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Xanadu, la série X

posté le 29/04/2011

Xanadu, la nouvelle série événement d’Arte, débute le 30 avril sur la chaîne publique de la culture. Une histoire familiale dramatique plongée dans le milieu sulfureux de la pornographie.

Ayant eu la chance de découvrir les 2 premiers épisodes de la série Xanadu au cours d’un rencontre organisée par la chaîne Arte, MyScreens vous recommande cette série non moins chaude. La chaîne franco-allemande de la culture fait ici un pari audacieux en mettant en avant une production française aux personnages écorchés et au sujet pas facile.

Difficile de faire du sérieux lorsqu’on traite de l’industrie du cinéma pornographique : tabou, hypocrisie, dérision, mépris, jeux de mots pourris, déni total,… les sentiments sont durs à l’égard de ce pan artistique humain. Cette série fonctionne donc comme une sorte de passerelle entre le genre de la fiction dramatique et le X. Xanadu raconte les difficiles relations entre les membres d’une famille dont le business est la pornographie. Mais pas l’inverse. Attention à tous ceux qui aimeraient voir ici le milieu du hard exposé : ici, que du drame, un peu de rêverie, mais avec quelques fesses quand même.

Xanadu est le nom de l’empire de production de films pornographiques établit par Alex Valadine, le patriarche de la famille dont les enfants se dispute aujourd’hui la succession. A la tête d’une entreprise qui s’est frotté les mains dans l’industrie du X old-school, elle est à l’heure d’Internet, en crise. Les différents membres de la famille, tous des personnages aux caractères bien distincts, vont de nouveau se croiser dans la vaste maison, vestige d’une époque révolue où tout était caché, déguisé et réservé uniquement aux initiés. Entre déchirements internes, lutte de pouvoir, besoin de s’affranchir des autres, trouver sa place, squelettes dans les placards et âmes passionnées sulfureuses et parfois damnées, les 2 premiers épisodes regorgent de thématiques antiques !

Dès le départ, la trame de fond est le fonctionnement d’une petite entreprise dans l’univers olé-olé de la pornographie à-la-française. Mais le fait de situer l’action dans ce domaine est plus un prétexte pour servir une série dramatique elle aussi à-la-française. Bon, forcément, difficile de planter son décor dans le hard sans se mêler de petites situations, de légendes urbaines et d’autres mythes qui entourent les films de fesses. A mi-chemin donc entre une série dramatique habituelle française, aux personnages écorchés mais non sans caractères, Xanadu ose rentrer dans le porno. Sujet rarement abordé, encore moins souvent mis en image, faire des histoires en se frottant de si près à cet interdit semblait un pari risqué. Mais grâce à une scénarisation proche du polar noir et à une mise en scène onirique très inspiré, le propos s’en retrouve allégé. Tous comme dans les films porno à-la-française, un certain humour règne dans cette série, même s’il est plutôt grinçant et moqueur. Les trouvailles de cadrages, d’entrées dans les scènes, de bande-son enivrante, donnent un cachet haut-de-gamme à la série.

Xanadu n’est donc pas la série à mettre entre toutes les mains. Plusieurs lectures peuvent lui être données : certains y verront une leçon sur la nature humaine, d’autres des messages à portées sociologiques, d’autres encore y verront simplement des gens paumés. En tous cas, abandonnez tout de suite les mauvais jeux de mots sur le porno et autres railleries hypocrites de pudibonderie coincée : ici, le porno est vraiment un terrain de jeu dont la mise en scène des coulisses produit l’effet opposé au fantasme qu’il véhicule habituellement. On pardonnera les quelques clichés utilisés ainsi que le portrait au vitriol sur cet univers pas si clandestin que cela. Car Xanadu décrit ici un portrait morbide et déprimant, qui n’est pas juste la face noire de l’industrie du porno.

Pour une fois qu’une production française tente quelque chose de résolument original, prend des risques et se joue de thématiques universelles humaines trop souvent mis au second plan, nous pouvons que saluer cette initiative. Bonne chance à Xanadu, espérons que le public y jettera un œil !

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