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Culte du dimanche : Thelma & Louise

posté le 16/09/2012

thelma et louise critique

Un vent de liberté et de féminisme souffle sur le blog en s’attaquant au duo culte réuni par Ridley Scott dans Thelma et Louise !

Après une première moité des années 80 assez fructueuse (Alien, Blade Runner, Legend), Ridley Scott s’est essayé à d’autres genres avec moins de succès, en particulier du côté critique. Désirant montrer qu’il n’était pas qu’un réalisateur doué en technique mais bien un auteur qui avait quelque chose à raconter, un discours à défendre, lorsqu’il tombe sur le scénario de Thelma et Louise il se met tout de suite en tête de le produire puis de le réaliser.

Après tout, l’histoire de ces deux femmes qui vont prendre leur revanche sur les hommes pour trouver leur liberté ne pouvait que plaire à celui que avait fait de Ripley une survivante et qui, d’une manière générale a toujours donné des rôles forts et intenses aux femmes de ses films, loin des plantes habituelles d’Hollywood. Malgré quelques réticences de la production qui voudrait bien en changer le final, voilà donc le réalisateur parti dans ce road movie 100%  féministe.

D’un côté, nous avons donc Thelma, femme au foyer et femme-enfant soumise à son mari qui rêve d’évasion tandis que de l’autre nous avons Louise, plus mature, qui subit son job et voudrait bien s’aérer la tête pour oublier ses problèmes. Les deux copines décident alors de partir en weekend seules sans prévenir. Mais la balade va mal tourner lorsque, après une soirée dans un bar, un homme tente de violer Thelma et que Louise le tue. Alors les filles partent en cavale. S’en suit un véritable road movie dans le plus grand respect des règles mais dégageant un véritable sentiment de liberté.

Au travers des différentes rencontres plus ou moins heureuses, des arrêts dans certains lieux typique de la route américaine et des grands espaces qu’elles traversent, Thelma & Louise emprunte donc tous les codes du road movie et les exploite de manière très habile pour faire évoluer les personnages. Car le voyage est aussi intérieur et si Thelma va devoir grandir en découvrant le monde alors que la fuite rappellera de mauvais souvenirs à Louise. Ainsi le film navigue aussi sur le territoire du récit d’initiation et de quête de soi, alternant l’humour et le drame avec un réel savoir faire.

Mais Thelma & Louise, c’est surtout un discours féministe jusqu’au-boutiste comme rarement vu au cinéma. Car la liberté que prennent ses femmes en s’épanouissant sur la route, elles la trouvent aussi en défiant un système établit par les hommes. Elle vont même jusqu’à prendre leurs codes pour les détourner à leurs fins et à la fin des années 80 qui étaient dominées par les hommes au cinéma, ce discours rafraichit pas mal les idées tout en créant la polémique aux Etats-Unis.
En effet, devant le discours féministe du film, les associations se plaignent d’un côté de l’image qui est donnée de la femme indépendant et violente, de l’autre de la représentation des hommes. Pourtant tout n’est pas si simple dans le film. Thelma et Louise ne représentent pas toutes les femmes mais seulement deux amies qui vont finir par se lier à la vie à la mort et trouver la liberté qu’elles n’ont pas eu dans le monde dominé par les hommes. Du côté de ces derniers, si la plupart sont traités avec un irrespect évident pour en montrer la cruauté et nous placer du côté des filles (le camionneur à la fin, le mari de Thelma), le film montre tout de même qu’il y a de l’espoir et le flic prévenant incarné par Harvey Keitel en est la représentation. Même les petites frappes que sont le boyfriend de Louise (Michael Madsen) et le coup d’un soir de Thelma (Brad Pitt dans sa première apparition) sont finalement très attentionnés.

Ce discours ne serait pas aussi efficace si il n’était pas porté pas un réalisateur clairement attaché au sujet qui s’efface derrière ses actrice. Car ici, Ridley Scott laisse complètement s’exprimer les personnages des sensationnelles Geena Davis et Susan Sarandon sans trop en rajouter du côté de la mise en scène, laissant la primeur au récit plutôt qu’aux effets de style. Une approche réaliste qui lui permet de trouver le souffle de liberté qui anime ses personnage avec tout de même quelques images fortes comme l’envol final émouvant de sincérité des deux héroïnes.

Depuis sa sortie et sa petite polémique qui n’avait pas pris en Europe, Thelma et Louise est devenu l’étendard du féminisme pour les années 90 et reste encore aujourd’hui unique dans son discours puisque finalement peu de film ont surfé sur la tendance et même les héroïnes que nous avons aujourd’hui au cinéma ont du mal à retrouver cet esprit libre qui anime les héroïnes de Ridley Scott et à poursuivre la route.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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