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Culte du dimanche : Blue Velvet

posté le 21/11/2010

A l’occasion de la rĂ©trospective qui commence mercredi Ă  la Filmothèque du quartier latin, revenons sur l’un des films les plus personnels de David Lynch, le cauchemar cachĂ© de Blue Velvet .

Après la dĂ©bâcle de l’adaptation de Dune qu’il ira mĂŞme jusqu’Ă  renier, on aurai pu craindre pour la carrière de David Lynch. Heureusement, le rĂ©alisateur avait prĂ©vu le coup. Il avait acceptĂ© Dune Ă  la condition de rĂ©aliser ensuite un film plus intimiste. Dino De Laurentiis a acceptĂ© le marchĂ© et malgrĂ© la controverse autour du scĂ©nario, a produit ce Blue Velvet.

Un scĂ©nario controversĂ© oui, car Lynch y pose tout son univers sensuel, sensoriel et violent que certains qualifieront de quasi-pornographique. Mais le rĂ©alisateur ne cède jamais Ă  la facilitĂ© ou au choc facile, au contraire. Ici, dans une banlieue amĂ©ricaine, le jeune Jeffrey Beaumont trouve une oreille humaine dans un champs. Menant  l’enquĂŞte pour trouver Ă  qui elle appartient, il va rencontrer une mystĂ©rieuse chanteuse de cabaret alors qu’il commence tout juste Ă  sortir avec la fille de l’inspecteur.

Il est clair qu’après Dune, Blue Velvet a tout du film personnel. David Lynch aborde les thèmes qui reviennent rĂ©gulièrement dans son Ĺ“uvre et un univers qui lui est propre. Ainsi, il dĂ©monte la vision que nous avions de ces banlieue amĂ©ricaines puritaine des annĂ©es 50-60 pour y montrer un envers du dĂ©cor sale, poisseux, portĂ© sur le sexe, la drogue et la perversion. Pas Ă©tonnant que le film ai fait dĂ©bat mais David Lynch aborde toujours ces thèmes avec un grande classe et arrive Ă  rendre envoutante cette atmosphère qui met mal Ă  l’aise. Du coup, impossible de rester indiffĂ©rent face Ă  ces images qui portent le sexe et la violence aux nues mais jamais gratuitement, au contraire. Encore une fois, David Lynch fait preuve de toute sa maitrise de l’image et du son. Les cadres sont bien travaillĂ©s pour mettre mal Ă  l’aise ou rĂ©vĂ©ler toute la sensualitĂ© du film et la bande-sonore est envoutante Ă  souhait (en particulier les Blue Star et Blue Velvet interprĂ©tĂ© par Isabella Rossellini).

On sait que les comĂ©diens de Lynch lui sont fidèles, Blue Velvet en est la preuve. Après Dune et avant Twin Peaks, Kyle MacLachlan incarne le rĂ´le principal de ce jeune qui dĂ©couvre la sexualitĂ© et la perversion et atterri malgrĂ© lui dans un enfer auprès d’une Isabella Rossellini suave, perdue, dĂ©sespĂ©rĂ©e (elle deviendra d’ailleurs pour un temps la compagne de Lynch)et dominĂ©e par un Dennis Hopper plus barjot que jamais en amant violent, droguĂ©, sadique et portĂ© sur des pratiques sexuelles assez douteuses. Face Ă  ce monde, la muse du rĂ©alisateur (qu’il fera tourner ensuite dans Sailor et Lula et plus rĂ©cemment dans Inland Empire), Laura Dern, incarne, en totale opposition avec Isabella Rossellini et l’univers sombre du film, la puretĂ© et l’innocence adolescente et le seul point lumineux qu’il pourra rester dans la vie du hĂ©ros.

Évidemment, il n’est pas facile pour le grand public de s’immiscer dans cet univers mais les fans du rĂ©alisateurs retrouvent lĂ  toutes les bases qu’il dĂ©veloppera et perfectionnera ensuite dans Lost Highway ou Mulholland Drive. Artiste multi-disciplinaire Ă  l’univers sombre et dĂ©rangĂ©, il pose ici rĂ©ellement son Ĺ“uvre dans ce film qu’il a revendiquĂ© alors comme le plus personnel.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 24/11/2010 Ă  17:10 | #1

    Blue Velvet, c’est la perte de l’innocence, la dĂ©couverte du masochisme et une enquĂŞte des plus troublantes (et envoutantes, comme tu le dis). Une oeuvre qui n’est pas prĂŞte de prendre des rides. La lecture de cette chronique me pousse Ă  Ă©couter la B.O. ! She wore blue velveeeeet