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De Rouille et d’Os, critique

posté le 17/05/2012

Après l’ouverture du Festival avec Moonrise Kingdom, un deuxième film très attendu au festival se dĂ©voile aujourd’hui, De Rouille et d’Os, de Jacques Audiard avec Marion Cotillard. Place donc Ă  un mĂ©lo qui se prend vraiment comme un uppercut.

Après la reconnaissance cannoise et le triomphe aux CĂ©sar de Un Prophète, Jacques Audiard Ă©tait attendu au tournant. Jamais lĂ  oĂą on l’attend, c’est en adaptant De Rouille et d’Os de Craig Davidson, gros mĂ©lo sentimental Ă  base de personnage brisĂ©s qui vont se trouver pour donner un sens Ă  leur vie, que le rĂ©alisateur le plus intĂ©ressant du cinĂ©ma français actuel nous revient. Et la seule chose que l’on peut dire c’est que le choc Ă©motionnel est bien lĂ  en sortant de la salle devant la force de ses personnages, l’intimitĂ© de la rĂ©alisation et la puissance de son rĂ©cit.

Dès le dĂ©part il imprime complètement sa patte au rĂ©cit en mettant en scène son mĂ©lo comme un polar mâtinĂ© de drame social, camĂ©ra au point, au plus près des personnages, captant leurs moindres Ă©motions, doutes, brefs moments de bonheur et nombreux coups durs que l’on se prend en pleine face avec une rare brutalitĂ©. Une mise en scène toute au service d’un rĂ©cit qui dĂ©gage une puissance Ă©motionnelle phĂ©nomĂ©nale car Audiard n’est jamais lĂ  oĂą on l’attend et un moment de bonheur peut rapidement basculer dans le drame le plus violent tandis qu’une rĂ©plique pourra faire sourire en Ă©tant dans un dĂ©calage parfaitement dosĂ© rapidement contrebalancĂ© par l’intensitĂ© de l’histoire. On reconnaĂ®t alors ici la maĂ®trise scĂ©naristique du rĂ©alisateur.

Mais surtout, ce qui se dĂ©gage de De Rouille et d’Os, c’est bien la force de ses deux personnages principaux. Alors que leur relation Ă©volue, ils prennent en Ă©paisseur et en assurance tout en rĂ©vĂ©lant complètement leurs failles. Audiard y imprime des caractères forts qui ne demandent qu’Ă  se confronter et vont pourtant se tourner autour sans vraiment le savoir. Marion Cotillard se rĂ©vèle alors encore une fois Ă©mouvante en transmettant toute la dĂ©tresse de StĂ©phanie, handicapĂ©e après son accident au Marineland, mais aussi la force de caractère qu’elle va acquĂ©rir grâce Ă  Ali.
Ali, c’est Matthias Shoenaerts qui, après Bullhead, reprend le rĂ´le du grand dur au cĹ“ur tendre. Mais loin des clichĂ©s, il est une brute adepte des sports de combats et un père assez indigne qui va trouver chez StĂ©phanie celle qui rĂ©vèlera toute sa sensibilitĂ©.

La rencontre de ces personnages ordinaires et en mĂŞme temps assez extra-ordinaire fait des Ă©tincelles et Audiard la filme de manière brute, sans fioritures, sans en rajouter non plus, ni dans le misĂ©rabilisme ni dans les violons et la guimauve, laissant toute la force du rĂ©cit se dĂ©rouler sous nos pied alors que l’on est en train de se prendre un uppercut Ă©motionnel comme on en prend que trop rarement au cinĂ©ma. Sans doute l’un des plus beaux moments de ce festival.

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publié dans :Cinéma Critiques ciné Festivals

  1. 17/05/2012 Ă  20:04 | #1

    Le premier choc du festival. Déjà le favori de la compétition. Audiard, Schoenaerts, Cotillard, trio magique.
    http://www.lebleudumiroir.fr/?p=2629

  2. 20/05/2012 Ă  10:08 | #2

    Très grand film, un autre pour Audiard qui prouve une nouvelle fois sa place unique dans le cinĂ©ma français. Toutefois je lui prĂ©fère ses prĂ©cĂ©dents (d’un petit poil)… 4/4