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La Piel que Habito, critique

posté le 19/08/2011

la piel que habito critique

Revenu presque bredouille de Cannes (seulement un prix de la jeunesse), voici donc qu’arrive sur nos Ă©cran le nouveau Almodovar, aussi dĂ©routant que surprenant : La Piel Que Habito.

Allons droit au but, sur MyScreens, nous n’avons pas vraiment pour habitude de parler du cinĂ©ma de l’espagnol abonnĂ© Ă  Cannes. Mais le cĂ´tĂ© thriller Ă©trange et un chouilla malsain que semblaient dĂ©gager les premières images de La Piel que Habito ont tout de suite dĂ©clenchĂ© mon intĂ©rĂŞt. Nous voici donc partis dans les mĂ©andres de l’esprit tordu d’un chirurgien esthĂ©tique qui sĂ©questre un mystĂ©rieuse femme. On ne sait ni pourquoi, ni comment elle est lĂ . Tout ce dont on est sĂ»r, c’est qu’elle n’a jamais souhaitĂ© ĂŞtre la prisonnière d’Antonio Banderas.

Dès le premier abord, on sent bien que ce ne sera pas un Almodovar comme les autres. Bien sĂ»r il y a un peu de ce grain de folie qui le caractĂ©rise depuis bien longtemps et des personnages Ă  fleur de peau. Et surtout il y a une femme, Elena Anaya, qui retient toute l’attention, aussi magnifique que magnĂ©tique. Il se dĂ©gage donc comme souvent chez le rĂ©alisateur une certaine tension sexuelle. Mais contrairement Ă  d’habitude ou Ă  l’image qu’on peut avoir du cinĂ©aste, La Piel que Habito n’est pas hystĂ©rique ou chaleureux.

En effet, Almodovar garde tous ses ingrĂ©dients caractĂ©ristiques tout en changeant de ton pour nous offrir un film froid et mĂ©ticuleux, presque aseptisĂ©. Ici, pas de fioritures, les dĂ©cors sont aussi vides que la camĂ©ra reste calme, tout cela pour installer le malaise. Mais celui-ci s’intallera dans un premier temps Ă  travers des interrogations. Car La Piel que Habito est dans ses premiers instants construit Ă  travers quelques flashbacks parfois confus oĂą nous sommes mis face Ă  des situations que nous avons du mal Ă  situer. On ne voit pas vraiment oĂą l’ami Pedro veut nous emmener, au risque de complètement nous perdre et c’est aussi dĂ©rangeant que dĂ©routant.

Il faut donc prendre un petit peu de temps pour entrer dans l’univers. Mais une fois l’intrigue finalement lancĂ©e, une fois que l’on commence Ă  sentir venir les rĂ©ponses aux questions que l’on se pose sur l’identitĂ© de certains personnages après un bon twist central, tout prend son sens. Almodovar a tissĂ© son intrigue de sorte que l’on s’y perd ensuite avec un dĂ©lice parfois pervers. Non pas qu’elle soit compliquĂ©e mais la construction qui nous permet d’assister ensuite Ă  l‘Ă©volution de personnages complexes aux actes fascinants est passionnante Ă  suivre. Antonio Banderas est d’ailleurs sacrĂ©ment impressionnant dans le rĂ´le de ce chirurgien dĂ©rangĂ© qui a vĂ©cu des Ă©vĂ©nements particulièrement traumatisants. En connaissant son passĂ©, Ă  dĂ©faut de l’excuser, nous comprenons donc ses actes.


Mais attention, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un thriller Ă  ambiance claustro (otage enfermĂ©) et mĂ©dicale (le chirurgien fou qui opère ses victimes) qu’il s’agit pour autant d’un film gore. Très loin de lĂ  mĂŞme car Almodovar ne verse presque pas une goĂ»te de sang. PrĂ©fĂ©rant se concentrer sur la psychologie complexe de ses personnages pour que l’on s’attache Ă  la fois Ă  la victime mais aussi Ă  on geĂ´lier. Alors la transformation Ă  la fois physique et psychologique est passionnante Ă  suivre. Almodovar met encore le doigt sur la problĂ©matique de l’identitĂ© sexuelle et de la place de la figure fĂ©minine dans la vie d’un homme et de la manière que l’on attendait pas vraiment.

Comme on le sentait, La Piel que Habito est un Almodovar un peu Ă  part dans la filmographie du rĂ©alisateur de part sa froideur clinique et son aspect thriller plus poussĂ© qu’Ă  l’accoutumĂ©e. Alors que l’on croit le connaitre, brassant toujours les mĂŞmes thèmes, il peut encore surprendre et nous proposer un film fascinant oĂą les apparences sont plus que jamais trompeuses.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 23/08/2011 Ă  19:04 | #1

    C’est vrai, très dĂ©routant, jamais confortable… mais les questions restent longtemps après la fin du film !

  2. tev
    23/08/2011 Ă  23:18 | #2

    je veux pas dire, mais du sang, y en a dans ce film. Il y a une violence psychologique dominante certes, mais il y a aussi une grande part de violence physique… Rien que la violence infligĂ©e au corps de cette femme Ă  travers les opĂ©rations, mĂŞme si on ne la « voit » pas, grandit au fur et Ă  mesure que l’on en comprends les rĂ©elles consĂ©quences… Sans parler des scènes de sexe qui sont franchement bestiales. x)
    Un film qui dérange, mais on en demande toujours plus!

  3. FredP
    23/08/2011 Ă  23:51 | #3

    @Thomas en effet les questions restent longtemps après le film et c’est ça qui est bon et le fait sortir du lot 🙂

    @tev on voit peu de sang, le film n’est pas gore. Mais c’est bien psychologiquement que c’est dĂ©routant. Si on ne voit rien (ou que très peu), c’est fortement sous-entendu mais c’est ce qui nous fait aussi apprĂ©cier l’originalitĂ© et le jusqu’au boutisme du film 🙂

  4. BĂ©a
    24/09/2011 Ă  16:45 | #4

    Contrairement Ă  ce que j’ai pu lire dans la plupart des critiques, je trouve que ce film est du grand Almodovar ! L’intrigue est fascinante et les personnages bien construits ! Avant, mon film prĂ©fĂ©rĂ© du rĂ©alisateur espagnol Ă©tait « Talons aiguilles », dorĂ©navant ce sera « La piel que habito ».