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Jobs, critique

posté le 26/08/2013

Steve Jobs Ă©tait indĂ©niablement un gĂ©nie et son histoire mĂ©ritait Ă©videmment un biopic. HĂ©las ce Jobs n’est pas vraiment Ă  la hauteur de l’homme et de sa crĂ©ativitĂ©.

Cela fait presque 2 ans que Steve Jobs, patron de l’une des entreprises qui a rĂ©volutionnĂ© la technologie, nous a quittĂ©. Quoi que l’on pense d’Apple, de ses mĂ©thodes marketing ou de l’homme, impossible de nier qu’il a changĂ© beaucoup de choses dans le quotidien technologique durant ces 30 dernières annĂ©es. Il Ă©tait donc naturel qu’un film lui soit tĂ´t ou tard consacrĂ© afin de mettre dans la lumière les zones d’ombres mais aussi les succès de ce gĂ©nie qui pourrait alors inspirer d’autres personnes Ă  devenir aussi crĂ©atives pour changer le monde.

Inutile de le prĂ©ciser, raconter le destin de Steve Jobs depuis ses annĂ©es de fac oĂą il cherche sa vocation jusqu’au retour du fils prodigue dans une boite en pleine faillite en passant par la crĂ©ation du premier Apple avec son co-fondateur Steve Wozniak,  le lancement de Macintosh et quelques problèmes personnels se rĂ©vèle assez intĂ©ressant pour mieux comprendre l’homme mais il est dommage que cela n’aille pas beaucoup plus loin. En effet, le rĂ©alisateur reste rĂ©gulièrement en surface des Ă©vĂ©nements, ne cherche jamais Ă  les approfondir ou Ă  apporter un point de vue plus personnel qui aurait donnĂ© plus d’aspĂ©ritĂ© au film. Du coup, ici tout reste lisse et mĂŞmes lorsque l’on parle de drogue, de ses problèmes rationnels avec son entourage proche ou professionnels, on passe rapidement Ă  autre chose, comme si on cherchait Ă  Ă©vacuer rapidement les dĂ©fauts du personnage pour se concentrer sur ce qu’il a construit.

En fait, sans ĂŞtre non plus l’hagiographie que l’on redoutait, Jobs se regarde surtout comme un album photo oĂą l’on retrouve la maison familiale, a première convention pour votre un ordinateur Apple,… beaucoup de première fois notĂ©es dans un calepin avec un brin de nostalgie mais seulement des souvenirs que l’on parcoure sans y prĂŞter finalement beaucoup d’importance. Alors que le sujet, Ă  l’image de Steve Jobs, demandait beaucoup plus de dynamisme et de crĂ©ativitĂ©. Lorsque David Fincher parlait de Mark Zuckerberg dans the Social Network, il n’hĂ©sitait pas Ă  bousculer son personnage et Ă  emmener le film sur des sentiers inattendus avec de vrais risques plastiques et narratifs. Ici Joshua Michael Stern nous gratifie d’une simple balade dans les bois et les couloirs d’Apple aux cĂ´tĂ© de Steve Jobs sur fond de Bob Dylan, c’est plaisant comme un bon tĂ©lĂ©film mais jamais intense ni mĂ©morable.

On ne pourra par contre pas en vouloir Ă  Ashton Kutcher dont a ressemblance physique avec Steve Jobs est Ă©videmment frappante mais surtout qui livre sans doute sa meilleure performance d’acteur depuis l’Effet Papillon. Tout en retenue, il montre bien que Jobs est un personnage qui intĂ©riorise pas mal de choses et qui veut laisser une grande part  la crĂ©ativitĂ© pour mettre la machine au service de l’homme. Il fait de la place au gĂ©nie mais il semble tout de mĂŞme parquĂ© par un rĂ©alisateur qui n’ose pas emmener son personnages vers le terrain de la grandiloquence. Steve Jobs semble ici pieds et poings liĂ©s et son gĂ©nie peine parfois Ă  Ă©clore dans un film trop Ă©troit pour ce qu’il reprĂ©sente.

Cette idĂ©e est d’autant plus frappante que le film Ă©vacue des pans entiers de sa vie qui auraient Ă©tĂ© particulièrement intĂ©ressants. Ainsi, la pĂ©riode se si tuant entre son dĂ©part et son retour est rapidement Ă©vacuĂ©e par quelques scènes de jardinage (Ă  croire que pendant 10 ans il n’a fait que planter des choux) et surtout, le film se termine au moment oĂą tout ne fait que commencer, lorsque Steve Jobs redonne un coup de fouet technique et crĂ©atif Ă  l’entreprise et s’apprĂŞte Ă  la remettre sur les rails du succès, nous laissant curieusement sur notre faim après pourtant 2 heures de film qui se sont Ă©coulĂ©es.

Jobs est donc un biopic plutĂ´t frustrant car il est intĂ©ressant et nous permet d’aborder l’un des personnages qui a le plus façonnĂ© notre monde ces dernières annĂ©es mais reste très lisse et en surface des choses, manquant rĂ©gulièrement l’essentiel pour faire un portrait complet et un film aussi enivrant que le gĂ©nie de son sujet. C’est bien dommage.

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