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Gerardmer 2013 – 3e partie

posté le 06/02/2013

Voilà, dernière ligne droite au Festival de Gerardmer et heureusement, les films les plus intéressants nous attendaient pour la fin. Au programme : une nouvelle histoire de fantômes familiale (Mamá), une expérience sonore (Berberian Sound Studio), un grand film d’une puissance exceptionnelle (Cloud Atlas) et le petit solitaire the End, sans oublier le palmarès.

Produit par Guillermo Del Toro, le premier film de Andés Muschietti d’après son propre court-métrage, Mamá, raconte l’histoire assez traditionnelle d’un couple qui recueille des enfants qui ont vécu seuls dans la forêts après la disparition de leurs parents. Tout de suite, le thème de la famille et de la maternité deviennent primordiaux dans ce drame fantastique qui souffre d’une impression de déjà vu. En effet, la patte de Guillermo Del Toro est bien là mais n’arrive pas au niveau de ce qu’arrive en général à faire le réalisateur.
Toutefois, Muschietti s’en sort très bien avec un film à la réalisation maîtrisée, posant une véritable ambiance et profitant d’une Jessica Chastain dont la force et la fragilité font encore merveille dans le personnage de cette femme qui apprend à devenir une mère. Malheureusement, les effets numériques et la musique omniprésente du film gâchent un peu la poésie du film et le sujet n’est abordé qu’en surface. Mais il reste tout de même un film agréable intéressant à regarder qui allait à coup sûr plaire au public et au jury.

Suite de la compétition avec un film expérimental nommé Berberian Sound Studio. Un film étrange et déroutant, au sujet difficile à cerner, misant plus sur son ambiance que sur son histoire. Le réalisateur Peter Strickland met ici en scène un bruiteur de cinéma à qui il arrive d’étranges histoires. Et avec un héros bruiteur, impossible de ne pas prêter attention au travail sur le son qui est ici exceptionnel en plus d’une image particulièrement soignée, nous plongeant alors dans une ambiance oppressante en hommage au giallo.
Avec une telle maitrise technique, il est donc dommage de ne pas avoir rendu l’histoire plus accessible (sans toutefois lui faire perdre une partie de son mystère) puisqu’ici c’est la confusion qui règne sans vraiment de fil conducteur hormis la folie de son personnage auquel il est difficile de s’identifier. Le film risque donc autant d’intriguer que de décourager les spectateurs et c’est dommage.

Place ensuite au film le plus attendu du festival, le très ambitieux Cloud Atlas des Wachowski et de l’allemand Tom Tykwer, adapté de la Cartographie des Nuages de David Mitchel. Le trio a donc l’audace de porter à l’écran 6 histoires aux styles très différents, du journal de bord d’un avocat sur un navire il y a des siècle à un récit de SF manipulatrice en passant par un complot des 70’s. Et pourtant ils arrivent à entremêler ces époques, ces aventures et ces héros de manière limpide pour montrer naturellement les connexions, les conséquences qu’ont leurs actes sur les récits qui suivent et les messages de l’œuvre.
Avec une maîtrise technique irréprochable (les images et la musique sont sublimes, le montage d’une fluidité hallucinante en ne laissant jamais retomber l’attention entre les histoires sur 2h50), Cloud Atlas est aussi une histoire d’une richesse immense, à la fois dans les émotions qu’elle provoque mais aussi dans les pensées et valeurs qu’elle transmet. Amour, courage, liberté, voilà ce qui motive ces histoires par lesquelles il faut simplement se laisser porter pour mieux les ressentir. Les réalisateurs tissent, avec les acteurs aux multiples facettes, les fils d’un récit qui va s’enrichir à chaque vision. Nous y reviendrons dans une critique plus complète mais on peut le dire maintenant, Cloud Atlas est un chef d’œuvre d’une puissance rare.

Et pour finir le festival, les organisateur ont eu la bonne idée de programmer le film espagnol The End. Idée qui ne dépassera pas le stade du jeu de mot puisque le film ne va pas remettre en perspective notre sentiment sur une sélection au final assez pauvre. En effet, ce premier film qui raconte les retrouvailles d’une bande d’amis qui va se retrouver confrontée à la fin du monde, à la disparition progressive de toutes les personnages du groupe. Le postulat de départ était intéressant et promettait une bonne petite réflexion sur la solitude et l’amitié. Hélas, ce sera vite oublié pour livrer un récit linéaire et sans surprise.
Très plat et avec des personnages peu intéressants, the End traine en longueur et ce ne sont pas quelques séquences comme la poursuite des héros à vélo par une meute de chien qui nous sortira de l’impression de voir un film se déroulant dans un Center Parc. C’est certain, on attendait mieux comme touche finale au festival.

Ces 20 ans du Festival du Film Fantastique de Gerardmer se sont donc révélés assez pauvre, à la fois en compétition et hors compétition et seule une poignée de films auront finalement retenu notre attention. Est-ce juste le reflet des intentions des réalisateur ou du genre qui a aujourd’hui du mal à exister ? Toujours est-il que même le jury présidé a eu du mal à se décider sur les prix à décerner. Voilà donc le palmarès assez prévisible du festival.

– Grand Prix : Mamá de Andrés Muschietti
– Prix du jury ex-aequo : Berberian Sound Studio de Peter Strickland et The End de Jorge Torregrossa
– Prix du public : Mamá de Andrés Muschietti
– Prix de la critique : Berberian Sound Studio de Peter Strickland
– Prix du jury jeunes : Mamá de Andrés Muschietti
– Prix du jury SyFy : You’re Next de Adam Wingard
– Grand prix du court-métrage : Mort d’une Ombre de Tom Van Avermaet

Tandis que de notre côté, nous aurions préféré récompenser The Bay pour son immersion dans la contagion en docu-fiction et You’re Next pour son bon défouloir, sans oublier évidemment l’immense Cloud Atlas.

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