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Culte du dimanche : l’Etrangleur de Boston

posté le 14/04/2013

Après Les Inconnus dans la Ville, c’est à l’Étrangleur de Boston de l’éditeur Carlotta offre une nouvelle vie. L’occasion de se pencher sur un nouvel aspect du cinéma de Richard Fleischer.

Richard Fleischer est assurément un réalisateur écléctique, n’ayant pas peur de s’attaquer à tous les genres sans pour autant que ses films ne ressemblent à des commandes. Assez sous-estimé, il a pourtant été plus qu’un faiseur remarquablement efficace, toujours honnête et surtout moderne pour l’époque à laquelle il tournait. Il le prouve considérablement dans l’Etrangleur de Boston sorti à la fin des années 60.

Le réalisateur adapte ici un fait divers qui a effrayé toutes les femmes de Boston au début des 60’s. Un serial killer semait en effet la terreur en étranglant des femmes chez elles. Après 13 victimes, Albert de Salvo a été arrêté et enfermé mais un certain mystère demeure pourtant encore. Cette histoire est l’occasion pour le réalisateur de nous offrir un thriller redoutable dont la mise en scène et le découpage restent encore aujourd’hui un exemple, tout autant que son intrigue à suspense.

En effet, pour ce film, le réalisateur s’est particulièrement documenté (en s’inspirant du roman de Gerald Frank) afin d’offrir le maximum d’authenticité à son récit. Ainsi, Fleischer pose tout de suite un univers se rapprochant du quotidien, donnant des repères comme l’assassinat de JFK. En nous exposant ainsi l’Amérique comme une période troublée, le réalisateur fait déjà monter l’inquiétude mais sa manière quasi-documentaire de nous raconter son histoire à travers les découvertes de l’enquête va en accentuer le suspense. Toute la première partie du film, nous suivront ainsi les agissements des inspecteurs en charge de l’enquête, découvrant des corps qui s’empilent alors que les fausses pistes se multiplient.

C’est aussi l’occasion pour Fleischer de montrer une nouvelle manière de raconter son histoire. Si le split screen n’est pas nouveau, le réalisateur utilise le procédé de façon particulièrement marquante et audacieuse. La division de l’écran pour montrer des actions parallèles aux agissement du tueur est ici particulièrement efficace pour maintenir une tension permanente mais aussi pour étendre la portée narrative de l’histoire en multipliant les points de vue. C’est par l’utilisation du split screen que l’on ressent bien la terreur qui commence à prendre dans la ville mais aussi que l’on comprend la folie du tueur qui n’a même plus conscience de ses actes.

Car après l’enquête, la seconde partie du film se concentre plus spécialement sur le personnage de l’étrangleur incarné par un Tony Curtis d’une intensité remarquable. A la fois redoutable et en même temps perdu et vulnérable, l’acteur fait du tueur un être torturé et difficile à cerner pour qui on se prend tout de même d’affection. Le point culminant de cette ambivalence arrivera lors de l’interrogatoire final qui le mettra face à l’inspecteur Bottomly (incarné par Henry Fonda, éternel bon samaritain du cinéma américain). La rencontre des  deux personnages dans cette salle d’un blanc immaculé donne alors un air presque irréel au film et place encore plus le spectateur dans une situation inextricable pour nous offrir un moment de tension diabolique.

Avec l’Etrangleur de Boston, Richard Fleischer montre encore qu’il est un réalisateur d’une efficacité redoutable, utilisant tous les moyens du cinéma pour garder les spectateurs immergés dans son récit. Impossible alors de ne pas voir dans ce thriller les prémices des films sur les affaires criminelles qui suivront jusqu’au récent Zodiac de David Fincher.

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