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L’Ordre et la Morale, critique

posté le 07/11/2011

ordre et la morale critique

Mathieu Kassovitz revient sur le sol français avec L’Ordre et la Morale, un film politiquement engagĂ© et menĂ© efficacement par un rĂ©alisateur inspirĂ© par son sujet.

ordre et morale afficheAprès un parenthèse plutĂ´t catastrophique aux États-Unis, Mathieu Kassovitz revient en France avec l’envie de s’attaquer Ă  une histoire qui lui tenait particulièrement Ă  cĹ“ur et qui va Ă©videmment faire bouger la classe politique. Kassovitz est un rĂ©alisateur engagĂ©, rien d’Ă©tonnant donc Ă  ce qu’il raconte ce qu’il s’est passĂ© lors de la prise en otage de trente gendarmes qui a eu lieu en Nouvelle CalĂ©donie pendant la campagne prĂ©sidentielle de 1988.

Pour nous plonger au cĹ“ur du conflit, Kassovitz entre dans la peau du Capitaine Legorjus, responsable du GIGN et chargĂ© des nĂ©gociations avec les preneurs d’otages. Un point de vue central pour nous faire comprendre les deux points de vue en jeu. Celui des militaire qui ne font qu’obĂ©ir aux ordre de politiciens trop Ă©loignĂ©s de l’affaire pour prendre des dĂ©cisions adaptĂ©es et qui mènent Ă  un point de non retour. Et celui des kanaks qui ne cherchent qu’Ă  faire respecter leur culture. Au milieu de tout ça, Legorjus ne peut choisir entre l’ordre et la morale, il ne peut qu’y rĂ©agir.

Le fait d’avoir choisi pour hĂ©ros de son rĂ©cit la personne la plus neutre possible dans l’affaire nous permet vraiment de prendre conscience des choix de chacun, de comprendre les raisons de leurs dĂ©cisions. Le but des kanaks est clair tout comme les contraintes des militaires sont justifiĂ©es. Sans manichĂ©isme Kassovitz nous plonge dans 2 heures de nĂ©gociations brĂ»lantes, captivantes, au cĹ“ur desquelles c’est bien la classe politique qui va en prendre un coup, n’hĂ©sitant pas Ă  ordonner les actions les plus radicales pour mettre fin Ă  la situation qui les embarrasse au plus haut point en pleine campagne prĂ©sidentielle. Le sujet est complexe et Kassovitz l’expose avec assez de pĂ©dagogie (mais sans simplicitĂ©) pour garder l’attention du spectateur qui comprendra parfaitement les enjeux de l’histoire.

Loin du blockbuster militaire survitaminĂ© et surdĂ©coupĂ© que l’on pourrait attendre de certains, Kassovitz prĂ©fère le rĂ©cit calme et posĂ©. Jamais la camĂ©ra ne s’emporte. Kassovitz nous laisse le temps de voir ce qu’il se passe Ă  l’Ă©cran, il laisse les personnages s’exprimer avec une mise en scène plutĂ´t classe pour ce type de film. N’hĂ©sitant pas Ă  afficher quelque lĂ©gères inspirations (Apocalypse Now), Kassovitz va tout de mĂŞme nous emporter un peu plus loin avec 2 trouvailles particulièrement bien vues et nous faisant entrer encore plus dans le rĂ©cit : un flash-back Ă©tonnant racontĂ© en temps rĂ©el et l’assaut final haletant. Une maitrise technique au service de l’histoire racontĂ©e qui nous rappelle bien pourquoi Kassovitz est l’un des rĂ©alisateur français les plus douĂ©s du moment.

Le dĂ©faut principal du film serait peut-ĂŞtre l’interprĂ©tation des personnages très limitĂ©e. En effet, certains militaires sont largement surjouĂ©s tandis que les kanaks sont pour la plupart amateurs. Mais cela ne nous fait pas pour autant sortir du rĂ©cit grâce Ă  la manière qu’Ă  Kassovitz de raconter l’histoire. D’autant plus que lui-mĂŞme, dans le rĂ´le de Legorjus, est parfait. On retrouve bien ses dĂ©bats intĂ©rieurs, son envie que tout le monde en sorte vivant et obtienne ce qu’il veut, son dĂ©sespoir face Ă  une classe politique qui ne comprend rien Ă  la situation locale. Il est clair que ce type d’Ă©vĂ©nement marque et le regard de Kassovitz Ă  la fin dit tout.

Qu’aurait-on fait Ă  sa place ? Quelles Ă©taient les bonnes dĂ©cisions ? Des questions qui se sont posĂ©es et qui n’ont pas vraiment de rĂ©ponses idĂ©ales dans le contexte dans lequel s’Ă©taient dĂ©roulĂ©s ces Ă©vĂ©nements. Avec l’Ordre et la Morale, Kassovitz revient donc en grande forme. Cette prise d’otage racontĂ©e sans clichĂ©s au travers des nĂ©gociations est un rĂ©cit poignant et passionnant dont on ne ressort pas simple spectateur.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 23/11/2011 Ă  23:00 | #1

    Effectivement ce film prend au tripe et touche notre conscience, il met parfois mal Ă  l’aise, mais en tout cas il semble vraiment crĂ©dible mĂŞme s’il prend partit pris, j’ai appris pas mal de chose sur cette affaire que je ne connaissais pas, vraiment c’est un film Ă  voir