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Or Noir, critique

posté le 14/11/2011

or noir critique

Jean-Jacques Annaud est de retour avec Or Noir, une fresque exotique non pas dénuée de maladresses mais au discours passionnant.

or noir afficheOn pensait avoir perdu Jean-Jacques Annaud dans les mĂ©andres de la comĂ©die vulgaire avec Minor. Le voici pourtant qui revient sur les Ă©crans avec ce qu’il sait faire de mieux, une fresque historique passionnante Ă  portĂ©e internationale. Le voici parti pour nous raconter l’histoire de la dĂ©couverte du pĂ©trole dans les annĂ©es 30 en contrĂ©e arabe par les industriels amĂ©ricains alors que deux Ă©mirs rivaux s’affrontent.

Or Noir commence comme si nous avions affaire Ă  un conte des 1001 Nuits, avec deux chefs arabes rivaux, l’un laissant ses fils au vainqueur d’une prĂ©cĂ©dente bataille en gage de paix. L’un des fils, le plus intellectuel, tombera alors Ă©perdument amoureux de la fille de son nouveau père, mais surtout, il est promis Ă  un grand destin qui changera le pays. Cet aspect digne des contes se voit rapidement mĂŞlĂ© Ă  l’histoire de la dĂ©couverte du pĂ©trole dans ces contrĂ©es et qui va rapidement changer radicalement la vie de ces pays, passant de pauvres Ă  riches en quelques annĂ©es.

Pourtant on a un peu de mal Ă  accrocher au dĂ©but. Le rĂ©cit se fait confus et les rĂ©actions et objectifs des personnages restent flous pendant un moment, nous laissant dans quelques interrogations. Mais lorsque l’aventure commence Ă  poindre le bout de son nez, on plonge avec plaisir dans l’ambiance exotique qui règne. Il faut dire que le rĂ©cit se concentre alors Ă  ce moment lĂ  sur le fils qui va s’affranchir de ses deux pères et prend l’ampleur d’une fresque qui, dans la grande tradition du genre, lie habilement le destin d’un homme Ă  celui d’un peuple. Avec des images parfois Ă©piques mais bien trop courtes, Annaud retrouve par instants le souffle exotique qui a bercĂ© le cinĂ©ma.

Sans manichĂ©isme, Jean-Jacques Annaud arrive Ă  mĂŞler les lĂ©gendes arabes, l’islam et les nouvelles richesses arrivĂ©es avec le pĂ©trole. Jamais les personnages ne sont clairement bons ou mauvais. Chacun doit faire des sacrifices pour gagner l’amour de ce fils et gouverner son peuple de la manière la plus juste tout en prenant en compte les interprĂ©tations du Coran. Il dĂ©coule alors de l’ensemble un message d’une grande sagesse sur la corruption de la simplicitĂ© de vie par la richesse. Un message beau et nostalgique quand on sait ce que sont aujourd’hui devenus ces pays qui Ă©taient alors encore remplis de mystères.

Cette vision, sans archĂ©types du bien et du mal fonctionne aussi grâce au jeu des acteurs. Chacun est susceptible d’ĂŞtre d’une grande bontĂ© comme de commettre des actes horribles. Antonio Banderas et Mark Strong font tous deux jeu Ă©gal de ce cĂ´tĂ© avec pour seul point commun l’amour qu’ils portent Ă  leurs enfants. C’est donc sur les Ă©paules de Tahar Rahim que pèse l’aventure du film et cela lui va plutĂ´t bien, son personnage Ă©volue progressivement du fils bibliothĂ©caire sur qui personne ne compte au chef de clan et de guerre avec un charisme qui prend de l’ampleur Ă  mesure que le voyage s’allonge. Seule Freida Pinto, magnifique princesse digne des contes se satisfera du rĂ´le d’Ă©ternelle belle plante au jeu limitĂ©.

On ne l’attendait plus vraiment au tournant mais avec Or Noir, Jean-Jacques Annaud retrouve le goĂ»t de l’aventure, aussi beau que profond, son film nous apporte la chaleur des contes que l’on avait oubliĂ© pour nous interroger sur des problĂ©matiques liĂ©es au pĂ©trole et Ă  la religion qui sont pourtant encore d’actualitĂ© aujourd’hui. Bref, malgrĂ© une mise en place un peu laborieuse, on retrouve l’exotisme Ă  l’Ă©tat pur, saupoudrĂ© d’une belle rĂ©flexion.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 14/11/2011 Ă  14:00 | #1

    C’est ce que j’attends du film, ça tombe bien !