Le Loup de Wall Street, critique
On l’a attendu toute l’annĂ©e et il est arrivĂ© Ă point nommĂ© pour NoĂ«l, le Scorsese nouveau est arrivĂ©, plus dĂ©jantĂ© que jamais ! Le rĂ©alisateur nous embarque dans une Ă©popĂ©e financière dominĂ©e par un Leonardo DiCaprio phĂ©nomĂ©nal avec Le Loup de Wall Street.
Avec Hugo Cabret, on aurait pu penser que Martin Scorsese s’Ă©tait assagi, prĂ©fĂ©rant maintenant rendre hommage au cinĂ©ma qui l’a bercĂ©. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas et du haut de ses 71 ans, il n’a pas fini de nous surprendre et se montre surtout plus en forme et virulent que jamais ! Et pour parler de notre crise actuelle, le voilĂ parti dans un film fleuve comme il aime en faire rĂ©gulièrement, replongeant dans le milieu de la finance dĂ©bridĂ© des annĂ©es 80.
En adaptant les mĂ©moires de Jordan Belfort avec un scĂ©nario ample de Terrence Winter (complice de Martin Scorsese sur Boardwalk Empire), le rĂ©alisateur va donc nous raconter la gloire et la chute du courtier en bourse depuis ses dĂ©but Ă Wall Street Ă son fin en prison en passant par la fondation de sa propre sociĂ©tĂ©, l’arnaque des boursicoteurs, son couple qui bat de l’aile et son addiction aux drogues. Un programme chargĂ© qui s’Ă©tendra sur 3 heures.
En effet, galvanisĂ© par son sujet, Scorsese nous embarque dans un long trip mĂ©langeant dollars, sexe, drogue et rock’n’roll avec une mise en scène plus que dynamique qui arrive, malgrĂ© quelques petites longueurs, Ă nous emporter et Ă nous faire adorer dĂ©tester Belfort. Le rĂ©alisateur ne porte aucun jugement sur les personnages (une belle galerie de seconds rĂ´les avec Jonah Hill, Matthew McConaughey, Kyle Chandler et mĂŞme Jean Dujardin) qu’il prĂ©sente et qui se comportent tous de manière odieuse. Finalement, dans la finance des 80’s, il trouve des personnages encore plus dĂ©testables que ceux des ses films de gangsters. D’ailleurs, au mĂŞme titre que les fresques qu’Ă©taient les Affranchis ou Casino, le Loup de Wall Street comporte dĂ©jĂ ses propres sĂ©quences cultes qui marquent vraiment les esprits.
Complètement libĂ©rĂ© des contraintes des gros studios (le film a Ă©tĂ© produit en toute indĂ©pendance), le rĂ©alisateur se lâche complètement et on ne comptera plus le nombre de « fuck », de nanas Ă poil, de snifs, bref, c’est vulgaire, Ă la limite du grotesque, mais sacrĂ©ment galvanisant. Car Scorsese dĂ©passe cette vulgaritĂ© et la simple comĂ©die dĂ©bridĂ©e pour y apporter un discours et une vision critique de la sociĂ©tĂ© de l’Ă©poque et donc de notre sociĂ©tĂ© en crise d’aujourd’hui et du système complètement perverti.
Mais il faut dire aussi que le Loup de Wall Street ne pourrait pas non plus ĂŞtre la rĂ©ussite qu’il est sans Leonardo DiCaprio. En effet, complètement dans la peau de Jordan Belfort, l’acteur prouve une nouvelle fois (si il en Ă©tait encore besoin) qu’il est bien le plus douĂ© de sa gĂ©nĂ©ration et le meilleur comĂ©dien du moment. GalvanisĂ© par Scorsese (ou est-ce Scorsese motivĂ© par son acteur ?) pour leur cinquième collaboration, DiCaprio apparait ici aussi Ă l’aise dans le jeune premier des dĂ©buts que lorsqu’il doit motiver ses troupes de traders aux dents longues, aussi possĂ©dĂ© que le gourou d’un secte dont le dollar serait la religion, et la drogue et les prostituĂ©es seraient les apĂ´tres. Jamais on n’a vu l’acteur aussi dĂ©chaĂ®nĂ© et il nous offre un vĂ©ritable show Ă chaque instant, portant aisĂ©ment les trois heures de spectacles avec un charisme Ă©norme.
Scorsese n’a dont pas encore donnĂ© son dernier mot et a de quoi Ă©lectriser les spectateurs avec ce Loup de Wall Street dĂ©chainĂ© portĂ© par un DiCaprio au sommet !
publié dans :Cinéma Critiques ciné
Excellent film en effet, Scorcese au plus haut… 3/4