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Culte du dimanche : Videodrome

posté le 10/02/2013

A l’occasion de l’arrivée de Cronenberg fils au cinéma avec le viscéral Antiviral, on replonge dans les jeunes années de David Cronenberg avec l’un des films qui regroupe toutes ses préoccupations : Videodrome.

Au début des années 80, le jeune David Cronenberg était en train de montrer qu’il pouvait développer son univers et provoquer des frissons avec peu de budget. Son Scanners en est ainsi l’un des exemples explosifs. 2 ans plus tard, il écrit et réalise Videodrome, une histoire étrange qui lui permet délivrer une critique acerbe de la télévision.

Max Renn (James Woods), est le programmateur d’une chaîne de télé racoleuse qui ne trouve que le sexe et la violence pour faire de l’audience. Un jour, il tombe sur la cassette de Videodrome, sorte de snuff movie où un homme est torturé. Intrigué, il va chercher à en savoir plus et se  rendre compte va provoquer d’étranges phénomènes bien plus malsains.

Avec Videodrome, David Cronenberg nous emmène donc dans des contrées inexplorées et assez dérangeantes du cinéma sans pour autant jouer la provocation gratuite. Il expose ici toutes les dérives de la télévision, de l’hypnose qu’elle provoque auprès du public mais aussi cette quête de sensationnel des médias qui permet de tenir leur audience sous perfusion permanente  de programmes dont le mauvais goût se renforce de plus en plus. Avec 15 ans d’avance sur l’arrivée de la télé-réalité (se moquant alors des premières dérives de MTV), Cronenberg en voyait déjà les dérives et se montrait clairement contre la manipulation des médias, discours qui n’a pas vraiment changé depuis.

Mais Videodrome est aussi l’occasion pour Cronenberg de montrer une autre de ses obsessions, celle de la chair et de sa fusion avec la machine. Que ce soit le sado masochisme d’une héroïne qui trouve plaisir à se faire percer les oreilles pendant l’acte, la télévision qui devient vivante et qui provoque une étrange tumeur, le casque que met le héros pour en apprendre plus sur Videodrome, cette plaie béante dans le ventre ou encore la fusion du révolver et de la main du héros, de nombreuses scènes explorent ainsi les limites du corps humain et sa transformation pour le rapprocher de la télévision. Des images que le réalisateur filme de manière dérangeante et qui marquent clairement l’esprit.

Avec une ambiance malsaine, David Cronenberg créé aussi un univers particulier où le virtuel et le métaphysique approchent aussi une certaine mythologie. Ainsi, le nom du docteur qui ne parle qu’à travers l’écran, Oblivion, a une portée spirituelle qui s’ajoute encore à l’étrangeté du film et le rôle ambigu de Nicki Brand (Deborah Harry du groupe Blondie) va aussi dans ce sens. L’incursion du fantastique et de ces préoccupations très underground dans le quotidien mettent alors le spectateur dans une situation inconfortable et pourtant fascinante qui donne à Videodrome tout  son intérêt.

Videodrome rassemble ainsi toutes les préoccupation de David Cronenberg qui n’hésitera pas à les explorer ensuite davantage dans des films plus accessibles comme La Mouche grâce auquel il rencontrera le grand public, des thèmes qu’il explorera de cette manière jusqu’à la fin des années 90 (Existenz). Malsain, dérangeant, viscéral et acerbe, on ne peut vraiment appréhender l’œuvre et l’esprit dérangé du réalisateur sans avoir vu ce Videodrome qui reste malgré tout assez underground mais a marqué le cinéma fantastique.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 13/02/2013 à 14:45 | #1

    Un des sommets de sa carrière et, à mon sens, une réussite absolue.