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Gibraltar, critique

posté le 06/09/2013

Cela faisait un moment que nous n’avions pas eu un bon thriller français Ă  base de trafiquants de drogue et de double-jeu. Avec Gibraltar, Julien Leclercq a bien l’intention de replonger dans ce milieu et y arrive en demi-teinte.

Après le courageux mais manquant de recul l’Assaut en 2011, le rĂ©alisateur Julien Leclercq remonte encore le temps dans les annĂ©es 80 pour mettre en scène un thriller adaptĂ© d’une histoire vraie mais mĂ©connue d’un simple barman expatriĂ© Ă  Gibraltar qui se fait embringuer dans les histoire de trafics de drogue, entre les services des douanes françaises et anglaises et les narcotrafiquants insaisissables qui pourraient menacer sa famille.

Cette fois Ă©paulĂ© par un scĂ©nariste qui connait parfaitement le genre (Abdel Raouf Dafri, auteur de Un Prophète, du diptyque Mesrine et de la sĂ©rie Braquo, un vrai gage de qualitĂ©), le rĂ©alisateur a cette fois un matĂ©riau en or et va le mettre en scène avec une certaine Ă©lĂ©gance.  Usant du filtre pour obtenir des couleurs un peu passĂ©es (manie qu’il a depuis son Chrysalis), il donne au film une teinte qui sent bon les vieux polars français des annĂ©es 80 avec une reconstitution plutĂ´t minutieuse. Aucun souci pour la plongĂ©e dans l’ambiance du coup, d’autant plus qu’on est rapidement immergĂ© dans l’histoire grâce au principe usĂ© mais toujours efficace du français moyen auquel il est facile de s’identifier et qui va devoir se dĂ©brouiller tant bien que mal dans un situation qui le dĂ©passe.

Si sur le papier on pouvait tiquer sur le choix de Gilles Lellouche et Tahar Rahim, 2 acteurs au style de jeu assez identique de film en film, pour jouer dans ce polar, le rĂ©alisateur s’en tire plutĂ´t bien, d’autant que les personnages, archĂ©types du genre, ne sont pas spĂ©cialement fouillĂ©s et manquent de zones d’ombres (en particulier la femme du hĂ©ros qui passe son temps Ă  se plaindre). Heureusement il a avec lui l’italien Riccardo Scamarcio qui apporte un petit plus au film tant on aime le dĂ©tester. Du coup, malgrĂ© les poncifs, on finit par apprĂ©cier les personnages et suivre ce qu’il se passe pour eux dans cette histoire qui ne peut que mal tourner.

Malheureusement, si le scĂ©nario est très bien Ă©crit, et assez clair (ce qui n’est pas toujours facile dans ce genre d’affaire) et que le rĂ©alisateur arrive Ă  trouver une atmosphère nostalgique d’un bon effet en prenant le temps de s’installer, il peine Ă  entretenir le suspense haletant que l’on pourrait attendre. Nous voyons les scènes dĂ©filer, nous suivons l’intrigue avec intĂ©rĂŞt mais celle-ci ne nous emporte pas au point de nous accrocher Ă  notre fauteuil et de nous inquiĂ©ter pour les personnages mĂŞme si on relèvera une petite prise de position politique sur les mĂ©thodes pas toujours très claires des douanes françaises pour mettre fin aux trafics.

MalgrĂ© un savoir-faire technique qui lui permet de mettre en scène ce Gibraltar de manière très classe et de retrouver la poussière de nos bons polars d’antan, Julien Leclerq n’arrive pas Ă  transcender un scĂ©nario qui ne demandait qu’un peu plus de nervositĂ© pour rejoindre le rang de nos meilleurs films du genre. Il s’en est fallu de peu, c’est dommage c’est dĂ©jĂ  pas mal.

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