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Guilty of Romance, critique

posté le 03/08/2012

Sono Sion a enfin le droit aux Ă©crans français avec Guilty of Romance, l’occasion de dĂ©couvrir le cinĂ©ma excessif, hystĂ©rique, Ă©rotique, violent, fou et colorĂ© du rĂ©alisateur japonais !

Depuis qu’il s’est fait repĂ©rer avec Suicide Club, Sono Sion est devenu une bĂȘte de festivals. FanTasia, Berlin, Venise, Deauville ont accueilli le rĂ©alisateur japonais qui n’est que rarement reparti bredouille. C’est Ă  la Quinzaine des rĂ©alisateurs lors de Cannes 2011 qu’a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en version longue ce Guilty of Romance qui inaugure donc la prĂ©sence dans les salles françaises de Sono Sion (en version internationale plus courte mais sans manque).

Avec Guilty of Romance, le rĂ©alisateur nous entraine dans la plongĂ©e en enfer d’Izumi. MariĂ©e Ă  un romancier froid et absent, sa vie n’est qu’attente Ă  la maison, prison dorĂ©e dont elle ne peut s’Ă©chapper. Mais lorsqu’elle dĂ©cide de sortir, une femme vient lui faire une Ă©trange proposition : poser nue. Un premier pas qui va l’entrainer dans une spirale sexuelle infernale oĂč elle pourra assouvir ses dĂ©sirs depuis si souvent refoulĂ©s ! En parallĂšle nous suivrons une enquĂȘte policiĂšre aprĂšs la dĂ©couverte d’un Ă©trange cadavre dans le quartier des « love hotels » … l’enquĂȘte nous mĂšnera alors vers le destin d’Izumi.

MĂȘlant le giallo et le roman porno japonais avec la folie qui le caractĂ©rise, Sono Sion dĂ©livre avec Guilty of Romance un rĂ©cit initiatique et Ă©rotique Ă©trange, fascinant et dĂ©routant et n’hĂ©site pas Ă  montrer l’envers du dĂ©cors de la sociĂ©tĂ© japonaise pour le faire exploser. Au travers de la relation fausse entre Izumi et son mari, le rĂ©alisateur montre bien toute l’hypocrisie qui peu rĂ©gner dans un couple et dans certaines traditions de la femme au foyer. Puis c’est Ă  travers la libĂ©ration sexuelle de cette femme que s’affirmera un discours fĂ©ministe ambigu et jamais gratuit car au travers de son aventure, Izumi va trouver la force de faire face Ă  son mari et d’affronter la vĂ©ritĂ© qui se cachait Ă  l’extĂ©rieur.

On pourra reprocher au film d’ĂȘtre finalement assez prĂ©visible et d’entretenir une certaine lourdeur dans son propos mais Sono Sion sait en jouer et en fait mĂȘme sa force. Toujours excessif, il n’hĂ©site pas Ă  montrer des personnage caricaturaux pour les dĂ©truire ou en rĂ©vĂ©ler une autre facette mais surtout il ne fait pas dans la demi-mesure dans l’interprĂ©tation. Loin de la froideur du foyer, les personnages crient, grimacent  et y vont franchement dans les gestes violents dans la nuit colorĂ©e et psychĂ©dĂ©lique avec une mĂ©chancetĂ© rĂ©elle. AprĂšs le calme de surface du dĂ©but du film, la folie gagne le mĂ©trage qui finira dans le fluo dĂ©bridĂ©, nous mettant aussi mal Ă  l’aise devant la perversion qui se dĂ©gage de l’histoire que fascinĂ© par cette mise en image d’une esthĂ©tique Ă  tomber.

ƒuvre de l’underground japonais par excellence, Guilty of Romance est donc aussi magnifique que tordu et hystĂ©rique, aussi grandiloquent que violent et colorĂ© et c’est bien ce qui en fait une expĂ©rience de cinĂ©ma marquante. Un nouvel excĂšs de Sono Sion qui frappe autant par son discours que par ses personnages et sa maitrise du cadre. Il ne nous reste donc plus qu’Ă  espĂ©rer maintenant que les autres Ɠuvres de l’auteur aient aussi droit aux honneurs des salles de cinĂ©ma.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. Fred
    03/08/2012 Ă  11:47 | #1

    Super article. Savez vous si on peut dĂ©jĂ  trouver ce film sur internet ? 🙂

  2. FredP
    03/08/2012 Ă  12:19 | #2

    Pas encore, il va falloir attendre 4 mois 😉

  3. 05/08/2012 Ă  12:17 | #3

    Pour moi malgrĂ© ses qualitĂ©s certaines ça reste un scĂ©nario bancal. Quelques moments de grĂąces (toujours hors sexe, le sexe Ă©tant souvent risible et hystĂ©rique) mais aussi des trous bĂ©ants… Comment croire Ă  ce dĂ©vergondage d’une femme mariĂ©e Ă  priori coincĂ©e avec des scĂšnes de menace quasi inexistante ?! Peu vraisemblable. L’enquĂȘte porte sur plusieurs meurtres mais la fin se focalise (et se finit !) sur un seul meurtre. Pourquoi l’histoire de l’Ă©pouse adultĂšre prend le pas sur l’autre intrigue Ă  la base de l’enquĂȘte ?… 1/4

  4. FredP
    05/08/2012 Ă  12:34 | #4

    @selenie C’est vraiment du Sono Sion, on aime son cĂŽtĂ© excessif et hystĂ©rique ou pas. L’enquĂȘte est volontairement mise de cĂŽtĂ© au profit de ce portrait de sociĂ©tĂ© grossier et caricatural mais prenant

  5. 09/08/2012 Ă  18:51 | #5

    J’ai aimĂ© le cĂŽtĂ© excessif notamment dans l’esthĂ©tisme mais ça n’empĂȘche pas que le scĂ©nario ressemble trop Ă  un gruyĂšre.

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