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Culte du dimanche : Legend

posté le 01/04/2012

Aussi lĂ©gendaire que maudite, l’incursion de Ridley Scott dans la fantasy navigue entre une naĂŻvetĂ© particulièrement kitsch, une beautĂ© plastique magique et un sous-texte plus osĂ© qu’on ne pourrait le croire. Nous parlons donc aujourd’hui de Legend.

Après une rĂ©ussite incontestable dans la SF avec Alien et Blade Runner, Ridley Scott s’attaque Ă  un nouvel univers, celui de la fantasy. En aucun cas le rĂ©alisateur ne va innover sur l’histoire. Ainsi on se retrouve tout simplement avec une princesse capturĂ©e par un ĂŞtre diabolique qui veut dĂ©truire le monde en tuant les 2 licornes qui maintiennent ce monde de rĂŞve dans la paix. Alors Jack, valeureux jeune homme des bois va tout faire pour aller la secourir en compagnie d’une fĂ©e et de lutins. On l’a compris, Scott rassemble ici tout le bestiaire des mythes et lĂ©gendes pour en faire un film simple, une traditionnelle lutte du bien contre le mal, Ă  première vue destinĂ©e aux enfants.

D’ailleurs, la première partie va dans ce sens. Ridley Scott y met en scène un dĂ©cor champĂŞtre idyllique dans lequel la princesse gambade et le gamin des bois se cache. L’innocence Ă  l’Ă©tat pur se dĂ©gage alors du film et les magnifiques dĂ©cors construits en studio, accompagnĂ© du travail très soignĂ© sur la photographie donnent alors au film une allure de rĂŞve Ă©veillĂ©. Aujourd’hui dĂ©licieusement romantico-kitsch, Legend fait plus sourire devant la naĂŻvetĂ© dĂ©veloppĂ©e ici.

Mais tout rĂŞve a son pendant malĂ©fique et lorsque la princesse caresse une licorne (geste interdit), le monde bascule dans le cauchemar. Les gobelins la capturent et Jack va devoir se rendre dans un monde beaucoup plus noir oĂą règnent Ă©tranges sorcières des marais, et bourreaux des enfers. Le conte enchanteur se rĂ©vèle alors d’un coup plus proche des sombres histoires de Perrault et des frères Grimm et  et va aller jusqu’Ă  en retrouver une morale noire et adulte dont l’apparition de Darkness sera le point culminant.

Ridley Scott a donc parfaitement compris l’utilitĂ© du conte : montrer le passage de l’innocence Ă  l’adulte. C’est ici parfaitement montrĂ© en passant du conte aux tĂ©nèbres pour en ressortir plus fort, plus grand. Ce n’est pas pour rien que le thème de la tentation y est dĂ©veloppĂ© Ă  travers la caresse maudite de la licorne mais aussi par la sĂ©duction des tĂ©nèbres ou mĂŞme pour Jack lorsque la fĂ©e jalouse prend l’apparence de Lily. Legend entretient donc une subtile connotation sexuelle rejoignant les premiers Ă©mois adolescents.

Toutefois, mĂŞme sans s’intĂ©resser Ă  ce cĂ´tĂ© plus sombre et si l’on garde surtout en mĂ©moire son cĂ´tĂ© dĂ©suet, la direction artistique du film reste toujours en mĂ©moire. Ridley Scott a toujours Ă©tĂ© un esthète et technicien hors pair. C’est ainsi un dĂ©lice de redĂ©couvrir les dĂ©cors magnifiques de la partie ensoleillĂ©e ou les caves tĂ©nĂ©breuses. Mais surtout, celui qui marque les esprits, bien plus que Tom Cruise en petit homme des bois plus fade, c’est Tim Curry. L’acteur prĂŞte ici sa dĂ©marche et son incroyable expression faciale au terrible Darkness, certainement l’incarnation du Diable la plus inoubliable du cinĂ©ma. A la fois pour son design et son maquillage incroyable mais aussi pour la prestation de l’acteur sorti d’un cauchemar plus tentateur et suave que jamais.

Pour dĂ©couvrir pleinement ce cĂ´tĂ© sombre de Legend, il aura par contre fallu attendre qu’arrive le Director’s Cut. En effet, Legend est l’un des nombreux films maudits de Ridley Scott charcutĂ©s au montage lors de leur sortie. En plus des dĂ©cors qui avaient pris feu sur le plateau, les projections tests ont eu raison du film. Il se retrouva ainsi complètement remontĂ© avec une musique du groupe de rock Ă©lĂ©ctro Tangerine Dream pour le dynamiser. Sorti en 1985 avec ce montage, le film est massacrĂ© par les critiques et le public de suit pas. L’Europe aura eu plus de chance avec un montage plus long avec la musique originale de Jerry Goldsmith.
Mais il aura fallu attendre l’aube des annĂ©es 2000 pour retrouver le director’s cut plus fascinant et laissant plus de place Ă  la notion de rĂŞve humain qu’introduit Darkness (notion qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la licorne de Blade Runner). Aujourd’hui, malgrĂ© les annĂ©es passant et rendant le film toujours plus kitsch, de par son parti pris esthĂ©tique, Legend est reconnu comme un Ĺ“uvre incontournable du genre et a mĂŞme rĂ©ussi, en plus d’influencer Shigeru Miyamoto qui s’en servi pour crĂ©er le jeu vidĂ©o the Legend of Zelda, Ă  dĂ©velopper une aura culte auprès d’une petite communautĂ© de fans … comme quoi, tous les contes sont intemporels.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 01/04/2012 Ă  12:53 | #1

    Ce qui me reste essentiellement de ce film c’est le bad guy qui est outrageusement culte avec une plastique inoubliable!! Pour le reste…..bof…

  2. FredP
    01/04/2012 Ă  13:03 | #2

    @Bruce c’est l’essentiel 🙂