se rĂ©vĂšlent plus intenses qu’Ă  l’accoutumĂ©e. Ainsi, alors que James Hunt pouvait ĂȘtre le clichĂ© du playboy dĂ©sinvolte, Chris Hemsworth lui apporte une belle profondeur tandis que Daniel BrĂŒhl a enfin fini de jouer les jeunes premiers pour un personnage de Niki Lauda tout en subtiles contradictions. Le rĂ©alisateur pousse mĂȘme Hans Zimmer Ă  dĂ©passer ses « boom boom » habituels pour la musique du film.

Plus qu’une bonne surprise, Rush prend donc directement une trĂšs bonne place sur la grille de dĂ©part des meilleurs films sur le sport automobile et mĂȘme sur l’esprit sportif en gĂ©nĂ©ral, s’affranchissant des clichĂ©s pour nous offrir un rĂ©cit aussi poignant que haletant. De quoi faire une rentrĂ©e Ă  100 Ă  l’heure !


Rush (bande-annonce vost) par MyScreens

publié dans :Cinéma Critiques ciné

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