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Balada Triste, critique

posté le 15/06/2011

Quand Alex de la Iglesia film un triangle amoureux entre 2 clowns et une danseuse, forcément cela fait des étincelles. Balada Triste sort le mercredi 22 juin.

La balada triste de trompeta est comme son nom l’indique un petit peu, un film sur la tristesse au pays des clowns et autres personnages du cirque ! ArrivĂ© dans un cirque, Javier, descendant d’une grande famille de clowns, va revĂŞtir les traits du clown triste, celui Ă  qui son acolyte fait toutes les blagues, surtout les pas drĂ´les ! PlutĂ´t hagard et pas prompte Ă  la rigolade, faut dire que Javier traĂ®ne une histoire familiale marquĂ©e par les Ă©preuves qu’Ă  traversĂ© l’Espagne au XXème siècle, le clown triste excellant Ă  son poste, tombe très vite amoureux de la danseuse Ă  corde, qui manque de pot, est la femme de son collègue. Encore plus rude, Sergio, le clown marrant, excellent avec les enfants, mais est aussi une brute Ă©paisse qui, lorsqu’il a bu un verre, aime Ă  taper sur tout le monde surtout sur sa splendide femme. Javier, fou de Natalia, va sortir avec et tenter de lui faire entendre raison. Ca c’est pour le 1er acte qui est plutĂ´t classique mais qui sous la patte du gĂ©nial rĂ©alisateur Alex De La Iglesia va prendre une dimension dĂ©mente !

DĂ©jĂ , l’enfance de Javier est d’abord vĂ©cue Ă  travers son père : clown de son Ă©tat, il est enrĂ´lĂ© de force  un jour de spectacle par l’armĂ©e rĂ©publicaine pour lutter contre les fascistes du GĂ©nĂ©ral Franco en 1937. ArrĂŞtĂ© après un assaut suicidaire menĂ© contre une garnison, le père de Javier restera enfermĂ© et encouragera son fils Ă  devenir le clown triste mais Ă©galement Ă  devenir un jour sa vengeance ! Beaucoup plus tard, devenu rondouillet et poltron, Javier, ne sait pas trop se dĂ©fendre et se laisse aller. ConfrontĂ© Ă  un Sergio tout feu tout flamme, digne reprĂ©sentant du violent brasier latino dĂ©marrant au quart de tour, il va laisser peu Ă  peu son cĂ´tĂ© psychopathe s’emparer de lui pour dĂ©sespĂ©rĂ©ment conquĂ©rir le cĹ“ur de la belle Natalia (je ne dirais jamais assez combien elle est belle magnifique !).

A la fois touchant et romantique au dĂ©part, quand le jeune adulte Javier prend conscience de ses sentiments frustrĂ©s, enfouis en lui, Balada Triste prend ensuite une toute autre tournure. Gentiment sarcastique, le traitement du film devient furieusement comique, tragique sur la duretĂ© des relations humaines notamment sur l’idĂ©e de rejet, Ă  la fois burlesque et cynique voire malfaisant. Une fois dĂ©livrĂ© du duel incessant entre les deux prĂ©tendants, qui ne pouvait que mal se solder  suite Ă  des confrontations toujours plus virulentes, Balada Triste bascule dans le cĂ´tĂ© obscur de l’humour. La fuite du personnage principal Javier, hĂ©ros mal dans sa peau, nĂ©vrosĂ©, tarĂ©, entraĂ®ne le film dans un dĂ©lire psychotique Ă  la recherche de son identitĂ©, explorer les « raisins de sa colère » et choisir son destin : doit-il conserver le masque du clown triste que rien ne vient briser ou doit-il embrasser la vengeance sanglante hĂ©ritĂ©e de son père ? Le message moral et politique n’est d’ailleurs pas loin : lorsqu’on a subi des atrocitĂ©s, peut-on rĂ©ussir Ă  exister au-delĂ  de ça et une sociĂ©tĂ© forgĂ©e dans la violence peut-elle rĂ©soudre ses soucis autrement ?

Le traitement du film s’en ressent Ă©galement : d’un humour caustique et bon enfant mĂŞlĂ© de passion brutale (violence physique dans les Ă©changes verbaux et amoureux), Balada Triste devient un film rageux, qui cherche Ă  crier une soif de vie et d’exister comme on le souhaiterait malgrĂ© les entraves morales d’une sociĂ©tĂ© prise en otage et manipulĂ©e (pĂ©riode du franquisme). C’est tout le talent du rĂ©alisateur qui nous fait rĂ©aliser cela dans des tableaux sombres et tragi-comiques.

On semble croiser les Monty Pythons,  Groland, Albert Dupontel, dans une sociĂ©tĂ©-cirque devenue dingue oĂą les scènes qui font le plus rires sont aussi les plus tragiques : Ă  voir le clown embarquĂ© dans un assaut effroyable au dĂ©but du film, ou Javier dĂ©ambulant dans la forĂŞt les fesses a l’air… MĂŞlant un humour noir Ă  une effusion de sentiments les plus vifs, on rit de ces personnages burlesques, imparfaits qui souhaitent seulement vivre et continuer Ă  vivre (Ă  l’image du cirque tout entier qui ne pourra Ă©ternellement continuer d’ĂŞtre tel quel). La comĂ©die amère et touchante est vraiment le fond de Balada triste de trompeta, servi par un rĂ©alisateur gĂ©nial qui raconte son histoire avec une mise en scène des plus dynamiques, aussi sobre et en retrait qu’intrusive et au plus près des acteurs. Ceux-ci ne sont pas en restes. Les 2 clowns sont saisissants et l’objet de leur convoitise, la splendide Carolina Bang se dĂ©voile tout du long comme une femme fantastique et passionnĂ©e bien dĂ©cidĂ©e Ă  aimer aussi fort qu’elle le dĂ©sir (on aurait aimĂ© la voir avoir plus d’ambition dans la vie quand mĂŞme et pas relĂ©guĂ©e au rang de « bulle de sentiments cherchant Ă  aimer ou Ă  ĂŞtre aimĂ©e »). Un coup de cĹ“ur de la rĂ©daction.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 15/06/2011 Ă  11:55 | #1

    En lisant cet article ça me tente bien !

  2. chris
    17/06/2011 Ă  12:36 | #2

    un vrai coup de coeur ce film ! De la passion dans l’aspect sanguin du terme !

  3. 21/06/2011 Ă  11:58 | #3

    L’Affiche est juste dĂ©mente 🙂 j’accroche Ă  chaque fois dans le mĂ©tro ! Pour le reste j’ai pas lu ton article 🙂 j’attend de voir le film ( ce commentaire est donc inutile, oui oui )