Culte du dimanche : Rambo
Avec la sortie d’Expendables 2, il Ă©tait impensable de ne pas revenir sur le film qui a fait de Sylvester Stallone l’une des « action star » emblĂ©matiques des annĂ©es 80. Et si, sous couvert d’un flm sĂ©vĂšrement burnĂ© se cachait en fait un drame psychologique ? AprĂšs tout, c’est bien ça qui a rendu Rambo culte !
A la fin des annĂ©es 70, avec Rocky, Stallone avait dĂ©jĂ acquis en peu de temps une renommĂ©e Ă Hollywood tout en dĂ©veloppant un personnage reprĂ©sentant d’une certaine le rĂȘve amĂ©ricain d’une personnage toujours prĂȘt Ă se relever malgrĂ© les Ă©preuves. Mais celui que l’on appellera plus tard « Sly » avait aussi une face sombre Ă exploiter et c’est dans l’adaptation de First Blood de David Morrell par le toujours inconnu Ted Kotcheff (assez transparent mais efficace dans sa rĂ©alisation) qu’il le fera. Remplaçant des castings initiaux plutĂŽt inattendus, il a participĂ© au scĂ©nario pour mieux s’approprier le personnage.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, Rambo raconte l’histoire d’un soldat traumatisĂ© par la guerre du Vietnam. Errant dans une AmĂ©rique oĂč il ne trouve plus sa place, il se fait arrĂȘter par le shĂ©rif d’une petite ville qui ne supporte pas le vagabondage. MaltraitĂ© et ne demandant qu’Ă ĂȘtre tranquille, il s’enfuit dans les bois oĂč sera traquĂ© … alors le soldat d’Ă©lite va refaire surface.
Si l’on a aujourd’hui l’image d’un Rambo ultra-patriotique, bien reprĂ©sentatif d’une AmĂ©rique va-t-en guerre et conquĂ©rante, il faut pourtant se rappeler que ce n’Ă©tait pas du tout le propos de ce premier film. En effet, Rambo est l’un de ces films qui explore en profondeur le traumatisme des soldats qui ont vĂ©cu la guerre du Vietnam, ces machines de guerres qui ont Ă©tĂ© entrainĂ©es Ă tuer et qui n’ont alors plus leur place dans une AmĂ©rique oĂč ils doivent rentrer dans l’ordre, reprendre une vie qu’ils ont de toute façon perdu en allant au front alors que ce n’Ă©tait mĂȘme pas leur guerre.
Tout ce traumatisme fait alors ressortir le cĂŽtĂ© animal de l’homme bien palpable ici dans la sĂ©quence du film se dĂ©roulant dans les bois, oĂč Rambo est obligĂ© de se camoufler, replongeant d’une certaine maniĂšre dans son passĂ© guerrier, retrouvant l’instinct (tuer ou ĂȘtre tuĂ©) qu’il a dĂ©veloppĂ© au Vietnam et qu’il ne peut pas rĂ©frĂ©ner de retour dans la civilisation amĂ©ricaine.
Face Ă cet homme, le film montre aussi l’attitude d’une AmĂ©rique qui n’arrive pas Ă se regarder en face, ne respectant pas ses soldats qu’elle a envoyĂ© combattre et qu’elle a dĂ©truit. Plus qu’une traque dans les bois et une fusillade en centre-ville Rambo est donc une vĂ©ritable critique de l’AmĂ©rique et de son attitude au Vietnam et qui ne demande pourtant qu’Ă se rĂ©concilier avec elle-mĂȘme. En cela, tout le monologue final de Rambo rĂ©vĂšle toute la profondeur d’un personnage monolithique qui craque complĂštement, donnant ainsi son sens aux Ă©preuves subies pendant le film.
Si Rambo, et donc par lĂ -mĂȘme Stallone, reprĂ©sente alors bien une certaine AmĂ©rique, ce n’est donc pas forcĂ©ment celle Ă laquelle on pense. Mais avec le succĂšs du film installant tout de suite son acteur comme une icĂŽne incontournable du pays et du cinĂ©ma d’action amĂ©ricain, la franchise est lancĂ©e et les suites mises en chantier. Malheureusement, rĂ©cupĂ©rĂ©es par l’AmĂ©rique de Reagan, elles modifient alors complĂštement l’essence mĂȘme du personnage pour en faire une icĂŽne Ă la gloire de l’AmĂ©rique, valorisant sa force de frappe et son attitude conquĂ©rante dans une pĂ©riode oĂč le pays a besoin de retrouver confiance en lui, renforçant alors d’autant plus le lien entre l’acteur et l’AmĂ©rique.
publié dans :Cinéma Culte du dimanche