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Rubber, critique

posté le 15/11/2010

Avec un pitch aussi simple qu’absurde, Quentin Dupieux fait de Rubber un hommage au non sens qui serait plus rĂ©pandu qu’on le croit.

Mr. Oizo, aka Quentin Dupieux, a toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par le n’importe quoi. Que ce soit en musique oĂą ses sons Ă©lectroniques n’ont pas vraiment de sens et se laissent porter par le rythme ou en image. Ses rĂ©alisations de clip et mĂŞme son Steak avec Eric et Ramzy portent bien cette patte d’un artiste fascinĂ© par l’absurde et dotĂ© d’une vision bien particulière de ce qui l’entoure. Pas Ă©tonnant que le crĂ©ateur de Flat Eric ai donc imaginĂ© cette Ă©tonnante histoire de pneu tueur. On imagine bien le pitch sorti de nulle part lors d’une soirĂ©e bien arrosĂ©e mais Quentin Dupieux a su en tirer bien plus qu’une comĂ©die dĂ©connante. Au contraire, il a rĂ©alisĂ© une Ă´de Ă  l’absurde quel qu’il soit, car après tout, dans notre monde, rien n’a de sens.

Tout commence en plein dĂ©sert californien, au milieu de nulle part, un shĂ©rif sort du coffre d’une voiture, nous explique par maints exemple pourquoi les plus grands films et la vie elle-mĂŞme sont nĂ© sans raison. Puis il repart, comme si de rien n’Ă©tait, laissant des spectateurs sur place. Ceux-ci vont alors assister Ă  un spectacle Ă©trange : l’Ă©veil d’un pneu. Mais pas n’importe quel pneu, celui-ci est tout de mĂŞme capable de vous faire exploser la cervelle a distance.

Pendant le film, nous allons donc suivre deux histoire. Tout d’abord celle du pneu, fortement humanisĂ©. Il roule, loue une chambre d’hĂ´tel, regarde la tĂ©lĂ©, va Ă  la piscine. C’est drĂ´le, ridicule mais on compati tout de mĂŞme pour lui lorsqu’il se trouve devant une montagne de pneu incendiĂ©s, on tombe nous aussi amoureux de Roxane Mesquida. Et lorsqu’il se met Ă  dĂ©gommer des objets, des animaux ou mĂŞmes des tĂŞtes humaines, ça nous ramène aux bonnes heures de ces films faits avec 3 sous, beaucoup d’inventivitĂ©, du gore, et la volontĂ© de ne pas se prendre aux sĂ©rieux (Peter Jackson  de Bad Taste ? un peu). Et d’un autre cĂ´tĂ©, nous avons l’histoire des spectateurs qui regardent et commentent ce film qui se dĂ©roule rĂ©ellement devant eux. Si il n’y avait pas cette partie le film ne serait qu’une grosse blague de sortie de bar, mais grâce Ă  elle, le film atteint une autre dimension et nous renvoie Ă  notre propre condition de spectateur devant un film. Prenant la rĂ©alitĂ© pour une fiction et attendant le dĂ©nouement, les spectateurs sont avides de sensations et geeks capables de rester mourir jusqu’Ă  la fin (ou empoisonnĂ© par une dinde avalĂ©e comme par une horde de zombies).

Aussi absurde soit-il, Rubber n’en dĂ©montre pas moins le non sens de l’attitude des spectateurs devant des faits, rĂ©els ou non et Quentin Dupieux met tout cela en scène avec une classe impeccable. Avec trois fois rien en effets (rappelant un peu quelques astuces et thèmes que Michel Gondry n’aurait pas reniĂ©), le rĂ©alisateur nous gratifie d’images magnifiques du dĂ©sert californien et d’une bande-son Ă©lĂ©ctro aux petits oignons (en collaboration avec la prĂ©sence d’un membre de Justice).

MalgrĂ© tout, comme avec beaucoup de « films concept » un peu Ă©tranges, Rubber souffre de quelques petites longueurs et on se demande si il n’aurait pas Ă©tĂ© plus efficace en simple court mĂ©trage ou en clip musical (tellement les images et la musique collent bien).  Mais le non-sens absurde est tellement bien exploitĂ© que, si on arrive Ă  entrer dans le film, on ne peut qu’adhĂ©rer au film. Un ovni comme on en fait rarement et que seul Mr Oizo  pouvait nous proposer. On se demande alors quel sera son prochain portnawak.

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