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PIFFF 2012 (3e partie)

posté le 26/11/2012

On poursuit notre exploration du PIFFF avec cette fois un loser déjanté, un huis clos suffocant, une vieille acariâtre, des soldats universels et un nouveau film multiple.

La compétition se poursuit et s’améliore de jour en jour sans pour autant atteindre un niveau grandiose et offrir de vrais coups de coeur (excepté Citadel). Avec Crave, le réalisateur Charles de Lauzirika (fidèle collaborateur de Ridley Scott) s’oriente vers le film urbain et nous présente Aiden, photographe de scènes de crimes qui pense avoir trouvé l’amour avec sa jeune voisine … mais son métier et l’environnement pas très sain dans lequel il vit détonnent sur sa personnalité et sur sa raison.
Alternant beaux moments avec des scènes vraiment touchante dans son histoire d’amour et d’autres scènes choc imaginées qui nous sortent du film, Crave se trouve ainsi entre deux impressions. D’un côté on aime  son idée, l’intention qu’il a pour son personnages et sa volonté de tenter des choses dans la mise en scène. Mais de l’autre, les gros tics de mise en images, sa lourdeur et son personnage de loser casse-pieds est sacrément énervant et nous empêche d’aimer le film. Dommage.

Voilà une production originale au premier abord présentée hors sélection. The Seasoning House suit une jeune muette dans un bordel fauché et violent des Balkans qui permet aux soldats de passer du bon temps. Heureusement pour elle, elle n’en subit pas les sévices mais s’occupe de la maison et de préparer les filles avant chaque arrivée de la clientèle. Pendant près d’une heure, le film se déroule ainsi dans un huis-clos pesant pour virer au jeu du chat et de la souris lorsque ça commence à mal tourner. C’est prenant, avec une gestion de la tension impeccable (parfois lourdement appuyée par les ralentis) tout en utilisant efficacement (même si c’est fait de manière un peu bancale) le handicap de son héroïne. Ici, l’univers envoûtant (grâce à un gros travail sur le son et des images plutôt léchées) le dispute au suffocant des images choc.
Le film aurait pu être la véritable bombe du festival si il n’y avait pas eu cette dernière partie qui vient tout gâcher et on ne comprend toujours pas pourquoi il a fallut que le réalisateur sorte si rapidement de la maison pour poursuivre son film dans un survival  cliché et incroyablement grotesque.

Retour du retro en compétition avec the Butterfly Room. L’actrice culte du genre, Barbara Steele, est de retour dans ce film fait à l’ancienne. Elle y incarne une mère possessive et en mal d’amour, cherchant à tout prix à en donner à la fille de la voisine. Un personnage haut en couleur pour l’actrice, avec une psychologie assez poussée par de nombreux flash-back mais totalement cliché. Car le film n’invente strictement rien et malgré un rythme qui n’ennuie pas, tout est prévisible sans être vraiment trash. Hormis quelques clins d’oeil amusants (un caméo de Joe Dante), c’est donc le calme plat et ça se suivra sans grandes envolées.

Suite aussi attendue qu’improbable de ce festival, Universal Soldier : Day of Reckoning fait figure d’ovni en prenant le genre et la saga à revers. En effet, ici il est peu question d’action et le film sera même assez avare de ce côté, préférant se lancer par moments dans l’expérimental. Tout repose en fait sur une ambiance sonore très travaillée et le choc des coups pour nous faire ressentir la confusion du héros qui vient de perdre sa famille et ne va chercher qu’une chose : retrouver le responsable. Car si on retire le style adopté pour la mise en scène, l’histoire est simplissime et plutôt classique.
Entre cadrages étudiés, effets stroboscopiques, vues subjectives, plan séquence de jeu vidéo, sang qui gicle sur les murs et membres coupés, jusqu’au maquillage d’un JCVD dérangé sorti d’Apocalypse Now, le film ne manque pas d’audace, pour le meilleur et pour le pire. En prenant son temps il prend même le risque de perdre le spectateur qui n’attend qu’une chose, que la bagarre commence. Et si celle-ci se fait désirer, lorsqu’elle est là, elle fait aussi mal qu’elle est impressionnante comme ce duel qui oppose Scott Adkins à Dolph Lundgren. Surprenant, cet Universal Soldier l’est à plus d’un titre et contre toute attente mériterai bien un coup d’œil si il ne trainait pas autant en longueur.

Décidément, ces coréens sont fous ! Avec Doomsday Book, Yim Pil-Sung et Kim Jee-Woon nous offrent 3 visions de la fin de l’humanité entre humour et spiritualité avec un véritable fil conducteur et une belle interrogation. Au premier revient donc l’honneur d’ouvrir et de fermer ce film à sketches. Avec A Cool New World, nous avons à faire à une propagation de virus zombie due à notre propre système de recyclage qui nous fera hésiter à manger dans un resto coréen. Traité un humour bien coréen, cette satire montre bien comment nous serons les acteurs de notre propre faim/fin. Il conclura le film dans la même veine avec Happy Birthday, drôle d’histoire de famille confrontée à la prochaine collision d’une météorite qui nous fera particulièrement rire avec son dernier JT de l’humanité.
Mais c’est sans doute la partie centrale du réalisateur de J’ai rencontré le Diable qui retiendra toute l’attention. Dans Heavenly Creature, il s’intéresse à un robot qui a développé un grand sens de la spiritualité et  pourrait être le nouveau Boudha. Évidemment, les pouvoirs en places refusent cette possibilité que qu’une machine puissent devenir un dieux, que la créature devienne créateur. Entre réflexions sur la religion, la place de l’homme et celle de la technologie, entre Aasimov et Oshii, le réalisateur pose des questions plus métaphysiques qui rompent avec le rythme d’ensemble mais donne tout de suite plus de profondeur à cette fin du monde et de l’humanité. Avec ces ingrédients réunis, Doomsday Book s’annonce donc comme l’une des plus belles surprises du festival.

Retrouvez le reste des films vus dans la programmation.

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