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Culte du dimanche : Géant

posté le 06/10/2013

Avec la sortie événement d’un coffret bluray regroupant les 3 films de James Dean ce 2 octobre, il était temps, après A l’Est d’Eden et la Fureur de Vivre, de parler de Géant, fresque familiale intimiste dans laquelle l’étoile filante tenait la vedette aux côté de Liz Taylor.

Oscarisé en 1952 pour Une Place au Soleil, le réalisateur George Stevens s’était mis en tête de réaliser une grande fresque adaptée du roman d’Edna Ferber, Géant. Il aura fallu 3 ans de préparation afin de porter à l’écran cette histoire se déroulant sur près de 30 ans, racontant la vie de Jordan Benedict, son épouse puis leurs enfants ainsi que leur mécanicien qui va devenir plus tard un magnat du pétrole dans un Texas en pleine mutation. Un pari ambitieux qui se veut être aussi romanesque qu’un Autant en Emporte le Vent, de par sa durée (plus de 3 heures), son explosion de budget mais aussi par l’étendue des thèmes abordés par l’œuvre.

En effet, Géants a l’occasion d’aborder de nombreux sujets montrant à quel point le Texas est rétrograde par rapport aux autres états américain. Il est donc ici régulièrement question de racisme, de discrimination, de la place des femmes mais aussi de thèmes propres à la famille comme l’éducation des enfants et leur avenir (doivent-ils être les héritiers de l’entreprise familiale ou vivre leur vie ?) et évidemment de pétrole et d’argent (on n’est pas si loin de la série Dallas qui arrivera des années plus tard), changeant alors le visage du Texas mais ne rendant pas forcément plus heureux les riches.

Malheureusement, George Stevens n’a pas la même folie des grandeurs qu’un David O. Selznick et si la matière est bien là et qu’il arrive à ne jamais nous ennuyer pendant les 3 heures de film, il manque tout de même de ce grain de démence qui ferait de Géants un film qui porterait haut et fort son titre. Hélas, le réalisateur ne va pas nous emporter avec sa mise en scène très académique mais simplement se laisser guider par un récit familial intimiste et passionnant et quelques paysages du Texas particulièrement cinématographique. On aurait souhaité que l’ensemble soit plus romanesque mais la saga se révèle tout de même déjà assez riche et surtout portée par des acteurs qui illuminent les spectateurs de leur charisme pendant 3 heures et dont le maquillage pour faire passer les années n’effacera jamais le talent.

En effet, après Une Place au Soleil, George Stevens choisit de retravailler avec Elizabeth Taylor et lui confie le rôle de Leslie Benedict, femme forte qui cherche à s’imposer dans le monde texan et va changer certaines méthodes du ranch en s’occupant notamment du camp des domestiques. Avec ce personnage d’une grande humanité, l’actrice est l’étincelle qu’il fallait au film pour briller aux côté d’un Rock Hudson imposant et c’est bien ce rôle qui la fera passer de la popularité à la légende vivante, traçant son chemin jusqu’à Cléopâtre. Ensemble ils donnent de la consistance à leur famille qui va grandir petit à petit (le jeune Dennis Hopper jouant même leur fils).

Mais face à Liz Taylor, c’est surtout James Dean qui va encore exploser alors qu’il n’a que le 3e rôle. Repéré par le George Stevens avec A l’Est d’Eden, l’étoile montante travaille le rôle de écorché vif Jett Rink qui était destiné au départ à Alan Ladd (qui avait joué dans le précédent film du réalisateur L’Homme des vallées perdues). Mais assez vite les relations entre le réalisateur et l’acteur adepte de la méthode de l’Actor’s Studio vont se détériorer. Même Rock Hudson a du mal à lui donner la réplique mais il est impossible de se passer du caractère de James Dean qui donne à Rink un charisme et une rage inattendus.
Et Liz Taylor, devenue quand à elle son amie, ne cessera de le défendre, donnant alors à leurs scènes commune une réelle alchimie. Impliqué dans son rôle, James Dean se montrera, sur le fil du rasoir, à la limite du ridicule, particulièrement intense, jusque dans son discours final lorsque, vieilli et sombrant dans l’alcool, il réalisera que l’argent du pétrole ne lui aura rien apporté. Hélas, il trouvera la mort une semaine après la fin du tournage, ce qui ne l’empêchera pas d’être une fois de plus nommé aux oscars de manière posthume, entrant ainsi définitivement au panthéon des mythe d’Hollywood.

Géants n’est peut-être pas la grande fresque romanesque attendue mais n’en est pas moins tout de même un grand film, une histoire familiale passionnante au contexte qui ne l’est pas moins et qui sera récompensé autant par le public, la critique et la profession. Mais c’est surtout pour ces acteurs que le film passera à la postérité et en particulier pour la dernière performance touchante et rageuse d’un James Dean toujours habité et incarnation éternelle de l’Amérique perdue.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. Brin d’Herbe
    07/10/2013 à 09:44 | #1

    Très belle chronique, vous vous améliorez bravo !