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The Killer inside me, critique

posté le 13/08/2010

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The Killer Inside Me est précédé d’une sulfureuse réputation et débarque enfin sur les écrans. Finalement c’est plus pour la performance de Casey Affleck que le film marquera. Un électrochoc signé Michael Winterbottom.

Casey Affleck est l’un des acteurs les plus doués de sa génération. C’est un fait et il l’a bien prouvé en faisant même oublier Brad Pitt dans L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Pourtant, Hollywood n’a pas encore réussi à mettre la main sur le talentueux frère de Ben qui préfère s’aventurer dans des projets bien risqués comme cette adaptation du roman noir de Jim Thompson, The Killer Inside Me par ce provocateur qu’est Michael Winterbottom.

Place donc ici à l’univers des années 50 (on entre d’ailleurs dedans de plein pied avec un générique aussi inattendu que réussi). Dans la petite ville de Central City, tout le monde connaît tout le monde et le jeune shérif Lou Ford a quelques soucis avec une prostituée dont il tombe amoureux. Mais voilà, quand Lou tombe amoureux, il tue. Pas par jalousie, pas par argent, juste par envie. Un besoin indomptable de frapper fort, très fort, à mort.

A bien y réfléchir, finalement, ce qu’il y a de plus dérangeant dans le film, ce n’est pas vraiment la violence dure, âpre et inattendue de certaines scènes (dont le tabassage de Jessica Alba qui a tant fait parler). Celles-ci sont bien sûr assez dérangeantes et vont en laisser un certain nombre sur le bas côté. Mais non, en fait, ce qu’il y a de plus étrange, c’est la manière dont Winterbottom installe une ambiance si particulière dans son film. Alors que l’on pense être en sécurité, bercé par le soleil et la musique innocente des années 50, débarque un serial killer apparemment bien sous tous rapports. Bizarrement, le réalisateur ne verse jamais dans le côté sombre et glauque de l’histoire. Malgré sa violence imprévisible, tout y est éclairé dans un faux rythme lent qui donne une étrange impression. On s’ennuie un peu, mais en même temps, on est assez fasciné par le personnage de Lou, on se demande bien ce qu’il va lui arriver et d’où peut lui venir ce besoin de tuer.

L’auteur Jim Thompson était porté sur la bouteille et ça se ressent. Ici, la pulsion meurtrière du héros, c’est un peu la violence conjugale (ici extrême) qui atteint certains alcooliques notoires, et pourtant, leur femme continue à aimer ces maris violents. De cette manière, on est attaché à Lou car on se dit que les bons moments prennent le pas sur les pires. C’est exactement cette étrange et dérangeante impression qui nous envahi en sortant de la salle car le réalisateur et surtout Casey Affleck mettent en avant les deux facettes d’un personnage on ne peut plus complexe (et ça se ressent d’autant plus avec l’étrange voix off de Lou). D’un côté, Lou est adorable, emprunt d’une certaine candeur et lorsqu’on le voit avec Joyce, on les voit heureux. D’un autre, il dégage une froideur insoupçonnable et il fait planer un frisson étrange lorsque l’on se retrouve seul avec lui. Un mélange entre répulsion et attraction nous atteint, comme ce que ressentent, à leur dépend, les personnages de Jessica Alba et Kate Hudson.

Du coup, le réalisateur s’efface complètement derrière son comédien principal. La mise en scène est même très (trop?) sage alors que Casey Affleck fascine. Il découvre son démon intérieur (autre nom pour l’alcool ?) en même temps que nous nous demandons jusqu’où il ira. Sans être le cliché du tueur calculateur ou cinglé, il est un tueur froid et imprévisible, élément perturbateur dans le décor si parfait des 50’s. A côté de lui, Jessica Alba et Kate Hudson paraissent bien en retrait alors qu’elles ont sans doute ici leurs rôles les plus intéressants (l’ange pour la première, la femme transparente pour la seconde). On regrettera alors juste une fin qui aurait pu être plus sombre pour nous faire bien prendre conscience de la noirceur profonde du récit.

En tout cas, avec the Killer inside me, nous avons affaire à un nouveau portrait de tueur en série inédit à découvrir.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. ariane
    13/08/2010 à 16:30 | #1

    Je suis d’ accord avec toi, le film vaut pour la performance de casey affleck. J ai adoré la bande son également. Ce film m’ a en fait surtout donné envie de lire le livre.
    Pour la fameuse scène des coups de poing de lou sur celle qu’ il aime, j’ ai trouvé cette scène presque insoutenable : les coups mais le temps si long entre les coups aussi. Je suis sortie du film assez écÅ“urée mais pas subjuguée.

  2. dupont
    19/08/2010 à 12:27 | #2

    ne tenez pas compte de la critique du Monde!
    Allez savourer un film important dans le contexte actuel.
    Le cadre des fiftees n’est là que pour restituer la palette de Thompson.
    Loin d’être une vieille histoire dans un vieux cadre, comme l’est sans doute l’anonyme plumitif,
    le démon dans ma peau transpire de l’acteur principal, des deux actrices, des personnages secondaires.
    L’actualité du film, c’est que les bien pensants et les
    comportementalistes
    tremblent pour leur domination et leurs abbattis!
    D’accord, la forme est classique;Mais chez Pieter Claesz aussi.

  3. dupont
    19/08/2010 à 12:38 | #3

    En tout cas Fred P. est dix treize ans
    pardon distrayant! les deux actrices sont en retrait mais pourtant dans leurs rôles les plus intéressants! qu’est ce que ça devait être avant!
    Quant à la fin qui aurait pu être plus noire, aurait-il fallu que la salle de ciné flambe aussi?