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Killer Joe, critique

posté le 10/09/2012

William Friedkin revient en très grande forme avec Killer Joeun jeu de massacre texan cynique, noir et ultra violent qui laisse sur le carreau à la sortie. Attention film choc et assurément le meilleur de la rentrée.

On n’avait plus parlĂ© de William Friedkin depuis la sortie plutĂ´t confidentielle de Bug. Il faut dire que malgrĂ© les grands films que sont French Connection et l’Exorciste, le rĂ©alisateur n’a pas rĂ©ussi Ă  avoir la place qu’il mĂ©rite dans les annĂ©es qui ont suivit. Cela ne veut toutefois pas dire qu’il a perdu de son talent ou de sa verve, bien au contraire. Pour son retour sur les Ă©crans, après Bug, il s’attaque Ă  une autre pièce de Tracy Letts, Killer Joe. L’association des deux  personnalitĂ©s ayant dĂ©jĂ  plutĂ´t bien portĂ© ses fruits, forcĂ©ment, cette nouvelle collaboration avait de quoi Ă©toffer notre impatience et on sera bien servi.

Après la paranoĂŻa de Bug, Killer Joe va cette fois venir donner un coup de pied dans la fourmilière texane. Pour l’histoire, Chris, un petit dealer en galère, va monter une arnaque Ă  l’assurance-vie avec son père pour rembourser ses dettes et prendre la fuite. Pour toucher la prime, il lui faut assassiner sa mère. C’est lĂ  qu’entre en scène Killer Joe, tueur Ă  gage très Ă  cheval sur ses principes qui, en caution, va demander jouer un peu avec la sĹ“ur lĂ©gèrement barrĂ©e de Chris.

Sur cette base, le scĂ©nario prend le temps de se mettre en place, installant ses personnages dans un cadre poisseux ou la chaleur succède au nuits d’orage. Cette mise en place peut souvent paraitre laborieuse, Ă  la fois dans la mise en scène et dans l’Ă©criture. Très souvent dans la première partie du film, on se demande bien oĂą veut en venir le rĂ©alisateur. Mais cela ne l’empĂŞche pas de critiquer de manière assez acerbe les travers d’un certain cĂ´tĂ© de l’AmĂ©rique cupide qui serait prĂŞt Ă  tuer père et mère pour du fric.

Ainsi, Chris et son père (Emile Hirsch et Thomas Haden Church) sont clairement dĂ©crits comme des losers bas de plafond et il Ă©tait Ă©crit que leur plan allait dĂ©raper Ă  la moindre occasion. D’un autre cĂ´tĂ© Dottie, Ă  la fois innocente et provocante (personnage parfait pour Juno Temple qui n’en finit pas avec les personnages complètement barrĂ©s) n’a que rarement le sens des rĂ©alitĂ©s. Mais celui va bouffer toute la pellicule c’est bien sĂ»r le Killer Joe qui va mener toute cette famille Ă  un point de non retour dans leur plan mal conçu. Froid et machiavĂ©lique Matthew McConaughey fait du tueur un professionnel que l’on adore dĂ©tester, d’autant plus qu’il donne une bonne leçon Ă  cette famille de losers qui fait vraiment passer les amĂ©ricain moyens pour des demeurĂ©s limite consanguins (Chris a du mal Ă  couper le cordon avec sa soeur Ă  un point que ça peut en ĂŞtre malsain) et facilement manipulables.

PassĂ©e cette mise en place, le meilleur est Ă  venir car le rĂ©alisateur va alors mener son dernier tiers de main de maĂ®tre. Regroupant tous ses personnages dans un huis clos haletant, il va ici effacer tous les dĂ©fauts que l’on pouvait voir au dĂ©but. Avec une rĂ©elle maĂ®trise de l’espace et de rythme, il ne va pas laisser la pression retomber jusqu’Ă  la fin du film. Dans une scène de dĂ®ner complètement surrĂ©aliste menĂ©e par Killer Joe, il se montre violent, noir et n’Ă©vite pas les effets chocs qui nous partagent entre le rire nerveux et le frisson d’un personnage complètement imprĂ©visible et grandiloquent. Ici, tous les protagonistes en prennent pour leur grade dans une ambiance poisseuse et vraiment tendue. Sans limite et sans morale, Friedkin mène le jeu avec un McConaughey vraiment grandiose pour nous laisser Ă  la fin le souffle coupĂ© par tant d’insolence.

Allant très loin dans la critique de l’amĂ©ricain moyen perçu ici comme un bouseux minable, Friedkin rĂ©alise avec Killer Joe un film acerbe et violent qui ne manquera pas de faire dĂ©bat après sa longue conclusion dĂ©jĂ  anthologique. Une chose est claire, le rĂ©alisateur n’a rien perdu de son Ă©nergie et de sa verve et ça fait plaisir de le voir ainsi en pleine forme et nous offrant ainsi certainement l’un des meilleurs chocs de l’annĂ©e.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 10/09/2012 Ă  15:36 | #1

    Effectivement ça fait plaisir de le revoir à ce niveau avec un film qui offre son lot de scènes marquantes. 3/4

  2. 17/09/2012 Ă  12:37 | #2

    http://critiquedecine.canalblog.com/archives/2012/09/17/25120455.html

    Un film Ă  voir. Noir, drĂ´le et immorale. Friedkin renoue avec un principe hoolywoodien : le rythme. C’est nerveux, tendue et explosif. La direction d’acteur est impressionnante, tout comme le jeu talentueux de McConaughey. Une mise en scène au service d’un film grotesque et violent.