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Carré Blanc, critique

posté le 02/09/2011

carré blanc critique

Attention, OVNI en vue. Carré Blanc est de ces films qui sont aussi déroutants que dérangeants que peu apprécieront mais qui ont bien le mérite de poser des questions.

carré blanc afficheAutant le dire tout de suite, la carrière du film risque de ne pas se faire en salles. Handicapé dès le départ par un sujet étrange (un récit d’anticipation) et difficile et une interdiction au moins de 16 ans, il est clair qu’il sera visible par les spectateurs avertis. Et cela peut se comprendre car Jean-Baptiste Léonetti n’a fait aucun compromis avec Carré Blanc. Pour situer le sujet, nous nous trouvons dans un monde complètement déshumanisé au sein duquel Philippe et Marie qui ont grandit ensemble et s’éloignent froidement, jusqu’à ce qu’ils décident de braver le système pour se retrouver.

L’histoire semble simple au premier abord, déjà vue dans plusieurs dystopies où des personnages cherchent à fuir l’oppression pour vivre leur passion ou leur amour. Pourtant Léonetti, apporte une ambiance vraiment dérangeante. Il créé un monde froid tel qu’on en voit rarement, un monde où les rapports humains ne sont que violence et humiliation. On se sent mal à l’aise devant ce film, dérangé par tant de distance et de brutalité psychologique.

De part son côté expérimental, le concept se prête plutôt à un court métrage, surtout quand on sent le peu de moyens et cette manière de filmer à la volée, à passer d’une séquence à une autre. Pourtant le film arrive à tenir la longueur grâce à une histoire profonde, reflet des pires aspects de notre société, et deux acteurs dans une retenue presque insupportable. Mais ce qui frappe d’abord, ce sont ces images, presque en noir et blanc et ces décors dépouillés. Le réalisateur montre un univers clinique où rien n’est laissé au hasard, où tout est soigneusement étudié. La lumière, le ton donné, le rythme lent donnent toute leur puissance aux images et au peu de mots énoncés.

A côté d’une mise en scène plus que sobre à l’impact visuel fort, on réfléchira surtout sur le fond du film en sortant. Car celui-ci évoque d’énormes questions sur les pires maux de notre société. De la consommation aux rapports humains en général (et ceux en couple et au travail en particulier), tout est ici décrit avec une cruauté, une violence psychologique et une ambiance de fin de l’humanité assez perturbante. Nous sommes ici à deux doigts de tomber non pas dans le chaos mais dans une perte pur et simple du cÅ“ur … et cela fait mal. Ici, même les scènes absurdes comme les tests d’embauche en deviennent malsaines.

Pendant tout le film, et après, nous suit une réflexion morbide sur ce que nous développons. En fait nous n’avions pas eu telle vision dans un film d’anticipation … peut-être même depuis THX1138 ici encore plus froid et déshumanisé. Mais Léonetti ne nous impose pas sa vision gratuitement, il offre une piste de réflexion, un mince espoir d’en réchapper avant de tomber dans le gouffre.

Au final avec Carré Blanc voit ici la naissance d’un réalisateur français intransigeant qui va au bout de sa réflexion, quitte à laisser la plupart des spectateur sur le carreau. Mais on ne peut pas en sortir sans y réfléchir, sans y voir les possibilités qui nous pousseraient vers un futur tel qu’il est présenté ici, sans y voir un dernier souffle de l’humanité avant que celle-ci ne s’éteigne sous la pression du « système ».

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. adri
    21/09/2011 à 11:28 | #1

    Il st honteux et scandaleux que des films aussi ambitieux et novateur soit interdit au moins de 16 ans. Pourquoi les ados n’aurait-il pas accée à ce cinéma responssable est inteligent.De plus quand on voit la violence de certaine série t.V type « les experts », ou de certains film américain débile cela me donne envie de m’insurger contre la comission de censure.

  2. FredP
    23/09/2011 à 18:49 | #2

    Tout à fait d’accord pour le peu de visibilité de ce type de film. Toutefois, vu le statut particulier et moralement assez intense de Carré Blanc, cette interdiction peut se comprendre. Mais c’est un cinéma à soutenir.