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Time Out, critique

posté le 18/11/2011

time out critique

Quand un concept gĂ©nial se voit complètement charcutĂ© par une histoire plate et une foule de clichĂ©s, ça donne Time Out. Un beau gâchis dont on ressort frustrĂ© devant le potentiel immense qu’affichait le background crĂ©Ă© par Andrew Niccol.

time out afficheAvec Bienvenue Ă  Gattaca et Lord of War, sans oublier le scĂ©nario de the Truman Show, Andrew Niccol a toujours trouvĂ© des concepts de SF gĂ©niaux qui permettent de regarder notre sociĂ©tĂ© sous un nouveau prisme (la recherche de la perfection gĂ©nĂ©tique, le lobby des armes, …) sans jamais oublier les sentiments d’humains qui se sentent Ă©trangers dans ces mondes dans lesquels ils Ă©voluent. MĂŞme dans son plus anecdotique S1m0ne, on retrouvait cette patte et cette vision d’un futur immĂ©diat. Lorsqu‘il revient en appliquant Ă  la lettre l’expression « le temps c’est de l’argent », inutile de dire que l’on a droit Ă  un concept qui peut tenir la route et nous offrir une vision inĂ©dite de la SF avec un discours intelligent comme il en a le secret.

Dans Time Out (In Time en VO), c’est donc le temps de notre vie qui est devenue la monnaie courante. A partir de 25 ans, nous arrĂŞtons de vieillir et il faut gagner du temps si nous voulons continuer Ă  vivre. Ainsi, un cafĂ© peut coĂ»ter 4 minutes et un trajet en bus 1 heure. Évidemment, dans ce nouveau monde, des disparitĂ©s fortes s’exercent entre les riches qui peuvent devenir presque immortels et les pauvres obligĂ©s de vivre au jour le jour.
Entre les mains de Niccol, le concept est tout simplement génial et le réalisateur le présente avec un limpidité exemplaire
, si bien que l’on croit tout de suite Ă  cet rĂ©alitĂ© parallèle oĂą une mère et sa fille semblent avoir presque le mĂŞme âge. Il prend mĂŞme d’autant plus de relief qu’il fait Ă©cho au contexte de crise Ă©conomique que nous vivons.

Seulement voilĂ , une fois le monde prĂ©sentĂ©, il faut bien y glisser une histoire… et c’est lĂ  que la pendule commence Ă  se dĂ©traquer. Andrew Niccol nous prĂ©sente un ouvrier (Justin Timberlake) qui va hĂ©riter par hasard d’une bonne centaine d’annĂ©es de vie, faisant de lui la cible de pas mal de monde (Ă  la fois de gangsters qui cherchent l’immortalitĂ© et de flics censĂ© contrĂ´ler le temps comme des banques). Sa fuite l’amènera Ă  croiser le chemin d’une jeune hĂ©ritière (Amanda Seyfried) qu’il va embarquer pour braquer ensemble quelques banque de temps et rĂ©tablir la justice.
Alors qu’on attendait un thriller rythmĂ© et sombre sur fond de rĂ©flexion politique, Ă©conomique voir mĂŞme philosophique
(vit-on vraiment quand on est immortel et qu’on a le temps ?), le rĂ©cit dĂ©rive d’un seul coup dans une histoire Ă  la Bonnie & Clyde lĂ©gèrement fauchĂ©e et parfois grotesque qui n’exploite jamais tout le potentiel de son concept.

En effet, dès que le hĂ©ros se voit dotĂ© d’une vie de centenaire, tout change laissant la part belle Ă  une action pauvre et prĂ©visible oĂą s’enchainent les situations totalement convenues voire pas crĂ©dible du tout (Ă  peine a-t-il rencontrĂ© Amanda qu »ils vont se baigner ensemble nus dans la mer …) et servies par une mise en scène plate oĂą mĂŞme la seule scène d’action manque d’intensitĂ©. Si Justin Timberlake se montre relativement efficace (faisant ce qu’il peut pour porter le film sur ses Ă©paules), son entourage n’est malheureusement pas lĂ  pour contribuer Ă  la rĂ©ussite du film.
D’Amanda Seyfried mal fagotĂ©e et juchĂ©e sur ses talons pour compenser son manque de personnalitĂ© Ă  Cillian Murphy venu ici seulement pour endosser un chèque en passant par les inutiles John Galecki (Big Bang Theory) et Alex Pettyfer (NumĂ©ro Quatre) ou le cabotinant Vincent Kartheiser (Mad Men), tous donnent l’impression d’arriver sur le plateau de tournage parce que la porte Ă©tait ouverte. On sauvera peut-ĂŞtre Matthew Bomer et Olivia Wilde trop vite sacrifiĂ©s.

C’est bien simple, toute l’intelligence des scĂ©narios d’Andrew Niccol est ici complètement noyĂ©e sous une histoire bateau et un casting pseudo hype mais qui n’a pas le talent pour porter le projet. On en viendrait mĂŞme Ă  penser que le film a Ă©chappĂ© Ă  son rĂ©alisateur tellement sa patte est ici presque inexistante (d’ailleurs, celui-ci n’ayant pas fait la promo du film, doit-on interprĂ©ter cela comme un renoncement au film face au studio ?) . En effet, Niccol nous avait habituĂ© Ă  prĂ©senter bien plus qu’un concept, Ă  une vĂ©ritable rĂ©flexion sur la politique, la sociĂ©tĂ© et l’humanitĂ©.
Avec Time Out, nous n’aurons qu’une banale sĂ©rie B qui passe le temps, Ă  l’histoire simplifiĂ©e et Ă  la portĂ©e anti-capitaliste profondĂ©ment amoindrie nous laissant seulement entrevoir par instants et par quelques rĂ©pliques ce qu’aurait pu ĂŞtre le film avec un rĂ©alisateur en pleine possession de ses moyens.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 24/11/2011 Ă  02:23 | #1

    On ne peut qu’ĂŞtre déçu. On dirait que la première demie heure est de Niccol et que le reste a Ă©tĂ© fini par un autre.

  2. 26/11/2011 Ă  18:40 | #2

    Effectivement avec une telle idĂ©e on se dit que le cinĂ©aste a loupĂ© la coche. On constate que le film prend un virage assez net vers un mixte « Bonnie and Clyde » Robin des bois plutĂ´t inattendu… Oui on est déçu que le forme et le fond ne se soit pas mis Ă  hauteur des meilleurs films du rĂ©alisateur nĂ©anmoins ça reste un bon film d’anticipation et de divertissement. 2/4

  3. Youp
    27/11/2011 Ă  20:50 | #3

    Merci de mettre enfin des mots sur ce que je pensais de ce film. Cela fait quand mĂŞme plaisir de voir que je ne suis pas la seul Ă  le penser. J’ai Ă©tĂ© très déçu par ce film ou seul la « classe » et la beautĂ© des acteurs sont mises en avant . . .

  4. Arnold38Cinema
    28/11/2011 Ă  18:43 | #4

    C’est sur que le film est un peu gâchĂ© et aurait pu ĂŞtre beaucoup mieux surtout dans la deuxième partie du film, mais je ne bouderai pas mon plaisir devant ce film de SF, ils deviennent un peu rare ces derniers temps et malgrĂ© ses dĂ©fauts sa ne m’a pas empĂŞchĂ© de me rĂ©galĂ© devant ce film
    Mon avis : http://www.youtube.com/watch?v=KvkMBvIcggA

  5. 29/02/2012 Ă  18:19 | #5

    tu as dĂ©jĂ  aimĂ© le concept, c’est une bonne chose. Ce n’est pas un chef d’oeuvre mais comme @Arnold38Ciner le genre est rare donc on s’accroche.
    Andrew Ă  eu peut etre trop la pression de la maison de prod (tim burton a bien fait la planete des singes) pour faire vraiment ce qu’il voulait