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Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade, critique

posté le 25/04/2011

nuits rouges du bourreau de jade critique

Dans un cinéma de genre français qui prend peu de risque et où les réussites sont aussi rares que les gamelles sont nombreuses, certains ont préféré prendre du recul. C’est le cas de Julien Carbon et Laurent Courtiaud qui se sont depuis un certain temps exilés à Hong Kong. Bien leur en a prit puisqu’ils reviennent maintenant en France en s’étant approprié cette culture pour la restituer à l’écran dans Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade.

les nuits rouges du bourreau de jade afficheA l’origine du récit, une légende chinoise antique comme on se plait à en raconter. Sous le règne du premier empereur, un médecin/bourreau possédait un poison qui procure autant de plaisir que de souffrance avant une mort certaine. Mais l’empereur, jaloux le destitua et alors le bourreau se donnant la mort avec son propre poison en prenant soin d’en dissimuler l’écrin. Nos réalisateurs commencent alors à nous dire ce qu’il est advenu de ce poison de nos jours, à Hong Kong. Nous suivons alors la quête de Carrie Chan qui, se prenant pour le bourreau, recherche le précieux flacon dérobé par une frenchie obsédée par le prix qu’elle pourrait en tirer.

D’emblée, Julien Carbon et Laurent Courtiaud nous plongent dans l’ambiance du film au travers d’une scène aussi violente et étrange que fascinante. Ils arrivent à créer une atmosphère envoutante qu’ils maintiendront pendant tout le film grâce à une mise en scène élégante. Les deux compères arrivent à retranscrire toute la sensualité et la violence de l’histoire et de l’héroïne. Mais ils ont bien compris qu’une atmosphère n’est pas tout et qu’il faut aussi un bon scénario et des personnages forts. Pour le récit, c’est donc du cousu main. Fortement influencés par les légendes chinoises et les polars  hong-kongais ou les films d’horreur japonais, ils arrivent aussi à insuffler le meilleur du cinéma de genre français (Martyrs) tout autant que des caractéristiques propres au giallo. Mais ces influences sont parfaitement digérées et respectées. Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade n’est pas un melting-pot comme on essait d’en faire trop souvent mais bien un film qui a sa propre identité, faisant de ces références une force.

Du côté des personnages, autant le dire tout de suite, Frédérique Bel n’était clairement pas le meilleur choix pour interpréter l’une des deux héroïnes. L’actrice y est fade et tente en vain d’apporter une contenance qu’elle n’a pas. Sa silouhette est certes en accord parfait avec l’esthétique du film, mais dès qu’elle parle, elle est complètement à l’ouest. Mais cette piètre prestation es rattrapée par par l’ensorcelante Carrie Ng. En effet, l’actrice qui interprète le bourreau montre un sadisme égal à sa passion. Si le film nous montre deux femmes opposées, chacune avec leur part d’ombre, cherchant à dépasser sa propre condition (l’argent pour l’une, le plaisir pour l’autre), c’est bien Carrie qui est l’héroïne de cette histoire. C’est elle qui fera tout pour obtenir ce poison et, une fois entre ses mains, c’est un sulfureux cocktail de sang et de vengeance qui attend le spectateur.

Dans les Nuits Rouges du Bourreau de Jade, nous voyons naitre un monstre, mais un monstre qui agit par passion, par amour puis par vengeance. Cet aspect mystique est une dimension qui donne tout son charme et son intérêt au film qui dépasse sa condition de film de genre français pour se faire une place notable dans le cinéma à portée aussi sensuelle qu’horrifique. Si il n’y avait eu l’interprétation médiocre de Bel, nul doute que le film aurait pu briller bien plus fort, mais l’élégance de l’ensemble ne laisse pas de glace et continue d’hypnotiser après la projection.

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