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L’Aigle de la Neuvième Légion, critique

posté le 06/05/2011

Le réalisateur du Dernier Roi d’Ecosse nous fait voyager à travers l’ancienne Bretagne pour retrouver l’Aigle de la Neuvième Légion. Ce qui s’annonçait comme un péplum convenu de plus se révèle en fait une plutôt bonne surprise !

l'Aigle de la Neuvième Légion afficheDans le genre du péplum breton (celui qui mêle époque romaine et débuts du moyen-âge), on oscille entre le pas trop mauvais (Le Roi Arthur avec Clive Owen) et le vraiment dispensable (Centurion). On pouvait donc redouter cet Aigle de la Neuvième Légion, d’autant plus que son acteur principal n’a jamais fait preuve de jeu très poussé. Oui, mais voilà, à la barre de cette énième aventure en plastron et jupette, il y a Kevin MacDonald. Et excusez du peu mais le réalisateur est plutôt engagé puisqu’il a déjà mis en scène le Dernier Roi d’Ecosse et la version ciné de State of Play. Le voilà donc qui a chaussé les sandales pour une quête assez efficace.

Le récit met donc en avant un jeune (mais doué) centurion romain au commandement d’une troupe de soldat en Bretagne. Et il se trouve que cette légion a perdu, quelques années auparavant et sous le commandement de son père, l’aigle qui représente toute la puissance de Rome (mais au passage, ça fait un moment que Rome a perdu de sa superbe). Avec son esclave breton, il va alors tout faire pour retrouver cet aigle et regagner ainsi l’honneur bafoué de sa famille. En fait, si l’histoire est plutôt classique, elle ne nous empêche pas de nous emporter dans l’aventure. Au contraire, toutes les bases sont solides pour embarquer et explorer les contrées de Bretagne du nord avec les deux héros, d’autant plus que ceux-ci sont bien définis.

En effet, on n’atteint pas l’étoffe et le charisme de Russell Crowe dans Gladiator, mais on ne peut pas nier ici que les personnages sont assez fouillés et assez bien joués. D’un côté on a donc Channing Tatum, plus connu dans les magazines de mode que pour la qualité de son jeu au cinéma (Sexy Dance, GI Joe) qui étonne dans la peau du jeune Centurion. Force est d’admettre qu’il progresse à chaque rôle et ici il arrive à apporter une vraie consistance à son personnage. Et de l’autre côté, nous avons Jamie Bell qui confirme chaque fois son potentiel depuis Billy Elliot. Le jeune british endosse ici la toge de l’esclave qui va se lier d’amitié avec notre centurion (bon, un serment d’honneur et une dette à vie ça aide aussi) tout en gardant assez d’ambiguïté pour que l’on se dise qu’il peut bien le trahir à tout moment pour retrouver sa liberté. Il est d’ailleurs à la limite de voler complètement la vedette à Tatum. Entre les deux, ça passe bien et, bien que l’on aurait voulu avoir un peu plus de scènes pour développer l’amitié qui se créé au court de leur voyage histoire d’étoffer un peu la portée de la dernière partie du film, on frôle même parfois la bromance .

Si le duo fonctionne si bien, c’est sans doute parce que Kevin MacDonald est très doué pour mettre en scène des relations entre les personnages et diriger ses acteurs, ce qu’il démontre pleinement ici. Mais en plus le réalisateur est tout aussi doué pour nous faire replonger dans cet univers entre deux époques, entre une civilisation romaine en déclin et un peuple breton qui va prendre peu à peu les rênes de son île. L’ambiance est bien là et on sent même parfois flotter des pointes de mysticisme. Mais MacDonald a beau être bon avec ses personnages, le rythme et son ambiance, côté combats, c’est par contre pas son fort. Le film ne manque pas d’action mais lors des batailles ou des bagarres la caméra ne sait pas se poser et on est vite perdu dans les coups qui sont donnés. Heureusement ce manque de lisibilité dans l’action ne nuit pas à la fluidité du film, même si, dans la dernière partie, on aurait aimé en savoir plus sur ce peuple des highlands afin de ne pas les percevoir que comme des sauvages.

C’est peut-être ce qui peut d’ailleurs décevoir car au final on a un petit gout d’inachevé, comme si le réalisateur n’avait pas pu mettre tout ce qu’il désirait dans le film. 15 minutes supplémentaires n’auraient pas été de refus, que ce soit pour étoffer les relations entre les personnages ou les coutumes des différentes peuples. Cela aurait pu porter le final du film beaucoup plus haut et le rendre plus intense.

Finalement, si l’on pouvait redouter le pire après nombre de péplums pas très glorieux, on peut voir dans la récupération de cet Aigle de la Neuvième Légion une petite pointe d’espoir pour le genre et pour ça il fallait la verve de Kevin MacDonald qui réussit a imprégner son caractère dans cette production finalement pas si conventionnelle et plutôt bien menée.

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