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Culte du dimanche : La Chute de l’Empire Romain

posté le 12/06/2011

culte chute empire romain

Retour au temps oĂą les pĂ©plums rĂ©gnaient en maĂ®tre sur Hollywood, oĂą le faste des dĂ©cors grandioses et costumes de soie Ă©taient de rigueur. Mais le genre voit son crĂ©puscule venir avec La Chute de l’Empire Romain.

la_chute_de_l_empire_romain_afficheDans les annĂ©es 50, le genre du pĂ©plum connait un grand succès au cinĂ©ma. Avec ses dĂ©cors immenses, ses costumes portĂ©s par des acteurs charismatiques, ses mythes et lĂ©gendes romaines et grecques pour certains, sa portĂ©e catholique pour d’autres, ses tragĂ©dies humaines et ses batailles Ă©piques, le grand spectacles est lĂ  et atteint son apogĂ©e Ă  la fin de la dĂ©cennie avec l’immense Ben-Hur.

Vers 1960, c’est Spartacus qui se voit Ă  nouveau adaptĂ© avec Anthony Mann Ă  sa tĂŞte. Mais le rĂ©alisateur est plus habituĂ© aux westerns qu’aux films en costumes et, suite Ă  quelques problèmes avec la production, va laisser tomber le projet qui sera alors confiĂ© Ă  Stanley Kubrick. Le rĂ©alisateur ne va pas pour autant se laisser abattre et signera Le Cid avec Charlton Heston. Le succès critique et public Ă©tant lĂ , le producteur Samuel Bronston propose alors au rĂ©alisateur de faire encore plus grand et de mettre en scène La Chute de l’Empire Romain.

chute empire romain alec guiness

C’est donc parti pour un tournage europĂ©en intense qui implique la recrĂ©ation complète du Forum Romain en Espagne. Un dĂ©cor grandiose, impressionnant oĂą les principaux bâtiments d’Ă©poque sont reproduits avec le gloire d’antan jusqu’Ă  sa chute. Car Anthony Mann va bien raconter dans ce pĂ©plum fastueux le dĂ©clin moral de l’Empire Romain, sa lente Ă©rosion.
Il dĂ©bute le film par les dilemmes de Marc Aurèle Ă  voir son instable fils Commode lui succĂ©der et proposera au GĂ©nĂ©ral Livius de reprendre la couronne. L’ennui est que les deux hommes s’entendaient comme des frères et seront donc ennemis pour monter sur le trĂ´ne qui reviendra bien entendu Ă  Commode une fois sont père assassinĂ©. S’en suivent alors complots et rĂ©vĂ©lations qui mettront Ă  mal le pouvoir du nouvel empereur.

Chute empire romain

Avec son ambition Ă©norme, La Chute de l’Empire Romain cherche sans conteste Ă  lutter face Ă  ClĂ©opâtre (sorti juste avant). Tout y est grandiose avec une mise en scène d’Anthony Mann qui met en valeur ces personnages iconiques dans une Rome en pleine chute pendant 3 heures qui ne sont pas de trop pour dĂ©crire le contexte politique complexe de l’Ă©poque. Tout l’esprit de grandeur de Rome y est parfaitement rendu. C’est l’idĂ©e du pĂ©plum ultime qui domine avec une tragĂ©die forte et des personnages complexes. Ainsi, Marc Aurèle est interprĂ©tĂ© avec une immense classe par Sir Alec Guiness qui n’Ă©tait pourtant pas habituĂ© Ă  ce genre de rĂ´le.
Mais le film donne aussi dans la surenchère en voulant imposer une nouvelle rĂ©fĂ©rence de la course de char qui est finalement tellement grossière que l’on prĂ©fĂ©rera retenir celle de Ben-Hur (d’ailleurs, il est Ă©tonnant de noter que c’est l’adversaire de Charlton Heston dans Ben-Hur, Stephen Boyd,  qui tient ici le rĂ´le phare dans cette course). Il en va de mĂŞme pour certaines interprĂ©tations qui vont assez loin dans le cabotinage comme Christopher Plummer qui fait de Commode un grand gamin capricieux et assez cinglĂ©, loin du malsain incestueux.

chute empire romain plummer

Évidemment, dans ce pĂ©plum, il n’y a pas de sexe, peu de violence contrairement Ă  ce qu’on en attendrai maintenant. Le Hollywood bien pensant est lĂ . D’ailleurs Sophia Loren qui interprète la pourtant forte Lucilla est plutĂ´t transparente dans le film. Mais l’aspect psychologique du film est plus important, reprĂ©sentĂ© Ă  travers les philosophies des diffĂ©rents personnages qui ne voient pas Rome de la mĂŞme manière et vont voir la ville, l’Empire, sombrer dans la dĂ©cadence.

Chute empire romain boyd loren

Si il est grandiose, la Chute de l’Empire Romain n’en est pas pour autant le meilleur pĂ©plum et souffre de certaines lourdeurs. Non ce que l’on retiendra, c’est surtout un film un peu malade qui aura clos la mode du pĂ©plum Ă  Hollywood. Car après l’Ă©chec de ClĂ©opâtre, La Chute de l’Empire Romain essuie un revers monumental. Face Ă  un budget de plus de 20 millions de dollars qui se ressent Ă  l’Ă©cran, il en rapporte moins de 2 millions au box-office, en faisant alors l’un des films les moins rentables du cinĂ©ma. Impossible de ne pas voir alors dans le film une analogie avec le dĂ©clin du pĂ©plum Ă  Hollywood. Car après la Chute de l’Empire Romain, plus jamais les studios n’investiront grandement dans le genre qui est alors dĂ©clarĂ© mort et enterrĂ©. Et il est alors d’autant plus Ă©tonnant et paradoxal de noter que c’est un film qui s’en inspire très fortement, Gladiator, qui relancera la mode Ă  l’aube des annĂ©es 2000. Comme quoi mĂŞme un film marquant la fin d’un genre peut bien renaĂ®tre de ses cendres.

Chute empire romain

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