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Le Village des Ombres, critique

posté le 19/11/2010

Des fois, le cinéma français s’immisce dans le fantastique et on en ressort rassuré, croyant au potentiel de nos jeunes réalisateurs. Avec ce Village des Ombres, ce n’est clairement pas le cas. Entre cliché, déjà vu et maladresse, malgré une bonne volonté, difficile de sauver l’entreprise.

Fouad Benhammou témoigne d’une véritable amour pour le cinéma fantastique. Son scénario s’en ressent dans Le Village des Ombres. Mais les influences sont encore trop fraiches et la maitrise de la mise en scène trop jeune pour assurer sur le format long. C’est ainsi qu’on peut commencer à déceler chez le réalisateur quelques bribes de ce qu’il nous offrira plus tard. Malheureusement, ce n’est pas avec ce film qu’il va s’assurer tout de suite le soutien du public.

En effet, le réalisateur, limité par le budget et dont c’est le premier long-métrage certes, n’arrive pas à s’affranchir des carcans du film fantastique et nous sert des clichés à tour de bras avec une réalisation beaucoup trop propre sur un scénario peu inspiré. Encore une fois il s’agit là d’un groupe de jeunes qui se retrouve perdu dans un petit village français sans vie en pleine nuit et sur lequel pèse une dangereuse malédiction. Forcément, on reconnait les influences (un peu de Silent Hill, d’Orphan, … pour les influences les plus récentes). Et c’est là que le bât blesse, car les emprunts sont bien trop nombreux et trop voyants pour couler de source et nous surprendre dans une histoire qui se veut originale dans la France profonde. Du coup, les clichés s’alignent et les surprises sont téléphonées en direct.

L’autre gros (énorme même) défaut du film est le casting. Non seulement la moitié du casting ne sert strictement à rien (4 personnes disparaissent aussi vite qu’elles sont venues et étaient présentent seulement pour justifier le chiffre clé de l’histoire) mais en plus l’autre moitié est tout simplement insupportable (mention spéciale à Christa Theret à qui on a envie qu’il arrive un grand malheur très vite … mais qui ne vient jamais !). C’est bien simple. Les personnages sont mal écrits, bourrés de clichés et n’incitent jamais à l’empathie du spectateur. Ils faut dire qu’ils ne se supportent déjà pas entre eux alors avec le public … Tout juste retiendra-t-on la prestation plus qu’honorable de la charmante Bárbara Goenaga qui arrive à donner un peu de consistance à son personnage au milieu de ce ratage.

Mais ce n’est pas tout. Car non content de mal diriger ses acteurs et de gâcher le potentiel de certains personnages sur un scénario déjà vu, Fouad Benhammou n’arrive pas à faire oublier qu’il s’agit d’une première réalisation pour cinéma. On a constamment l’impression d’être devant un (long) court métrage au budget limité et avec des décors et un éclairage qui manquent de poussière et de caractère, où l’obscurité sert surtout à cacher le manque d’investissement plutôt qu’à créer des frissons. Mais d’un autre côté, le réalisateur cherche aussi une certaine poésie dans ce qu’il raconte. Au fond, la mythologie utilisée pour l’histoire est intéressante et l’atmosphère se crée tout de même. Il est juste dommage que Benhammou cherche trop à ressembler à Guillermo Del Toro alors qu’il n’en a pas encore la carrure (mais ça pourrait venir avec un bon entourage).

Au fond, Le Village des Ombres ne fait pas vraiment d’étincelles mais on décèle toutefois un amour pour le genre tout à fait honnête bien que mal exploité. Dans le genre fantastique français, Djinns et Captifs s’en sont beaucoup mieux sortis dernièrement. Avec un scénario prévisible, des acteurs en carton et un manque de budget trop évident, Fouad Benhammou se tire trois balles dans le pied qui, espérons-le, n’entacheront pas trop sa carrière à venir. Attendons donc le second long-métrage du réalisateur pour juger.

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