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La Vie sans Principe, critique

posté le 05/07/2012

Johnnie To s’intéresse à la crise financière avec La Vie sans principe de manière bavarde mais pour bien marquer toute l’absurdité de la situation.

Il n’y a pas qu’en Europe que nous vivons une crise financière. Toutes les économies étant interconnectées, la crise grecques a eu des échos jusqu’à Hong Kong où Johnnie To s’y est intéressé avec La Vie sans Principe. Il dresse le portrait croisé de 3 personnes de tout bord alors que la bourse s’effondre. D’un côté une employée de banque qui ne reculera devant rien pour enfin atteindre son chiffre à la fin du mois, de l’autre un escroc loser qui doit aider un ami dans le besoin, sans oublier un flic intègre qui a bien besoin d’argent pour acheter un appartement.

Débutant avec la vente presque forcée d’un investissement risqué par l’employée de banque à une mamie qui veut désespérément gagner plus, Johnnie To nous perd légèrement dans les méandres financières mais donne tout de suite le ton. Ses personnages sont cupides et c’est l’argent qui a tout pouvoir sur la société. Dès lors, il n’hésite pas à montrer les travers et l’absurdité de ce système et cela va aller en s’amplifiant à chaque personnage que nous allons découvrir, tous liés par un règlement de compte qui a eu lieu dans le parking de la banque.

Ainsi, le réalisateur, en plus de tenter de nous perdre dans le milieu de la finance, n’hésite pas non plus à bousculer la chronologie de son film. Si l’on a du mal à entrer dans le film dans la première partie tout en y voyant des personnages et dialogues intéressants, c’est une fois que l’on comprend que la boucle se met en place que notre intérêt est vraiment piqué au vif, nous montrant bien en quoi ces personnages sont interconnectés sans même le savoir mais également en nous montrant comment leur destin est lié aux fluctuations boursières.

Même si, au bout du compte, le film ne raconte rien de bien neuf sur le sujet de la crise, Johnnie To trouve un angle intéressant en se penchant sur des personnages de losers qui veulent à tout prix gagner de l’argent. Si une certaine violence est présente, pas un coup de feu ne sera tiré mais il en résulte quelques situations totalement invraisemblables où le réalisateur joue avec le spectateur. Alors que nous pensons que le récit va s’articuler d’une certaine manière, il va en prendre complètement le contrepied. A titre d’exemple, la scène où l’escroc Panther prend une bouteille en main pour assommer un trafiquant et échoue lamentablement dans sa lancée nous révèle bien toute la nature de son personnage incapable de quoi que ce soit et le film est ainsi parcouru de scènes au déroulé imprévisible tant c’est finalement absurde.

C’est donc avec une légèreté cinglante que Johnnie parle de la crise pour mieux mettre en exergue la cupidité qui habite chacun de nous. Comme que ce n’est pas seulement l’apanage des bandits, boursiers et politiques, ici ce sont des gens normaux (ou presque) qui doivent régler leurs problèmes d’argent vont y arriver par les moyens les moins honnêtes possible et c’est ce qui rend le film aussi drôle qu’intéressant.

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