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Antiviral, critique

posté le 19/02/2013

Après ses passages Ă  Cannes, Toronto et l’Etrange Festival, Antiviral, l’Ă©trange film de Brandon Cronenberg est enfin arrivĂ© dans les salles. Une chose est sĂ»re, il est bien le fils de son père et nous offre un film malade et dĂ©rangeant.

Difficile parfois pour un jeune cinĂ©aste de passer après son père lorsque celui-ci a dĂ©jĂ  un univers bien marquĂ© et rares sont ceux qui arrivent finalement  Ă  se faire un prĂ©nom. Dans la famille Cronenberg, nous demandons cette fois le fils, Brandon, qui nous prĂ©sente son premier long-mĂ©trage. Partant du principe que les gens sont devenus assez fous pour s’inoculer les maladies que contractent les stars, le jeune rĂ©alisateur nous propose une histoire de trafic de maladie dans un univers froid et hypnotisant. EmployĂ© par la clinique Lucas, Syd March revend Ă  tour de bras les dernières infections de la superstar Hannah Geist. Mais pour arrondir ses fins de mois, il transmets aussi des souches de virus Ă  un dealer du coin. C’est ainsi qu’il se retrouve porteur du virus qui vient de faire mourir la star. Il va alors tout tenter pour trouver un remède.

Évidemment, la filiation avec le père David est indĂ©niable tant le fils semble obnubilĂ© par les mĂŞmes thèmes. ObsĂ©dĂ© par la chair, le sang et la fusion avec la machine mais aussi par les dĂ©rives des mĂ©dias, Brandon Cronenberg rĂ©alise avec Antiviral un film riche qui met sur la table tout ce qu’il a hĂ©ritĂ© de son père. Évidemment, c’est parfois bancal et ça aurait mĂ©ritĂ© un rythme un peu plus poussĂ©, mais le rĂ©sultat, pour un premier film, c’est sacrĂ©ment prometteur.

A travers cette histoire de science-fiction malade, le réalisateur pose une critique acerbe sur notre société de consommation médiatique. Les stars sont complètement déifiées et en même temps dépersonnalisées pour répondre à la demande de la masse zombifiée de fans (qui mangent des steaks de cellules de stars).
Brandon Cronenberg Ă©toffe petit Ă  petit son univers mais va surtout nous emmener dans ses bas-fonds avec son histoire de trafic digne d’un film noir mais placĂ©e dans la clartĂ© et la froideur clinique d’Antiviral. Il nous impose ainsi une patte graphique (l’image et le son sont particulièrement travaillĂ©s) dont le sang et l’idĂ©e de la mort qui approche sont les composantes phares.

Pour servir cette vision dĂ©rangeante, le rĂ©alisateur a trouvĂ© en Caleb Landry Jones le cobaye idĂ©al. L’acteur qui incarnait le mutant Banshee dans X-Men First Class fait ici parler l’Ă©trangetĂ© de son physique blafard et la rage de son regard Ă  son personnage. Syd est ainsi prĂ©sentĂ© comme un vampire, obsĂ©dĂ© par le sang malade des stars qu’il s’inocule pour le trafiquer. Une vision qui donne un aspect plus fantastique et Ă©trange Ă  Antiviral et qui prend toute sa consistance et son mordant dans la dernière scène du film.

Avec Antiviral, le fils Cronenberg marche donc sur les traces ensanglantĂ©es de son père avec un film viscĂ©ral portant les mĂŞmes obsessions et discours. Pour autant il trouve tout de mĂŞme sa propre personnalitĂ© avec une Ă©trangetĂ© lĂ©chĂ©e qui fait froid dans le dos. Premier essai parfois bancal mais incroyablement intriguant et hypnotisant, cet Antiviral est le premier pas d’un jeune cinĂ©aste Ă  suivre et qui devrait s’affirmer dans ses prochains films pour se faire un prĂ©nom. Fascinant.

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