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Culte du dimanche : la Fureur de Vivre

posté le 22/04/2012

Replongée dans les années 50 pour un film forcément culte et qui a marqué une génération tout en faisant de James Dean une légende avec La Fureur de Vivre.

Si il y a bien un film qui a marquĂ© la jeunesse des annĂ©es 50, c’est sans aucun doute la Fureur de Vivre. Entre le portrait d’un jeune Ă  la dĂ©rive, de la cellule familiale qui explose et le mythe que vient de devenir James Dean fauchĂ© en pleine ascension, le film de Nicholas Ray est l’un de ceux qui marquent Ă  jamais une gĂ©nĂ©ration et entretiennent une lĂ©gende. Il faut dire que la jeunesse de l’après-guerre qui a toujours grandi sous la menace des grands conflits sans trouver sa place trouve ici le film qui illustre ce sentiment de non-appartenance Ă  la sociĂ©tĂ©.

Mais revenons d’abord à l’histoire. La Fureur de Vivre (Rebel without a cause en VO, titre bien plus Ă©vocateur de l’esprit de son hĂ©ros perdu), s’intĂ©resse au jeune Jim Stark qui vient de dĂ©mĂ©nager avec sa famille Ă  Los Angeles. Et il ne tarde pas Ă  avoir des problèmes. Très vite il est emmenĂ© au poste de police pour ivresse sur la voie public et il se fait des ennemis dans son nouveau lycĂ©e, dont le chef de bande Buzz. Après un incident dans lequel celui-ci perdra la vie, Jim est poursuivi par la police et les camarade de Buzz. Il se rapproche alors Judy, la seule qui pourra lui apporter le rĂ©confort qu’il ne trouve pas auprès de ses parents.

Ce qui est fascinant avec La Fureur de Vivre, c’est Ă  quel point il Ă©tablit pour la première fois au cinĂ©ma un portrait sans far de la jeunesse de l’Ă©poque et la manière dont Ray rĂ©ussit Ă  rendre tout cela assez intemporel en y apportant un aspect mythologique. Ainsi, le film aborde un thème qui est assez peu abordĂ© dans le cinĂ©ma de l’Ă©poque et qui mettra alors en avant les problèmes des jeunes de l’Ă©poque. Ce thème est celui de la destruction du cocon familial. Loin des mères protectrices et des pères moralisateurs qui encadraient les enfants dans le cinĂ©ma amĂ©ricain, les parents de Jim son incapable d’Ă©lever leur enfant ou de leur montrer le droit chemin.
L’image sacrĂ©e du père est mĂŞme complètement dĂ©truite en le montrant Ă  la botte d’une mère autoritaire. Symbole de cette humiliation, cette scène oĂą Jim rentre chez lui et dĂ©couvre son père portant le tablier pour faire les taches mĂ©nagères. Manquant d’une figure paternelle forte, il perd confiance, ne trouve pas ses repères. Et pire que les parents incapables de Jim, ceux de son meilleur amis sont mĂŞme complètement absents, laissant leur fils Ă  l’abandon.

Les problèmes familiaux font alors leur entrĂ©e au cinĂ©ma et le film dresse le portrait d’une gĂ©nĂ©ration innocente vite rappelĂ©e à l’ordre de la rĂ©alitĂ©. Ainsi, la course de voiture symbole d’une parfaite insouciance ramène rapidement les jeunes Ă  duretĂ© du monde lorsqu’elle se termine dans un accident mortel que les adultes prĂ©fèrent ignorer. Face cette situation Jim va recrĂ©er pour une nuit un semblant de structure familiale avec Judy et son ami Platon. Une complĂ©mentaritĂ© et une tendresse folle habite ces trois personnages qui trouvent alors leur place et leur rĂ´le dans la vie.
Il s’en faut d’ailleurs de peu pour que cela tombe dans le triangle amoureux, non pas pour Judy mais bien pour Jim. En effet, l’attirance de Platon pour son camarade Ă  l’Ă©poque vue plutĂ´t innocemment saute bien aux yeux aujourd’hui (d’autant plus quand on sait maintenant qu’un baiser entre les deux hommes Ă©tait Ă  l’origine prĂ©vue dans le scĂ©nario).

Ainsi, La Fureur de Vivre nous emporte dans les angoisses de cette jeunesse sans repère et sans cause Ă  dĂ©fendre, perdue entre l’innocence de l’enfance et l’approche imminente de l’âge adulte, dans un rĂ©cit passionnant et dont l’approche rĂ©sonne encore aujourd’hui. Car Ray et le scĂ©nariste Stewart Stern n’hĂ©sitent pas y Ă  apporter une certaine mythologie. De la scène se dĂ©roulant dans le planĂ©tarium interrogeant les jeunes sur leur place dans l’univers et le complexe oedipien dĂ©veloppĂ© pendant tout le film en passant par le simple nom du meilleur ami de Jim, Platon, rien n’est laissĂ© au hasard pour bien comprendre que le film est finalement la transposition d’une tragĂ©die grecque dans le contexte des annĂ©es 50.

Mais en plus de ses thèmes, si la Fureur de Vivre est devenu un mythe pour le cinĂ©ma, c’est aussi par l’iconographie qu’il dĂ©veloppe Ă  la fois autour de certaines scènes du film (l’ouverture, la bagarre à l’observatoire de Los Angeles, la course en voiture) mais aussi autour de la personnalitĂ© et du rĂ´le de James Dean. FascinĂ© par l’acteur, Nicholas Ray fait de lui une vĂ©ritable icĂ´ne pour la jeunesse rebelle, le rendant indissociable du t-shirt blanc et du blouson rouge. L’acteur livre ici une performance remarquable, sincère, intense. Mortellement fauchĂ© sur la route 4 jours avant la première du film, James Dean entre alors dans la lĂ©gende avec un rĂ´le qui fera de lui le symbole de la jeunesse amĂ©ricaine perdue, rendant le film instantanĂ©ment culte. En 3 rĂ´les et avec 2 nominations posthumes aux Oscars, le mythe Dean est installĂ© Ă  tout jamais dans l’histoire d’Hollywood.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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